Le dialogue Sud-Sud atlantique est né à Rabat. C'est ainsi que l'on peut qualifier les travaux de la 2ème édition des « Dialogues Atlantiques » qui s'est achevée dimanche à Rabat et a été organisée par la Fondation OCP en partenariat avec GMF ( German Marshall Fund of the United States) que président respectivement Mohamed Belmahi pour la première et Craig Kennedy pour le second. Mohamed Belmahi, président de la Fondation OCP et Craig Kennedy, président de GMF. Ouvertes vendredi soir, ces journées consacrées à créer un nouvel espace de développement entre les deux rives Sud de l'Atlantique, ont été marquées par diverses et multiples interventions, toutes de qualité, à travers des assemblées plénières et des panels. Les participants viennent des Etats-Unis, du Canada, de l'Amérique latine, de l'Europe, de l'Afrique, de l'Asie et des Caraïbes, ils sont tous des experts en leur domaine et ont tour à tour exposé leur expérience et leur savoir devant une assistance diversifiée et attentive. Le point commun à tous ces échanges, est une quête de méthode pour dessiner l'espace géopolitique en question et attirer l'attention sur le poids que les pays du Sud – de l'Amérique du Sud à la Côte ouest de l'Afrique – semble prendre. En fait, il s'agit d'un renversement d'optique et de vision, il ne s'agit plus, ou pas de penser le développement du Nord au Sud, mais de l'Est à l'Ouest des deux rives de l'Atlantique, en transversal. Autrement dit, plus entre l'Europe et l'Afrique, mais entre celle-ci et les Amériques. Comme l'a souligné avec insistance, suivi d'ailleurs par la quasi-totalité des intervenants, Thomas Shannon, ambassadeur des Etats-Unis au Brésil, « le moteur qui pousse vraiment à repenser les relations transatlantiques est la ré-émergence du Brésil et de l'Amérique du Sud en tant qu'acteurs importants à l'échelle mondiale ». Et ce n'est pas par hasard qu'il a été « appelé à devenir le pivot de l'Administration du président Barack Obama dans ses relations avec l'Asie... ». Le renversement de tendance auquel on assiste depuis quelques années avec la montée en puissance du Brésil, devenu la 5ème puissance émergente du monde avant la Grande-Bretagne et l'Italie, ouvre de nouvelles perspectives en termes de développement global pour les pays des deux rives de l'Atlantique Sud.. Les débats ont porté pendant trois jours sur les différents aspects, sectoriels comme l'énergie, l'environnement, l'agriculture, l'éducation, la femme, le trafic humain, la drogue, la santé et les droits de l'Homme. Le cadre, l'esprit et la méthodologie choisis confèrent à cet événement un caractère interdisciplinaire d'Université d'automne. Avec, cependant, cette caractéristique essentielle que l'échange était d'une part informelle, sans exclure la rigueur et la courtoisie, et d'autre part démocratique et multilatéral. Peut-être même, dira-t-on, et le président de la Fondation OCP, Mohamed Belmahi, en a publiquement pris note, que le temps a manqué pour épuiser les multiples problématiques débattues ! L'Afrique, champ de réflexion et de renaissance Au plan conceptuel, le choix du thème de l'Atlantique sud dans ses composantes géopolitiques tombe à point nommé. Thomas Shannon s'est fait fort de rappeler que « autant l'Atlantique Nord ( OTAN) a été la conséquence de la guerre froide et de la rivalité militaire avec l'Union soviétique, autant l'Alliance de l'Atlantique Sud et la nouvelle alliance Atlantique constituent le produit des possibilités offertes, en ce sens, pour repenser l'Atlantique... ». Le mot fétiche est lâché, il invite les responsables à reconfigurer l'espace de coopération jusque là dominé par un « dialogue unilatéral »...dans lequel des pays entiers, voire des continents, sont des laissés pour compte. La crise mondiale n'a-t-elle pas révélé les fragilités insoupçonnables d'Etats considérés jusqu'il y a peu comme des citadelles solides ? C'est dans ce sens que Mostafa Terrab, président d'OCP , a tenu à prévenir en ouvrant la session que « l'Afrique est la nouvelle zone émergente, alors que les politiques et les stratégies commerciales des pays du Nord continuent à la considérer comme un problème et non pas comme une opportunité »... ! Or, l'Afrique en faveur de laquelle un plaidoyer général, sans discontinuité, a été prononcé n'est-elle pas devenue malgré elle l'enjeu géoéconomique et, demain peut-être la sphère à influences croisées ? C'est un panel tout entier qui a été consacré dimanche matin à l'Afrique, avec des interventions riches et multiples où les problématiques majeures ont été passées en revue et examinées : développement, environnement, sécurité alimentaire, sécurité tout court, drogue, emploi des jeunes, gouvernance, corruption, droits de l'Homme, etc...Changer de perception à l'égard de l'Afrique ! Tel est le leitmotiv , cesser de la considérer comme un problème, telle encore l'interpellation. Quand Mohamed Belmahi, président de la Fondation OCP et Craig Kennedy, président de GMF ont clôturé la 2ème session des Dialogues Atlantiques, c'est pour souligner tour à tour leur volonté de mieux les asseoir désormais , comme une plate-forme d'échanges sans frontières, mais comme une force de proposition et un espace de réflexion dans un monde qui, les crises de nature aidant, connaît de profondes mutations accélérées... * Tweet * *