La politique de la ville permet de contrôler l'expansion urbanistique et d'assurer un certain équilibre dans les métropoles. Il s'agit de faire des espaces urbains et ruraux un cadre de vie digne, en créant des infrastructures nécessaires et des services adéquats. Le projet de ville sera spécifique pour chaque métropole en fonction de ses spécificités. Nabil Benabdellah, ministre de l'Habitat, de l'Urbansime et de la politique de la ville, fait le point. • Finances news hebdo : Quelles sont les principales conclusions des rencontres régionales et aussi des ces Assises de la ville ? • Nabil Benabdellah : Nous sommes en train d'élaborer des conclusions et des recommandations de ces Assises. Il y a toujours un débat et il faut trouver un consensus sur plusieurs points. Le dialogue a concerné plusieurs régions, plusieurs administrations, des associations professionnelles, les élus et les acteurs concernés comme les experts et les chercheurs. Nous disposons actuellement d'un référentiel. Ce qui nous permet de passer à une nouvelle étape pour transformer notre vision de la ville en quelque chose de concret. A cet égard, il est prévu de créer un comité interministériel qui supervise, en concertation avec le ministère de l'Habitat et de l'Urbanisme, les différents programmes. Nous avons également proposé de créer un outil d'intervention dans ces villes pour soutenir tous les intervenants notamment les collectivités, le ministère de l'Intérieur, le ministère de l'Habitat, la société civile, afin que notre action ait un caractère global et nous permette de contrôler l'expansion urbanistique des villes et d'assurer un certain équilibre. Cela permet à tous les programmes, que ce soit au niveau de l'éducation ou à ceux de la santé, ou encore celui de la jeunesse, de se développer dans le même environnement, il faut noter enfin qu'il convient aussi de mobiliser les ressources nécessaires pour alimenter le Fonds de solidarité d'habitat. On a choisi entre 10 à 12 villes avec lesquelles on va signer prochainement des contrats-programmes pour la réalisation d'une cité sur des éléments intégrés. • F. N. H. : Qu'en est-il des dysfonctionnements déjà existants dans les villes ? • N. B. : Certes, il y a des dysfonctionnements et c'est pour cela qu'il existe une politique de la ville. Un grand travail a été réalisé à ce niveau. Les différents programmes lancés dans le temps ont été un succès mais il y a eu aussi des échecs. Le but de la politique de la ville est de remédier à tous ces dysfonctionnements. Le travail intégré de tous les acteurs permet de remédier aux défaillances. Quand chacun travaille à sa façon, il règle des problèmes mais en crée d'autres. Nous voulons faire des espaces urbains et ruraux un cadre de vie digne, en créant les infrastructures nécessaires et les services adéquats. Il faut assurer l'équilibre entre les quartiers et la solidarité entre les différentes catégories sociales. Il faut éviter les cités dortoirs, et dans ce sens on a besoin de villes harmonisées. • F. N. H. : Pour les contrats-programmes, y a-t-il un modèle type ou bien chaque ville devra choisir ses propres objectifs ? • N. B. : Il y a un référentiel commun, mais chaque ville a ses spécificités car chacune aura une vocation du fait qu'elle est située dans un cadre territorial spécifique. Le projet de ville sera spécifique pour chaque métropole en fonction de sa nature, de ses possibilités de développement, des besoins exprimés par la population locale et des zones d'activités. Certaines villes sont mieux équipées que d'autres en matière d'infrastructures, au niveau social par exemple. Certaines villes ont besoin d'être contrôlées en matière d'expansion, d'autres ont besoin d'habitat plus que d'autres. Les contrats-programmes seront lancés avec les villes qui ont la volonté politique de le faire. • F. N. H. : Pensez-vous que le Fonds pour la solidarité de l'habitat sera bien loti en matière de ressources pour relever les différents défis ? • N. B. : Il y a d'abord une volonté politique. Le Fonds nous permet de travailler avec ce qui existe. Il sert l'habitat social mais également la requalification urbaine. Nous avons des propositions pour la Loi de Finances 2013 pour renforcer ce fonds à travers la possibilité, comme c'est le cas pour le ciment, de créer d'autres taxes qui pourront toucher d'autres matériaux de construction. Nous pensons au sable, à l'acier ou autre. Il y a possibilité de chercher de nouvelles ressources. • F. N. H. : Pensez-vous que l'option de la verticalité pourrait résoudre la problématique du foncier dans la métropole où il y a un fort besoin et une grande pression ? • N. B. : Le problème du foncier est un problème global et c'est l'une des réponses que nous voulons apporter à notre approche globale. Il faut agir territorialement et choisir le foncier nécessaire pour que les interventions des différents départements aillent dans le même sens. L'autre réponse de fond concerne notre approche de l'urbanisme, les lois envisagées sur la manière de poser les documents d'urbanisme. C'est donc une réforme de fond qu'il s'agit d'aborder avec beaucoup de volonté politique, car nous intervenons dans un contexte important. La régionalisation amène la décentralisation et la déconcentration, la décision devient plus locale. Ceci va encourager la politique de la ville et va nous permettre de mieux travailler. Nous allons refonder un ensemble de textes juridiques, comme celui approprié au tissu urbain ancien, il existe aussi le Fonds pour le développement rural qui permet une certaine intervention dans les campagnes. • F. N. H. : Mais il y a un problème d'application de la loi ? • N. B. : Les problèmes sont légion. Il y a une volonté politique de les dépasser, de faire en sorte que cette politique de la ville apporte quelque chose de concret. Dès le départ, nous savons que nous allons rencontrer des obstacles, surtout en matière de complémentarité dans la politique gouvernementale, consistant à mobiliser les élites locales, les élus, la société civile. Lorsqu'on s'apercevra que la politique de la ville devient concrète, elle s'inscrira progressivement dans notre politique publique. Propos recueillis par Charaf Jaidani