Abdallah Benhamida, président de l'APSF lors de l'ouverture des deuxièmes Assises du Leasing. Le leasing marocain s'est doté d'une nouvelle feuille de route à horizon 2020. La profession se positionne sur le programme de renouvellement du parc des véhicules de transport routier.
Nouvelle feuille de route et nouvelles ambitions pour le secteur du leasing. En 40 ans, l'activité du crédit-bail s'est imposée comme un acteur incontournable du financement de l'investissement. Avec un encours de financement de près de 50 milliards de DH, représentant près de 15% de la formation de capital fixe, le leasing a accompagné le tissu productif national dans son décollage et dans ses différentes phases de développement. La profession est désormais en quête de diversification et de nouveaux relais de croissance, et lorgne du côté des programmes gouvernementaux en matière de développement durable. Il s'agit notamment pour les opérateurs du leasing de développer une offre pour le financement de l'efficacité énergétique ainsi que pour le programme de renouvellement du parc des véhicules de transport routier de personnes et de marchandises. «La transition énergétique offre de réelles opportunités économiques et le crédit-bail, qui s'est montré résilient durant les phases les plus dures de notre économie, a les capacités pour contribuer au financement de ses programmes», a affirmé Abderrahim Bouazza, Directeur général de Bank Al-Maghrib, à l'occasion des deuxièmes Assises du leasing qui se sont tenues récemment à Casablanca à l'initiative de l'Association professionnelle des sociétés de financement (APSF). Bouazza n'a pas manqué de rappeler que le leasing a déjà contribué au financement de projets dans l'agriculture et pourrait contribuer à financer des projets d'adaptation. A ce titre, le crédit-bail a, selon le responsable, toute sa place au sein de la feuille de route pour l'alignement du secteur financier marocain sur le développement durable, lancée en 2016 à Marrakech, lors de la COP22.
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Réinventer le métier Cette volonté d'accompagner les programmes en cours en matière de développement durable est l'un des axes majeurs de la nouvelle feuille de route du leasing marocain. Celle-ci, selon les dires d'Abdesslam Bouirig, de l'APSF, se donne pour ambition de «réinventer le métier». Outre l'exploitation de nouvelles pistes de développement, l'innovation produit, le service client et la communication, la profession entame un profond chantier de mise à jour des pratiques, que ce soit sur le plan réglementaire ou fiscal. Il s'agit notamment pour la profession de se conformer aux nouvelles exigences prudentielles et aux règles de provisionnement. Il s'agit également, au niveau fiscal, de réussir le passage à une comptabilité financière, et surtout de négocier avec le Fisc la révision de la circulaire relative au traitement de la déductibilité des provisions. La feuille de route contient également un volet judiciaire, qui porte notamment sur les procédures à mettre en place en cas de société en difficulté, ou encore sur le droit des propriétés.
Relais de croissance Comme indiqué plus haut, la profession du leasing, dans sa quête de nouveaux relais de croissance, a jeté son dévolu sur le programme de renouvellement du parc des véhicules de transport routier de personnes et de marchandises. Ce programme, lancé par le gouvernement en 2006 pour une durée initiale de trois ans, et renouvelé en 2011, 2014 et 2018, est loin d'avoir séduit les professionnels du transport. Le bilan de cette opération est en effet bien maigre : seuls 3.000 véhicules ont été renouvelés à ce jour grâce à ce dispositif, correspondant à un financement de 400 millions de DH. Or, l'enveloppe allouée à cette opération est de 1 milliard de DH. «Les financements sont là, mais le programme n'a pas suscité un fort engouement», a regretté Brahim Baamal, directeur du transport routier et de la sécurité routière au ministère du Transport. Le gouvernement a même revalorisé la prime de 25% pour intéresser davantage les professionnels du transport. Mais ces derniers déplorent toujours la lenteur des procédures. Dans ce contexte, les professionnels du crédit-bail ont un rôle à jouer. Ils souhaitent s'insérer dans la boucle du programme, et proposent des pistes qui permettront l'accès au financement aux transporteurs individuels, de fluidifier les procédures et de réduire les délais de quelques mois à quelques jours. En termes de business, ce marché est particulièrement alléchant. «La Loi de Finances 2018 consacre une enveloppe de 3 fois 150 millions de dirhams étalés sur 3 ans. Compte tenu des primes qui seront versées, et en admettant qu'elles représentent grosso modo 10% de la valeur des véhicules à acquérir, cela se chiffrerait à un financement potentiel de 4,5 milliards de dirhams», expliquait récemment sur nos colonnes Mostafa Melsa, délégué général de l'APSF. ■