Depuis 10 ans, la SFI (groupe de la Banque mondiale) œuvre pour le développement du leasing en Afrique. Riadh Naouar, Head Advisory Services en Afrique subsaharienne à la SFI, se dit satisfait de la naissance de la Fédération africaine du leasing qui va veiller à l'harmonisation des législations et des réglementations dans le continent. Finances News Hebdo : Quelle appréciation faites-vous de l'organisation des premières Assises africaines du leasing et quelle opportunité offrent-elles pour le secteur ?
Riadh Naouar : J'en suis tellement fier et je ne suis pas surpris que le Maroc ait pris le leadership dans cette organisation. Parce qu'après ce qui a été démontré à travers le travail de l'APSF (Association professionnelle des sociétés de financement), son site web très développé, la disponibilité des données…, c'est un cheminement tout à fait normal. A chaque fois que nous avons essayé de partager l'expérience marocaine, l'APSF était toujours présente. Elle nous a ouvert les portes de la Banque centrale, du ministère des Finances et des sociétés de leasing. Je pourrais même dire que c'est l'association la plus organisée du continent. Donc, que l'APSF nous accueille aujourd'hui, après les discussions que nous avons eues avec les associations de leasing par pays au Maroc, est l'aboutissement d'un travail de longue haleine.
F. N. H. : Cela fait combien de temps que la SFI œuvre pour le développement du leasing dans le continent africain ?
R. N. : Cela fait dix ans que nous développons le leasing en Afrique avec les acteurs du secteur public. C'est une bonne nouvelle d'avoir l'Association africaine du leasing qui va se battre pour que le crédit-bail soit en promotion, pas uniquement au Maroc ou dans quelques pays, mais partout dans le continent. Donc, il s'agit d'un évènement extraordinaire, à savoir la naissance d'un outil qui, à l'image de ce qui a été fait au Maroc, va certainement continuer le travail que la SFI avait démarré depuis quelques années, tel que la promotion d'un cadre légal et fiscal durable pour le crédit-bail.
F. N. H. : Dans le continent africain, le leasing est encore à ses premiers balbutiements. Quelles sont les entraves à son développement ?
R. N. : Lorsque nous avons démarré en 2008, le leasing dans le continent africain était différencié d'un pays à un autre. Nous avons trouvé un marché dynamique au Maroc et en Tunisie. L'Algérie était en train de suivre avec 10 années de retard, mais il y avait un taux de croissance extrêmement intéressant. Et puis, il y avait un marché énorme au Nigéria, en Afrique du Sud et en île Maurice. Le reste est un marché inexistant ou très peu développé. Dans ce marché, vous pouvez trouver des sociétés de leasing, avec un portefeuille de 2 millions de dollars, inférieur à la valeur de la flotte d'une société de transport. Nous avons introduit des lois pour faciliter la récupération en cas de défaut de paiement, clarifier le cadre de fonctionnement du crédit-bail, faciliter la fiscalité… Nous avons fait la promotion en aidant certaines sociétés de leasing à accéder à des fonds de financement.
F. N. H. : Justement, quels sont les prérequis pour réussir le leasing ?
R. N. : Pour réussir le leasing, il faut avoir des sociétés de leasing. Il faut avoir le bon cadre légal et fiscal. Il faut vulgariser le métier et puis leur faciliter l'accès aux ressources financières. Ajoutons à cela les rôles que sont amenés à jouer des organismes tels que la SFI ou l'AFD. Aujourd'hui, nous passons le flambeau à l'association africaine pour qu'elle continue à œuvrer pour le développement du crédit-bail en Afrique. ■