Réuni le 30 mai 2013, le Conseil de l'association professionnelle des sociétés de financement ( APSF) a pris acte de la fin du mandat de A. Bencherki en tant que membre du Conseil et en sa qualité de Président de l'APSF à l'issue de l'Assemblée générale de juin 2013. A. Benhamida, PDG de Dar Salaf, a été élu nouveau Président de l'APSF. L'attentisme des opérateurs et leur incapacité à honorer leurs engagements pèsent lourdement sur l'évolution des crédits à l'économie. Contrairement aux autres catégories de crédits, c'est le leasing immobilier qui s'est le mieux comporté. Des propos que nous avons recueillis en marge de l'AG. Finances News Hebdo : Fraîchement nommé à la présidence de l'APSF, quels sont les principaux chantiers sur lesquels vous comptez vous atteler ? Abdallah Benhamida : Je n'ai d'autre ambition que de renforcer la capacité des métiers de financement à soutenir la croissance économique, à travers le financement de l'investissement et de la consommation. Cela passe à mon sens par deux moyens essentiels. Renforcer la gouvernance des sociétés de financement au sens large, y compris évidemment sur le plan éthique, et adapter et diversifier les produits et services dans un environnement très ouvert et complexe. A l'APSF, nous devons continuer, quoi qu'il en soit, à préserver l'identité de nos métiers qui sont des spécialistes, ainsi que leur raison d'être qui est tout simplement de soutenir tout investissement prometteur et toute consommation responsable. Je m'y attellerai avec force, avec la contribution de l'ensemble du Conseil et des membres de l'APSF et, bien sûr, avec l'appui de l'ensemble des partenaires, au premier rang desquels Bank Al-Maghrib et le ministère de l'Economie et des Finances, dans la tradition d'écoute et de concertation que l'APSF a instituée avec eux depuis de longues années maintenant. F. N. H. : Quels sont globalement les difficultés qui persistent et qui impactent fortement les réalisations des sociétés de financement ? Et comment comptez-vous les contrecarrer ? A. B. : Les sociétés de financement gèrent par essence du risque, et la vigilance à cet égard doit toujours être de mise. Le risque doit être dans tous les cas correctement rémunéré et chaque opération doit être rentable. Aussi, le meilleur moyen d'assurer leur pérennité réside-t-il, à mon sens, dans la maîtrise coûte que coûte de cette variable, loin de toute course effrénée à la croissance du portefeuille et à la part de marché. Par ailleurs et comme vous le savez, les sociétés de financement ont leur propre business model qui leur permet de répondre aux exigences des opérateurs et aux nouveaux comportements du consommateur en leur apportant une réponse rapide et ciblée à leurs besoins. L'enjeu, à ce stade, est de préserver leurs avantages compétitifs face à une concurrence externe acharnée et, parfois, à une banalisation de certains produits. Il reste que, comme d'autres au demeurant, nous devons composer avec l'environnement des affaires qui est le nôtre. F. N. H. : L'analyse des dernières années met en exergue la faible corrélation entre la progression des crédits et celle du PIB non agricole. Pourquoi, à votre avis ? A. B. : Je ne connais pas l'analyse à laquelle vous faites allusion. Ce que je puis vous dire, en me référant au rapport crédit-bail/FBCF (Formation Brute de Capital Fixe, indicateur universellement retenu pour mesurer l'investissement), qu'il est en progression avoisinant actuellement les 16%. Pour une demi-douzaine d'établissements, c'est appréciable, n'est-ce pas ? Ajouter à cela la contribution des autres sociétés membres de l'APSF qui accompagnent l'investissement par la mobilisation des créances, la garantie, le factoring, la promotion immobilière et le financement des associations de microcrédit. Sans oublier les services rendus par les sociétés de transfert de fonds et les sociétés de gestion des moyens de paiement. F. N. H. : Quand pouvons-nous vraiment qualifier le financement d'un acte économique d'investissement ? A. B. : La question est autant philosophique qu'économique, dans la mesure où l'on peut effectivement s'interroger sur la moralité d'un acte d'investissement et, partant, de son financement. C'est ce qui explique certainement tout l'arsenal mis en place de par le monde pour lutter contre les dérives de la société marchande. Si nous rapportons cette réflexion à nos métiers de financement, nous essayons, comme je vous l'ai dit, de financer des investissements prometteurs et, autant que faire se peut, une consommation réfléchie. C'est ce que l'on pourrait appeler un crédit responsable. F. N. H. : Quelle appréciation faites-vous de l'évolution des crédits à l'économie à fin avril 2013, comparativement avec la même période de l'année 2012 ? A. B. : Au-delà des chiffres conjoncturels, deux évolutions m'interpellent en particulier : le recul des crédits à l'équipement et la hausse à deux chiffres des créances en souffrance. Comment les expliquer ? Attentisme des opérateurs dans le premier cas, difficultés conjoncturelles à honorer ses engagements dans l'autre ? Dans les deux cas, et si ces tendances devaient perdurer, ce ne serait pas bon signe. F. N. H. : : Par catégorie de crédits distribués, quelle est celle qui s'est le mieux comportée au cours des premiers mois de l'année en cours ? A. B. : Quelques évolutions méritent d'être soulignées quant à l'évolution de l'activité des métiers de financement au cours du premier trimestre 2013. En matière de crédit à la consommation spécialisé, l'activité a été marquée par un recul des financements automobiles en LOA. De même, les prêts personnels ont reculé, sous l'effet de la concurrence des banques sur ce créneau qui s'est poursuivie de plus belle. En matière de crédit-bail, l'activité a été marquée par une reprise intéressante du leasing immobilier qui n'a toutefois pas suffi à compenser une certaine atonie au niveau du leasing mobilier.