En dépit de ses avantages, le lease-back reste peu usité. Ce mode de financement repose sur le même principe que le crédit-bail. Il peut servir à la réduction du bilan afin d'améliorer la part du capital propre.
Les Assises sur le leasing tenues récemment par l'APSF ont mis en évidence le faible recours des PME au crédit-bail en tant que mode de financement (www.fnh.ma). Les chiffres dévoilés, à juste titre, par Abderrahim Bouazza, Directeur général de la Banque centrale, ont rappelé que valeur aujourd'hui et en dépit des avancées réalisées, le crédit-bail reste loin derrière les autres modes de financement. Il représente à peine 27% des crédits d'investissement accordés aux entreprises par l'ensemble des établissements de crédit. A l'instar du leasing, un autre instrument financier, à savoir le lease-back, reste un instrument peu usité, voire méconnu chez bon nombre d'entreprises, car pénalisé par beaucoup d'idées reçues. Le lease-back repose sur le principe du crédit-bail. Il consiste pour une entreprise à vendre un de ses biens d'équipement ou local à usage professionnel à une société de crédit-bail dans le but que celle-ci les lui loue aussitôt la vente réalisée. L'entreprise devient donc locataire d'un actif dont elle était précédemment propriétaire, mais bénéficie néanmoins d'une option d'achat sur cet actif. La vente se fait en suivant la valeur nette comptable du bien en question, celle qui aurait cours sur le marché. «Le lease-back, c'est moins de 5% de l'activité du crédit-bail», annonce Abdesslam Bouirig, Directeur général de BMCI Leasing. Pourtant, son avantage est indéniable. En recourant à ce mode de financement, l'entreprise bénéficie d'une injection immédiate de trésorerie avec un traitement comptable différent, qui peut générer un meilleur retour sur investissement ainsi que d'autres avantages fiscaux et financiers. A titre d'exemple, il peut servir à la réduction du bilan afin d'améliorer la part du capital propre. En effet, dans la vie des entreprises, il arrive souvent que des besoins de financement apparaissent à un moment donné, selon différents contextes. Dans des situations particulières, le lease-back se présente comme un mode de financement plus approprié que l'emprunt bancaire. Toutefois, il est à préciser que la réussite d'une opération de leaseback dépend d'un bon usage des ressources collectées par l'entreprise. A titre de rappel, dans le passé, quelques grandes entreprises avaient fait appel à ce levier de financement pour assainir leur situation financière. L'armateur marocain Comanav avait développé un montage de leaseback en 2003. Une telle opération avait permis à la compagnie de libérer immédiatement des ressources propres immobilisées dans les actifs, d'améliorer sa situation bilantielle et de contribuer au financement de la croissance. Mais, il faut dire que ces entreprises se comptent sur le bout des doigts. Interrogé sur les facteurs qui peuvent éventuellement empêcher les PME et les TPE à recourir à ce mode de financement qui a fait ses preuves dans d'autres pays, A. Bouirig répond: «Il s'agit d'un moyen de financement connu sur le marché, mais qui n'est pas facilement octroyé pour les raisons suivantes : le risque est plus élevé sur le lease-back relatif à du matériel (vs immobilier qui est moins élevé), l'entreprise doit avoir un besoin (d'exploitation ou d'investissement) qui justifie le financement à travers cet instrument». Sur le plan fiscal et règlementaire, cette opération de crédit-bail présente un intérêt étant donné qu'elle pèse sur le compte de résultat en augmentant les charges, et réduit ainsi l'assiette imposable. De plus, pendant la durée du contrat, les loyers facturés par le leaseur constituent des charges déductibles sauf pour les véhicules de transport de personnes où la déductibilité de la redevance est limitée et la TVA ayant grevé la redevance est exclue du droit à déduction. Une chose est sûre : les entreprises doivent être conscientes que le leaseback n'est pas synonyme de mauvaise santé financière. Dans les comptes sociaux, il est indétectable dans la mesure où il fait baisser la valeur de l'actif sans qu'il y ait au niveau du passif une contrepartie. Pour être conscientes de ses avantages, elles doivent s'inspirer de la citation d'Aristote : «la richesse consiste bien dans l'usage que dans la propriété». ■