- La tutelle espère donner une nouvelle impulsion au secteur. - Un observatoire du transport routier sera mis en place.
Le transport et la logistique représentent un secteur nevralgique de l'économie nationale. Le secteur pèse pour environ 6% du PIB et les 56.000 entreprises y opérant emploient près 200.000 personnes. En 2010, le Maroc a lancé une nouvelle stratégie censée lui donner une nouvelle impulsion. Ses effets commencent à se faire sentir, et son impact sur le développement et la croissance est de plus en plus visible. C'est dans ce cadre que la Chambre de commerce britannique à Casablanca a organisé une conférence sur le sujet, réunissant une pléiade d‘intervenants actifs dans cet écosystème, dont le Najib Boulif, secrétaire d'Etat au Transport. Ce dernier en a profité pour rappeler l'ampleur de la tâche qui mobilise son département. «A travers des contrats-programmes signés entre l'Etat et les opérateurs du secteur, nous travaillons sur la professionnalisation et la mise à niveau des entreprises, la libéralisation de l'activité, l'abolition du système d'agrément, la formation professionnelle, la sécurité routière et la protection de l'environnement. Nous avons aussi donné un rôle majeur aux associations et leur groupement pour bien représenter et encadrer l'activité», a-t-il ainsi souligné.
Vétusté du parc de camions
Il reconnaît toutefois que plusieurs défis restent à relever comme la lutte contre l'informel ou encore le renouvellement du parc de véhicules, dossier épineux s'il en est. A titre d'exemple, le parc des camions regroupe aujourd'hui près de 140.000 véhicules, dont 39.200 ont plus de 37 ans d'âge, tandis que plus de 58.000 camions accusent plus de 20 ans d'ancienneté. L'une des raisons avancées pour expliquer la vétusté du parc réside dans l'atomicité de l'activité de transport de marchandises dans la mesure où environ 90% des entreprises possèdent 1 à 2 camions, tout au plus. Le programme de renouvellement de la flotte lancée par le gouvernement, il y a quelques années, n'a visiblement pas séduit les professionnels. «Pour le prochain contrat-programme, qui sera réalisé en partenariat avec tous les acteurs du secteur, nous voulons remédier aux différents dysfonctionnements qui ont perturbé les précédents, afin d'atteindre nos objectifs dans les meilleurs délais possibles. Nous sommes confiants et plusieurs axes sont investis. Il s'agit en particulier du lancement d'un observatoire du transport routier et du développement du digital pour fluidifier les opérations et réduire le contact des usagers avec les agents de l'administration», précise Boulif. Concernant l'activité logistique, le secrétaire d'Etat a mis en exergue les réalisations du Royaume qui lui ont permis d'améliorer significativement son classement au niveau mondial. Il a rappelé les objectifs de la stratégie dédiée, dont les aspirations ont trait à la réduction des coûts logistiques, l'accélération de la croissance du PIB et l'augmentation du nombre d'emplois. Pour piloter les différents chantiers et superviser le secteur, une agence de la logistique fut créée. Mais là aussi des difficultés persistent. «La stratégie nationale de la logistique accompagne d'autres stratégies sectorielles comme celle du Plan Maroc Vert, du Tourisme ou du Plan d'accélération industrielle. Ses différentes actions sont transversales. C'est pour cela qu'il existe des difficultés au niveau de sa mise en œuvre. C'est une vision intégrée, fruit d'un partenariat public-privé», indique Mohamed Youssfi, Directeur général de l'Agence marocaine du développement de la logistique (AMDL). Cette agence a néanmoins permis d'assurer la compétitivité du foncier mobilisé. Il faut dire que depuis 8 ans, la superficie dédiée aux zones logistiques est passée de 80 hectares à 550 hectares. 95% des terrains mis à la disposition des professionnels relèvent du domaine de l'Etat, qui assure également la quasi-totalité de l'investissement. «Grâce à la percée du secteur de la logistique marocain, de nouveaux acteurs de dimensions internationales se sont implantés au pays. 16 d'entre eux figurent dans le top 50 mondial et d'autres sont dans la phase de prospection ou d'études pour réaliser leurs projets. Les coûts logistiques ont été nettement revus à la baisse, permettant à des investisseurs évoluant dans des secteurs comme l'automobile ou l'aéronautique de s'intéresser au Maroc», souligne Youssfi. ■