- L'amorçage désormais couvert. - Moins de pressions fiscales sur l'Equity.
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Le constat de l'année dernière se confirme : le capital-investissement attire de plus en plus de «curieux». En témoigne encore une fois une salle comble pour la huitième édition des rendez-vous annuels de l'AMIC (Association marocaine des investisseurs en capital). Les sociétés de gestion voient leur cadre réglementaire s'assouplir et deviennent de plus en plus convoitées par les donneurs d'ordre étrangers. Résultat : les success-stories se multiplient. La nouvelle loi sur les OPCC (Organismes de placement collectif en capital) offre un large éventail de possibilités aux professionnels en termes de politique d'investissement. Elle permet aux capital-investisseurs une plus grande protection grâce au contrôle de l'Autorité marocaine du marché des capitaux (AMMC) et leur ouvre plus de champs d'investissement. Ils n'ont plus de limite dans la taille des entreprises cibles, qu'elles soient cotées ou pas, étrangères ou marocaines, et ils peuvent investir dans tout, y compris dans les Sukuks. Les OPCC peuvent également émettre des titres en devises étrangères. Mais jusqu'à fin 2017, le cadre fiscal avait tendance à peser sur cette industrie, avec un droit d'enregistrement de 4% sur les deals qui rendait les dossiers présentés par les sociétés de gestion marocaines peu compétitifs, eu égard à son poids sur leur TRI brut. Un obstacle, de nature fiscale, qui tombe désormais avec la Loi de Finances 2018 qui supprime ce droit.
Le capital amorçage à l'honneur
Cette année encore, l'amorçage était à l'honneur. Mais cette fois-ci, avec du concret. L'initiative Innov Invest, gérée sous la houlette de la CCG (ex-Caisse centrale de garantie), est une véritable avancée en la matière. «Notre industrie couvre maintenant l'ensemble des stades de développement de l'entreprise, ce qui permettra à terme de préparer les entreprises de demain. Tout entrepreneur peut maintenant avoir en face de lui une panoplie de fonds spécialisés selon le stade de son développement», nous indique Hassan Laaziri, président de l'AMIC. L'amorçage, considéré comme le parent pauvre de cette industrie, devient désormais son cheval de bataille. La prise de conscience des autorités et le lancement de programmes à succès, comme le programme Elite, dont des membres ont témoigné l'envie de faire appel à des capital-investisseurs prochainement, montrent que la dynamique est enclenchée.
Au-delà de la rentabilité
Jean-Michel Severino, président d'Investisseurs & Partenaires, était l'invité de marque de cette journée. Pour lui, il faut accepter le fait que le capital-investissement ne soit pas considéré comme un «instrument moyen», comme peut l'être le financement bancaire. «Le capital-investissement sert à fabriquer des champions et peut servir des intérêts stratégiques pour les grands groupes corporate qui s'y mettent. Leur miroiter le strict indicateur TRI (indicateur de rentabilité prisé pour ce type d'investissements) pour les faire venir dans des fonds n'est pas la meilleure démarche», a-t-il dit. Mais il tempère tout de même son propos, en concédant que le TRI est nécessaire pour avoir l'aval des financiers. D'après cet expert, la remontée des taux et les probables pressions inflationnistes auxquelles s'attend la planète finance vont certainement avoir des incidences sur les stratégies d'allocation d'actifs des investisseurs, et donc sur les fonds alloués au capital-investissement. ■
Les contraintes «ESG» De l'avis des professionnels, la pression est accrue de la part des investisseurs qui respectent une «certaine ligne politique», comme la Banque mondiale ou sa filiale SFI, sur les sociétés de gestion pour introduire des critères de responsabilité sociale et de gouvernance dans le choix des investissements. De plus, les études montrent de plus en plus que la soutenabilité financière passe par le respect de tels critères. Des contraintes qu'il faudra prendre au sérieux pour élargir le scop des investisseurs qu'attirent les fonds. Cela permet aussi d'élargir le champ de sortie, notion très chère au capital-investisseur. Ainsi, les contraintes environnementales, sociales et de gouvernance (ESG) deviennent de véritables composantes de la valeur de l'entreprise.