Même si le cadre fiscal continue de limiter la marge de manœuvre de l'industrie du capital-investissement, celui-ci continue d'afficher une progression soutenue. Le capital-investissement continu sa percée sur le marché marocain. L'année 2016 a été marquée par une autre progression de ses indicateurs. En effet, les différents capital-investisseurs ont investi courant 2016 dans 20 entreprises pas moins de 800 MDH, contre 606 MDH dans 11 entreprises une année plus tôt. Par ailleurs, les sorties réalisées ont concerné 10 entreprises, effectuées toutes en dehors du marché boursier. Ces sorties se sont faites soit via d'autres fonds (qui rachètent les parts), soit par les industriels, ce qui relate le développement du marché secondaire de la private equity, souligne Hassan Laâziri, président de l'Association marocaine des investisseurs en capital (AMIC) à l'occasion de la 7e édition annuelle de la conférence du capital-investissement. La fiscalité toujours pointée Sur la question du cadre juridique et fiscal, les intervenants ont souligné l'apport certain de la loi sur les OPCC qui renforce la protection grâce au contrôle de l'AMMC de ces fonds. Par ailleurs, la question du change demeure d'actualité. La levée en devise étrangère peut être investit librement à l'étranger mais pas la partie levée en DH. Néanmoins, il est toujours possible de profiter du statut de CFC, souligne Patrick Larrivé, associé directeur à Dentons. Pour ce qui est de la fiscalité, Abdelkader Boukhriss, administrateur à SFM, estime que le «Maroc est à la traîne sur ce volet». «Avec des droits d'enregistrement de 4%, nous sommes en situation de non compétitivité par rapport à d'autres pays. La TVA constitue elle aussi un frein ne serait-ce qu'en matière de frais de gestion qui impacte la rentabilité. Cette taxe est considérée comme une pénalité d'entrée. Nous suggérons soit sa révision, soit sa suppression vu que ça n'a existé qu'à une date très récente, 2009-2010», clame-t-il. En somme, le fiscaliste appelle à ce qu'il y ait alignement de la fiscalité du secteur sur les incitations accordées aux introductions en Bourse, à ce qu'il y ait des carottes fiscales et une sécurité juridique. Larrivé, pour sa part, évoque la nécessité d'éviter la double imposition des plus values. Il est également question d'élargir la portée des fonds en permettant à des personnes physiques de venir vers ce marché, estime Boukhriss. Santé et éducation à la mode Concernant la dynamique du secteur en lui-même, Hatim Ben Ahmed, associé à Mediterrania Capital Partners, souligne qu'il n'y a pas de bulles spéculatives mais il est vrai que les secteurs de l'éducation et de la santé sont à la mode, compte tenu de leurs perspectives de développement prometteuses comparativement aux secteurs classiques. Pour rappel, l'enquête lancé par l'AMIC au début de 2016 sur les intentions d'investissement sur les 5 prochaines années rapporte que la santé représentait 11% des intentions et l'éducation 10% contre 10% pour l'énergie ou encore 9% pour les nouvelles technologies. Seule l'agroalimentaire les dépassait avec 13% des intentions. Pour sa part, Brahim Guessous, partner à CDG Capital Private Equity rappelle que les transactions se font de gré à gré n'engendrant donc pas vraiment de surenchère comme ce qui se passe en Europe. Tags: Finances capital-investissement AMIC Maroc