- Très attendue par les investisseurs, la nouvelle charte d'investissement verra bientôt le jour. - Les principaux objectifs sont la facilitation de l'acte d'investir et l'amélioration du climat des affaires.
L'actuelle charte d'investissement a plus de vingt ans. Elle date de 1996. Depuis lors, l'environnement économique ainsi que l'acte d'investir ont considérablement évolué. Prenant la mesure du paramètre évolutif dans le monde des affaires, Moulay Hafid Elalamy, ministre de l'Industrie, du Commerce, de l'Investissement et de l'Economie numérique, a présenté en juillet 2016 les grandes lignes qui constitueront l'ossature de la future charte d'investissement à même de faciliter davantage l'acte d'investir aussi bien pour les opérateurs étrangers que nationaux. C'est dans ce contexte que la Chambre de commerce britannique au Maroc a organisé récemment une rencontre sous le thème : «L'impact de la future charte d'investissement sur la relance de l'investissement au Maroc». Cet événement, moment de vérité relevé par la présence du ministre de tutelle et l'ambassadeur du Royaume-Uni au Maroc, Thomas Reilly, a suscité l'engouement de plusieurs opérateurs économiques qui se sont déplacés massivement. Tout en recourant à la méthode didactique afin de mieux faire passer son message, Moulay Hafid Elalamy reconnu pour ses talents oratoires et d'homme d'affaires chevronné, a répondu à une série d'interrogations sans langue de bois. «Il faudra procéder au toilettage de l'actuelle charte d'investissement qui a tout de même atteint son objectif d'antan, notamment la réduction des délais de création d'entreprises». Et d'ajouter : «Certes la réforme s'impose mais il ne faut pas jeter le bébé avec l'eau du bain».
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Certains éléments factuels allant dans le sens de l'attractivité croissante du pays donnent raison au ministre nouvellement chargé par le Roi du pilotage du Comité de la candidature du Maroc pour l'organisation de la Coupe du monde 2026. Il s'agit, entre autres, de l'installation de plusieurs groupes multinationaux évoluant dans des branches industrielles pointues (Renault, PSA, Bombardier, Boeing, Siemens, etc.). Rappelons qu'au Maroc, un investisseur étranger a la latitude de détenir le capital de son entreprise à hauteur de 100% et de transférer ses revenus engendrés par les investissements financés. Ces avantages auxquels s'ajoutent les opportunités qu'offre le pays, pour ne citer que la qualité des infrastructures et celle des ressources humaines, la proximité avec l'Europe, le hub pour l'Afrique et l'accroissement du pouvoir d'achat des Marocains, semblent constituer des atouts irrésistibles aux yeux des Britanniques. «Je ferai tout mon possible afin de vulgariser davantage auprès des opérateurs britanniques les atouts du Royaume et l'intérêt d'y investir», promet Thomas Reilly. D'ailleurs, certains hommes d'affaires anglais récoltent déjà les fruits de leurs investissements dans le Royaume. Une centaine d'entreprises britanniques sont installées dans le pays (GlaxoSmithKline, Shell, British Airways, Unilever). Si l'objectif de la Chambre de commerce britannique au Maroc est de densifier les échanges commerciaux entre les deux Etats partenaires, notons tout de même que près de 200 entreprises marocaines exportent vers le marché anglais. A cela, s'ajoute le partenariat scellé entre la Bourse de Londres et celle de Casablanca. «En 2017, le Maroc a exporté près de 60.000 tonnes de tomates au Royaume-Uni et 60% des sardines consommées par les Britanniques proviennent des côtes marocaines», rappelle l'ambassadeur du Royaume- Uni au Maroc.
Zones franches : ne pas reproduire les erreurs du passé
«L'élaboration de la charte d'investissement nécessite une large concertation avec tous les acteurs impliqués dans une démarche participative et collégiale», assure Moulay Hafid Elalamy, qui s'est toutefois abstenu de donner un échéancier pour la mouture finale. Et d'ajouter : «Cette charte qui consacre entre autres, l'IS à 0% pour les entreprises exportatrices, la création de zones franches pour chaque région et le statut d'exportateur indirect, placera l'investisseur et l'entreprise au coeur de ses préoccupations». Au registre des zones franches, la tutelle affirme que les erreurs commises par le passé ne se reproduiront plus. «Nous veillerons d'abord à créer des locomotives autour desquelles se développeront d'autres entreprises», précise-t-on. L'autre impératif est de créer ces zones franches juste à la sortie des pôles d'activités (villes) qui disposent déjà d'infrastructures adaptées (logements, routes, autorités, ports, etc.). Cela dit, MHE s'est montré virulent envers certaines pratiques préjudiciables récurrentes dans l'administration publique, tout en dictant la posture à adopter. «Quelle que soit la complexité des situations, nous ne devons pas constituer un facteur de blocage pour l'acte d'investir», prévient-il, appelant ainsi les fonctionnaires et les opérateurs économiques à prendre leurs responsabilités. En cela, les hauts fonctionnaires doivent jouer un rôle de facilitateur et les opérateurs économiques s'évertuer à tirer profit de la batterie de mesures publiques d'accompagnement mises en place. ■