Le secteur de la minoterie agonise. Une quarantaine de moulins ont baissé leur rideau. Le blocage du processus de libéralisation et le démantèlement douanier touchant les céréales et dérivés en provenance de létranger pénalisent ce secteur qui fait vivre 60% de la population. Les professionnels du secteur meunier, à travers la Fédération Nationale de la Minoterie (FNM), plaident pour lapplication urgente de laccord du 24 mai 2004 qui prévoit la redynamisation du processus de libéralisation du secteur. La mise en exergue de ce projet de réforme, qui parle dun redéploiement de la subvention allouée à la farine nationale de blé tendre (FNBT) et du circuit de la consommation au circuit de la production, avec une période transitoire de deux ans, devait avoir lieu en juillet 2004 et prendre fin en juillet 2006. Mais rien na été fait jusquà lheure actuelle. Cette indifférence de la part des pouvoirs publics ajoute du sel aux plaies des professionnels de la minoterie. Le sentiment de scepticisme qui règne actuellement pénalise le secteur. Le secteur minotier occupe pourtant une place importante dans le tissu économique national. La minoterie industrielle est liée à plusieurs activités économiques. Elle contribue à hauteur de 52% à lensemble de la production du secteur agroalimentaire (transformation des farines, pâtes alimentaires, semoules...). Le secteur participe également au développement des moyens de transport et de stockage. Il faut apporter de leau au moulin Selon les responsables de la FNM, la situation du secteur est alarmante. Le processus de libéralisation est bloqué depuis 1996, le démantèlement douanier pour les céréales provenant de létranger est en marche et le nombre des moulins en arrêt dactivité est en hausse. Le cadre réglementaire par lequel le secteur est administré est obsolète et la subvention de la farine devient de plus en plus lourde pour les minotiers marocains. A cela sajoute la suppression du forfait du transport qui a pénalisé les moulins situés loin des ports et des unités de production. Les minotiers sont obligés aujourdhui de supporter un différentiel du coût de transport dépassant 30 DH / quintal. En ce qui concerne la subvention de la FNBT, il est à noter que la somme est versée pour compenser lécart entre le prix de vente de la FNBT (182 DH) et son prix de revient (325 DH). La subvention constitue donc pour le moulin le complément du prix de revient. Avec louverture du Maroc sur léconomie mondiale, la subvention devient un handicap pour les minotiers nationaux. Dans ce cadre, il est à rappeler que laccord quadripartite dAgadir et laccord signé avec les Emirats Arabes Unis, en vigueur depuis 2003, prévoient 0% de droits de douane pour les céréales et dérivés provenant des pays signataires. Le paradoxe cest que les producteurs nationaux paient 95% de droits de douane sur le blé dur et 100% sur le blé tendre. LEtat justifie cette mesure par le souci de protéger la production nationale ! La menace dune cessation de lactivité meunière est réelle. Le gouvernement est appelé à honorer les engagements quil a pris dans le cadre de laccord du 24 mai 2004. Les doléances de la FNM Les moulins marocains se battent pour survivre et pour faire sortir le secteur de la minoterie du tunnel, la Fédération nationale de la minoterie, qui regroupe 106 entreprises et 4 associations professionnelles, exige dabord lapplication de laccord signé en mai dernier avec le gouvernement et la révision du système actuel de la subvention. En outre, elle plaide pour plus de protection afin de donner un peu de temps aux producteurs locaux pour réussir leur mise à niveau. Ces derniers cherchent à rentabiliser leurs investissements pour répondre aux exigences du marché. Pour atteindre cet objectif, il faut investir davantage en modernisant les outils de production et les systèmes de management. Mais il faut admettre que le manque de visibilité qui caractérise le secteur de la minoterie bloque toute sorte dinvestissements. Dans ce cadre, lEtat doit instaurer de nouvelles règles du jeu basées sur la transparence.