■ Les 3 modèles produits par l'usine Renault de Tanger ne seront fabriqués nulle part ailleurs. ■ Explication de Tunç Basegmez, Directeur de l'usine Renault Tanger sur sa mise en service dans la zone franche de Melloussa à Tanger. ✔ Finances News Hebdo : L'usine Renault à Tanger démarre enfin. Comment s'est déroulé le démarrage tant attendu ? ✔ Tunç Basegmez : Actuellement, nous avons terminé presque la totalité de la partie industrialisation et nous sommes passés à la partie fabrication. Nous démarrons donc notre activité après l'obtention de l'accord de fabrication et d'expédition. Le projet de Renault Nissan comporte deux étapes principales. La partie capacitaire qui a démarré entre 2008 et 2009 qui consistait à construire des bâtiments et leurs équipements. Parallèlement, il y avait la deuxième partie destinée à la production des véhicules. La mise en service (des directions) des activités prioritaires, à savoir les ressources humaines, la Direction fabrication, la Direction qualité et la Direction logistique, a démarré vers le début de 2010. Dès lors, nous avons commencé à recruter les premières équipes. Nous avons formé plus de 200 personnes au Maroc au centre de formation, et également en France, pour la fabrication des premiers prototypes. Le premier prototype de la voiture Lodgy a été fabriqué ici dans l'usine de Renault Nissan à Melloussa. ✔ F.N.H. : Quelles sont les spécificités de ce nouveau prototype ? ✔ T. B. : C'est un monospace d'entrée de gamme très volumineux, agréable à conduire, avec deux versions 5 et 7 places. C'est une voiture familiale, avec deux types de motorisation diesel et essence, et trois niveaux d'équipements, allant d'un équipement de base à un équipement enrichi. Le prix de commercialisation va être très abordable, entre 10.000 et 20.000 euros, mais ce n'est pas encore confirmé. ✔ F.N.H. : La fabrication de ce prototype a-t-elle déjà démarré ? ✔ T. B. : Effectivement, l'usine est opérationnelle. Nous avons commencé la fabrication de la Lodgy et au mois de mars, nous allons pouvoir expédier les premières voitures. La cadence de fabrication journalière de l'usine est de 30 voitures, avec une production progressive de 50 et même 60 unités par jour. ✔ F.N.H. : Quels sont les autres modèles que l'usine va fabriquer ? ✔ T. B. : Nous comptons d'ici deux mois fabriquer deux autre modèles de voiture. Cette usine sera le seul site à fabriquer les 3 modèles de voitures qui ne seront fabriqués nulle par ailleurs avant longtemps. ✔ F.N.H. : Une autre usine Renault sera inaugurée prochainement en Algérie. Quel intérêt d'ouvrir deux usines dans deux pays voisins qui correspondent au même marché ? ✔ T. B. : Renault est la première marque automobile au Maroc et en Algérie. Au Maroc, Renault a enregistré un taux de pénétration de 37% et 40%, si on ajoute les marques Nissan et Dacia. L'usine qui se construit en Algérie est la volonté du gouvernement algérien de posséder une usine automobile analogue sur son territoire. Cette usine vise essentiellement le marché interne algérien, contrairement à l'usine de Tanger qui prévoit la commercialisation de seulement 10 à 15% de la production sur le plan local, le reste étant destiné à l'exportation. ✔ F.N.H. : Pour les 85% destinés à l'export, envisagez-vous une politique de proximité pour les pays d'Afrique, par exemple ? ✔ T. B. : Nous démarrons avec l'Europe comme première destination et, par la suite, nous allons exporter vers tous les pays de la Méditerranée. ✔ F.N.H. : Ne pensez-vous pas que la crise européenne pourrait perturber vos prévisions ? ✔ T. B. : Il est vrai qu'aujourd'hui il y a une stagnation en Europe. Toutefois, nous avons un plan de commercialisation assez chargé pour cette année. Pour 2012, nous allons fabriquer 76.000 véhiculés destinés à la vente en Europe et au Maroc, avec une capacité de 170.000 unités, en disposant d'une seule ligne. A l'arrivée d'une 2ème ligne, nous allons pouvoir parvenir à produire 340.000 unités. ✔ F.N.H. : Quel est votre politique de recrutement ? ✔ T. B. : Concernant notre politique de recrutement, pour les opérateurs sur chaîne, nous embauchons des personnes titulaires d'un Bac ou d'un Bac professionnel. Pour certains postes techniques, nous recrutons des profils bac + 2. Ceci dit, tous les employés bénéficient d'une formation spécifique à l'école créée à cet effet et installée à l'entrée de l'usine. Il faut 3 mois à un opérateur pour être opérationnel. Il en est même pour la formation d'un technicien de maintenance nécessitant une formation technique plus pointue. Pour ce qui est des ingénieurs ou chefs d'atelier, il faut compter environ 6 mois de formation en fonction de son poste. ✔ F.N.H. : Quelles sont vos prévisions de recrutement pour 2012 ? ✔ T. B. : A fin 2011, nous étions à 2.300 employés en poste sur l'ensemble de l'usine. Pour 2012, nous prévoyons d'embaucher environ 2.000 nouveaux collaborateurs. Cela nous permettra de mettre en place à Tanger 1, l'ensemble de 3 équipes de 8. À la fin de 2013, nous serons 6.000, ce qui correspondra en dehors de l'usine à 30.000 emplois. ✔ F.N.H. : Aujourd'hui, il y a un débat en France qui est lancé sur la polémique de délocalisation… ✔ T. B. : Nous fabriquons au Maroc l'entrée de gamme (M0). L'objectif de cette gamme est de pouvoir être abordable par sa clientèle, donc très compétitif quant à son prix. La question n'est donc pas une question de délocalisation, mais plutôt de prix de revient, et d'économie de coûts. Nous ne pourrions pas fabriquer ces modèles en France ou en Europe au même prix. ■ Propos recueillis par L. Boumahrou