Le débat sur la pauvreté au Maroc a été réanimé par lUniversité Hassan II à Mohammédia. La lecture pessimiste du rapport de la Banque Mondiale juste après sa publication, en septembre 2004, semble actuellement céder le pas à une autre approche moins alarmiste. Toujours est-il que les chiffres réels des «pauvres» au Maroc sont loin de faire lunanimité. Après la publication des résultats du recensement général de la population au Maroc, et en attendant les données relatives à divers indicateurs socio-économiques, les dernières recommandations de la Banque Mondiale font toujours lobjet de discussions et autres débats. Létude, qui a été réalisée sur la base du recensement de 1994 et suite à une enquête nationale sur les niveaux de vie des ménages (1998/1999), est actuellement revisitée. De nouvelles données ont en effet vu le jour, et il serait dommage de ne pas les inclure alors quon veut «approcher» le phénomène de la pauvreté chez nous. La pauvreté cartographiée Il faut dabord remarquer que le recensement de 2004 a confirmé «la carte de la pauvreté», déjà réalisée par la Banque Mondiale. Ce concept large englobe à la fois les zones géographiques les plus démunies, de même que les couches sociales concernées. Pour atténuer le phénomène, la Banque avait proposé «une compréhension plus détaillée de la distribution spatiale de la croissance». Le secteur agricole, qui reste la locomotive de léconomie rurale, remplit imparfaitement sa mission sociale. «Lagriculture na de son côté enregistré aucune croissance», fait remarquer le rapport de la BM. Dans un autre, publié le 10 janvier 2005, intitulé « Global Agricultural trade and Developping countries», les réformes du secteur agricole «joueront un rôle crucial dans lamélioration des conditions de vie des pauvres dans près de 70% des pays en développement vivant dans les zones rurales». Sans préciser la nature de ces réformes, la Banque Mondiale reste persuadée que le domaine du développement rural est le plus concerné par la lutte contre la pauvreté. Il permettrait au Maroc de gagner 12 à 15 points dans la diminution du taux de pauvreté. Il est vrai que «les programmes sociaux sont bien ciblés dans les zones rurales pauvres», pourtant, la réduction de lanalphabétisme nest pas un critère aussi fiable dans ce cadre. Cest en quelque sorte un «élément moral» qui est le fruit dun manque cruel de conditions élémentaires de la vie. Les gains de la productivité agricole sont par contre intéressants à retenir. Pourtant, ces mêmes gains ne contribueront pleinement à faire reculer la pauvreté que si les petits agriculteurs sont encouragés. La baisse des prix de nombreux produits agricoles, conjuguée à la concurrence rude au niveau mondial pourraient compromettre toutes les prévisions et les efforts fournis dans ce sens.