La Banque Mondiale s'est investie depuis longtemps au Maroc en accompagnant toutes les réformes structurelles qu'a connues le Maroc. Jusqu'aujourd'hui l'apport de la BM dans le financement de plus de 130 projets a atteint près de sept milliards de dirhams. L'implication de la banque mondiale dans l'accompagnement de l'économie et des finances du Maroc est tout aussi importante qu'ancienne dans le temps. Son apport dans le financement des projets de développement aussi diversifiés les uns que les autres demeure très consistant aussi bien quantitativement que qualitativement. Ses secteurs d'activités s'étendent du financement des infrastructures à la réforme de l'éducation nationale, de la justice au développement du monde rural, de la gestion de l'eau à l'alphabétisation et à la mise à niveau du secteur privé. En plus de cet apport financier, la banque mondiale qui possède une antenne au Maroc profite de cette proximité pour analyser au peigne fin le niveau de développement du Maroc. Ceux qui suivent de prés l'évolution de l'économie nationale se rappellent de ce fameux rapport critique sur le Maroc élaboré par la banque mondiale en 1995. Le ton était si pessimiste et les clignotants étaient tous au rouge que feu S.M. Hassan II avait émis sa célèbre phrase : le Maroc est au bord de la crise cardiaque». La BM qui joue le rôle aussi d'organe d'audit externe, était à l'origine en compagnie du Fonds monétaire international du plan d'Ajustement Structurel (PAS) au début des années quatre-vingt. Un plan d'austérité déclenché par l'aggravation des déficits budgétaire et commercial qui caractérisaient la gestion de notre économie à l'époque. Depuis, ce plan a réussi à remettre sur les rails les équilibres macroéconomiques, mais a enfoncé davantage les disparités sociales dans les profondeurs de la misère. Il fallait faire un choix pour renflouer les caisses de l'Etat grâce aux emprunts accordés par la BM et le FMI tout en sachant que le poids de la dette extérieure risque de faire encore plus mal en perspective. C'est ainsi que depuis 1995 et après le choc du rapport alarmant de la BM, le Maroc a été contraint d'entamer le processus des réformes structurelles exigées par cette institution financière mondiale. L'Etat marocain s'est tenu à respecter ce cahier de charges moyennant le financement par la BM de 130 projets dont le montant a atteint jusqu'en 2002 prés de 7,5 milliards de dollars. Ce programme institue des priorités du développement du citoyen par la lutte contre l'exclusion de toutes sortes, l'alphabétisation et l'égalité entre les sexes. Il vise naturellement à promouvoir le développement économique du pays, à soutenir le gouvernement dans les secteurs où l'Etat est le plus vulnérable et la rationalisation de la gestion publique à travers des réformes ciblées. C'est dire qu'il s'agit d'un vaste programme qui englobe tout à partir des réformes de l'éducation nationale, de l'administration et de la justice, mais qui s'étend aussi à la mise à niveau du secteur privé, de l'industrie, des télécommunications, de restructuration et de la privatisation des offices comme l'ONCF. Ce plan inclut aussi la gestion de l'eau, le développement du monde rural, la lutte contre la sécheresse, la pêche et le tourisme. Tout passe sous le billard de la BM y compris la politique monétaire du gouvernement et l'affectation des recettes engendrées par la privatisation. L'audit externe représenté par la banque mondiale est souvent rassemblé dans un rapport périodique détaillé dans lequel on trouve le suivi des projets et l'évolution de l'économie nationale. Dans son dernier rapport daté du février 2002, la BM donne quelques bonnes notes au Maroc, mais ses analystes restent sceptiques sur la réalisation d'une croissance soutenue : « A politique macro économique inchangée, il est douteux que le Maroc puisse rapidement retrouver la voie d'une croissance soutenue et plus élevée. » D'autant plus, ajoute le rapport que la gestion budgétaire connaît une période difficile et reste un sujet de préoccupation. Mais l'institution financière mondiale reconnaît au gouvernement marocain l'accomplissement de plusieurs progrès. Le rapport cite notamment les progrès notables réalisés en matière de réformes structurelles et de réduction de disparités entre les milieux urbain et rural. L'équation demeure dans le gain d'efficacité dans l'emploi des recettes de la privatisation. Jusqu'à ce jour, seule la part réservée au fonds Hassan II a été capitalisée, à bon escient dans le financement de différents projets d'investissement. Ceci étant la visite effectuée par le directeur de la banque Mondiale, James Wolfenshon, dans notre pays sur invitation de S.M. le Roi Mohammed VI, augure d'un partenariat parfait. En tous les cas, les responsables de cette banque n'ont jamais raté une occasion pour louer les progrès réalisés par le Maroc dans l'application d'un programme à moyen et long terme. Le président de la CGEM, Hassan Chami qui a eu un entretien avec M. Wolfenshon a qualifié cette rencontre de fructueuse : « nous avons eu une discussion très poussée et cordiale avec le directeur de la BM qui a tenu à voir les opérateurs économiques en premier lieu. Nous avons évoqué tous les sujets liés à notre économie y compris la conjoncture actuelle avec les réformes réalisées et celles qui restent à concrétiser. Nous avons constaté que M. Wolfenshon a la même vision que nous quand il interprète les chiffres et croit comme nous qu'autant les réformes sont rapides, autant le taux de croissance prendra une courbe ascendante. » En tous les cas, le fait que S.M. le Roi ait décoré le directeur de la banque mondiale du Grand Cordon du Wissam Alaouite, dénote une bonne note des relations entre le Maroc et l'institution mondiale.