Depuis l'avènement de la dernière crise financière internationale, les questions relatives à la stabilité financière et à la surveillance macroprudentielle ont été au cœur des préoccupations des autorités financières du Royaume. Aujourd'hui, les pays africains font face à plusieurs risques, dont notamment l'endettement souverain.
La dernière crise financière internationale a mis au devant de la scène le problème crucial de la stabilité financière. Ce sujet a d'ailleurs a été débattu, mardi 12 décembre, lors d'un symposium organisé par Bank Al-Maghrib (BAM). En préambule, le Financial Stability Board (FSB) a mis l'accent sur les nouveaux risques qui planent sur le paysage financier régional (Afrique) et international. Il s'agit, concrètement, de l'endettement souverain, la cybercriminalité et les ruptures technologiques (fintech, crowdfunding, cryptomonnaies…). C'est ainsi que cette instance bâloise issue du G20 a exhorté les autorités monétaires locales et régionales à être à cheval sur ces questions, surtout au niveau de la réglementation et la protection des investisseurs. «La crise des dettes publiques met sous le feu des projecteurs, et à juste titre, le niveau insoutenable qu'elles ont atteint dans nombre de pays et même les plus avancés, tels que le Japon, les Etats-Unis, ou encore l'Espagne», a indiqué Ciham Aktas, membre du secrétariat du FSB. Pour sa part, le wali de BAM, Abdellatif Jouahri, a rappelé que «les autorités monétaires marocaines (BAM, AMMC, ACAPS, MEF, ndlr) ont mené depuis maintenant plus de 5 ans un travail de fond pour mettre en œuvre les bases d'une surveillance macroprudentielle». L'expérience africaine A l'heure actuelle, le système financier africain connaît des évolutions importantes, qui imposent aussi bien aux régulateurs qu'aux établissements financiers de s'adapter pour faire face à l'émergence de nouveaux risques. «Au Maroc, le secteur bancaire a connu ces dernières années une forte expansion de son activité en Afrique, et est aujourd'hui présent dans plus de 26 pays du continent. Cette expansion n'est pas sans risques sur la stabilité financière au vu des menaces de contagion transfrontalière», a fait savoir Jouahri. La deuxième partie du symposium a été, justement, consacrée à cette thématique. Elle a été marquée par la présentation des expériences du Maroc, de l'Egypte et de la Banque Centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest (BCEAO) qui ont adopté différents modèles d'organisation. Deux points communs ressortent entre les 3 Banques centrales : un secteur bancaire prédominant dans le système financier. Il a été rappelé, dans ce sens, que le système bancaire marocain représente 67% du total des actifs du système financier, celui de l'Egypte 88% et 80% pour la BCEAO. Deuxième point commun, la nécessité d'une synergie entre les régulateurs. Les intervenants se sont accordés à dire que la coordination entre les différents régulateurs est plus que nécessaire, et ce pour assurer une viabilité du système financier dans sa globalité.
Bientôt une simulation de crise avec la BCEAO
Le directeur de la Surveillance macroprudentielle de BAM, Halim Jadi, a annoncé qu'un exercice «transfrontalier» de simulation de crise financière sera conduit fin 2018, en collaboration avec la BCEAO et la Banque mondiale. Tout en rappelant que cet exercice a pour but de montrer si le traitement de l'information, le fonctionnement des procédures ainsi que la prise de décision par les autorités financières sont appropriés en temps de crise. ■