Plus de 700.000 m? de surface commerciale additionnelle sont en cours de réalisation d'ici 2015. Les dépenses commercialisables, estimées actuellement à près de 350 MDH, atteindront 950 MDH à l'aube de 2020. Le nombre des Grandes Surfaces Alimentaires (GSA) a été multiplié par 7 en 10 ans, passant de 14 à 103 points de vente entre 2000 et 2010. Tour d'horizon avec Tarik Hajji, en charge de la Direction du commerce et de la distribution au sein du ministère de l'Industrie, du Commerce et des Nouvelles Technologies (MICNT). -Finances News Hebdo : Quel bilan dressez-vous du secteur de la grande distribution au Maroc pour ces dernières années? -Tarik Hajji : Un bilan très positif au regard des investissements réalisés, de la valeur ajoutée et des emplois générés. A titre d'illustration, les Grandes Surfaces Alimentaires (GSA) ont connu un essor remarquable durant cette dernière décennie. En effet, leur nombre a été multiplié par 7 en 10 ans, passant de 14 à 103 points de vente entre 2000 et 2010. Ce segment a réalisé en 2010 un CA de plus de 12 MDH, développant une superficie totale de plus de 230.000 m2. Autre illustration : le CA réalisé par les grandes surfaces spécialisées (GSS) est en constante augmentation. Ce segment a réalisé en 2009 près de 20 MDH de CA. Au-delà des chiffres, la grande distribution a accéléré la modernisation du secteur. En effet, ce nouveau mode de commerce a permis de réaliser un saut qualitatif important en matière de diversification de l'offre produits, présente sur le territoire, à travers un réseau de points de vente moderne, respectant les normes d'hygiène et de qualité et utilisant des techniques jusque-là nouvelles (étalonnage, financement, marketing, animation commerciale...) orientées vers la satisfaction du consommateur. -F. N. H. : Quel est l'impact de ce secteur sur le PIB du Maroc? -T. H. : Le secteur du commerce et de la distribution est un secteur-clé de l'économie marocaine, puisqu'il réalise plus de 11% du PIB et emploie plus de 1,3 million de personnes, soit près de 13% de la population marocaine active. Le grand commerce (GSA et GSS) réalise un CA de près de 32 MDH, soit un peu moins de 10% du CA global du secteur, qui s'élève à 350 MDH. Nous pouvons présager que le poids de ce segment continuera d'augmenter au vu des investissements prévisionnels. En effet, plus de 700.000 m2 de surface commerciale additionnelle sont en cours de réalisation d'ici 2015. -F. N. H. : Comment expliquez-vous l'évolution et l'attractivité qu'a connues cette branche auprès des consommateurs marocains? -T. H. : Les enquêtes de terrain effectuées par le ministère de l'Industrie, du Commerce et des Nouvelles Technologies, auprès de 2.500 ménages, démontrent l'attrait des canaux de distribution modernes sur les consommateurs marocains. Plus de 70% d'entre eux souhaitent en effet le développement d'équipements commerciaux modernes. La grande distribution a su répondre aux exigences des consommateurs de plus en plus exigeants en termes de qualité, de diversité des produits et services. D'un autre côté, son développement a été soutenu par plusieurs facteurs en rapport avec l'amélioration du pouvoir d'achat des ménages marocains, l'urbanisation croissante, l'accès des femmes au marché du travail, …… qui ont impacté les mœurs de consommation, et ont généré une évolution favorable de la demande sur l'offre de services de la grande distribution. -F. N. H. : Croyez-vous que les grandes surfaces représentent un risque pour le commerce traditionnel ? -T. H. : Le CA réalisé par le secteur du commerce et de la distribution est appelé à croître rapidement. Deux raisons expliquent cette tendance : l'augmentation de la population et l'accroissement des dépenses des ménages. A ce titre, les projections réalisées par le MICNT montrent qu'en 2020 les dépenses commercialisables, établies actuellement à près de 350 MDH, seront de 950 MDH. Ce potentiel de croissance profitera à l'ensemble des segments du secteur du commerce et de la distribution. Par ailleurs, les consommateurs marocains souhaitent, dans leur grande majorité, la modernisation des canaux de distribution, et ne font pas de distinction entre le grand commerce et le petit commerce. A cet effet, et en vue de répondre aux attentes du consommateur, le MICNT a mis en œuvre depuis 2008, dans le cadre du plan Rawaj, un programme de mise à niveau du commerce de proximité. Ce programme ne se limite pas à moderniser le point de vente, il investit également dans la formation des commerçants bénéficiaires. -F. N. H. : Côté réglementation, y a-t-il des avancées prévues dans ce sens afin de mieux l'encadrer et éviter ainsi les dérapages qu'il connaît, notamment en terme d'ouvertures de magasins de manière aléatoire? -T. H. : Dans le cadre de Rawaj, le MICNT a défini, en partenariat avec le MHUAE, un schéma d'urbanisme commercial performant, prenant en considération les attentes du consommateur et des opérateurs. Ce dispositif a pour objectifs d'assurer une meilleure intégration des commerces dans leur territoire, et d'assurer un développement harmonieux et équilibré entre le petit et le grand commerce. Ce dispositif est fondé sur un organe de gouvernance et 3 outils d'aide à la décision. En ce qui concerne la gouvernance, il est prévu de mettre en place des Comités Régionaux du Commerce, qui seront habilités à planifier le développement du commerce, selon une vision consensuelle intégrée; instruire les dossiers relatifs aux grands projets préalables à l'autorisation d'urbanisme (permis de construire),mettre en place l'Observatoire Régional du Commerce, et enfin réaliser tout, les 5 ans un schéma régional de développement du commerce (SRDC). Ce dernier est le premier outil d'aide à la décision mis en place par le nouveau schéma d'urbanisme commercial. Le SRDC sera un document de référence, non opposable mais obligatoire, qui dressera les orientations majeures en termes de maillage et de densité commerciale par produit, sur la base d'un diagnostic approfondi du secteur et prenant en compte les attentes des consommateurs. Deuxième outil d'aide à la décision, la Commission d'autorisation préalable des grands projets aura pour mission d'instruire les dossiers relatifs aux grands projets sur la base d'un référentiel solide. Par ailleurs, la réforme prévoit de mettre en place un référentiel technique d'implantation des équipements commerciaux, adossé aux plans d'aménagement, fixant les normes et ratios techniques spécifiques au commerce, notamment ceux concernant les bâtiments, le stationnement et la circulation ainsi que l'accessibilité des personnes. Cet outil garantira une implantation harmonieuse du commerce dans le tissu urbain et optimisera la commercialité des équipements commerciaux, notamment en termes de visibilité et d'accessibilité. -F. N. H. : Quelles sont, selon vous, les actions à mener afin de permettre à cette activité d'évoluer et de pallier les différents problèmes qu'elle rencontre? -T. H. : Dans le cadre de la mise en œuvre du plan Rawaj, ce ministère a initié plusieurs projets visant à pallier les principales problématiques qui freinent le développement de la grande distribution. A ce titre, et en vue de doter le secteur de compétences qualifiées, le MICNT réalise en étroite concertation avec les opérateurs du secteur, le master plan de formation aux métiers du commerce et de la distribution. Ce master plan nous a permis à ce jour d'établir les documents préliminaires de base, nécessaires à la mise en place de 11 filières de formation pour les professionnels des secteurs du commerce et de la distribution. L'accès au foncier sera par ailleurs facilité à travers, d'une part la visibilité que donnera la mise en œuvre des outils d'urbanisme commercial, en particulier les SRDC et, d'autre part le master plan des Zones d'Activités Commerciales qui a permis de définir la cartographie des disponibilités foncières au niveau des régions pour les 5 à 10 années à venir. Ces zones de nouvelle génération destinées à accueillir des activités commerciales susceptibles de répondre aux besoins de consommation de masse, présenteront de vrais espaces de vie offrant des possibilités de shopping, de divertissement et de détente. Notre objectif est d'accompagner la réalisation de 7 nouvelles ZAC à l'horizon 2015. -F. N. H. : Le plan Rawaj étant mis en place afin de dynamiser le commerce en général, notamment la grande distribution, quel bilan dressez-vous suite à la mise en place de ce plan ? -T. H. : Le plan Rawaj s'adresse à l'ensemble des segments de commerçants. A ce titre, les projets lancés impactent aussi bien le petit commerce de proximité que le grand commerce. Concernant le petit commerce, il y a eu une nette accélération des réalisations depuis début 2011. A ce jour, plus de 8.000 commerces de proximité ont été modernisés à un rythme atteignant 1.000 points de vente par mois. Pour ce qui est de la promotion du commerce en réseau, ce département accompagne actuellement, en leur qualité d'entreprises championnes nationales, 16 enseignes marocaines opérant dans différents secteurs d'activités commerciales à développer leurs réseaux aux niveaux national et international. Sachant que les dossiers de deux enseignes supplémentaires sont en cours d'examen dans l'objectif de soutenir 25 enseignes marocaines à l'horizon 2012. Concernant le grand commerce, et comme dit précédemment, ce ministère a défini en partenariat avec le ministère?de?l'Habitat,?de l'Urbanisme et de l'Aménagement du Territoire, un nouveau dispositif d'urbanisme commercial permettant de fournir plus de visibilité aux investisseurs. De même, un master plan de zones d'activités commerciales a été réalisé, permettant de planifier le développement de grands commerces dans l'ensemble des régions. Enfin, le MICNT réalise actuellement, en partenariat avec les ministères de l'Intérieur et de l'Agriculture, le schéma d'orientation des marchés de gros des fruits et légumes. Dossier réalisé par L. Boumahrou & W. Mellouk