Le manque de démocratie, le non-respect des droits de l'homme, des conditions sociales déplorables marquées par un chômage élevé … tels sont les facteurs ayant conduit au printemps arabe. Plusieurs recommandations ont été émises et devront être appliquées pour dépasser cette situation. L'UE, en tant que premier partenaire dans la région, est plus que jamais appelée à soutenir ses voisins du Sud. Une nouvelle offre avec une rallonge budgétaire a vu le jour. Quelle stratégie doit adopter l'Union européenne vis-à-vis des pays voisins qui, pour la plupart, connaissent un mouvement populaire aspirant à plus de liberté et à plus de démocratie ? Il y a plusieurs réponses à cette question, notamment un travail de longue haleine mené par l'UE et ses partenaires de la rive Sud à la lumière du printemps arabe. Du côté marocain, la réflexion a fait l'objet d'un Forum organisé par l'institut Marocain des Relations Internationales, IMRI. Placé sous le thème «Le partenariat euro-méditerranéen à la lumière du Printemps arabe», le Forum vient d'élaborer ses recommandations. Il faut souligner qu'auparavant, les participants au Forum ont fait un diagnostic des causes des révolutions arabes qui ont bouleversé la région pendant le premier semestre 2011. Parmi les facteurs ayant conduit à cette tension dans le Monde arabe, le manque de démocratie et le non-respect des droits de l'homme, l'accaparement par certains dirigeants arabes de l'économie nationale au bénéfice de leur famille et entourage, l'extension du népotisme et de la corruption. A cela s'ajoutent des conditions sociales déplorables marquées par un chômage élevé surtout des jeunes, et des conditions de vie inacceptables. Ont été également cités l'inégalité dans la répartition de la richesse et le développement du mépris, Hogra, vis-à-vis des classes défavorisées. Charité bien ordonnée commence par soi-même Conscients que le travail doit se faire d'abord sur un plan interne propre aux pays arabes, les participants au Forum ont appelé à de nouvelles constitutions pour donner le pouvoir au peuple. Toujours sur le plan politique, le Forum recommande également l'organisation d'élections saines et transparentes permettant de parvenir à une majorité gouvernementale. Ce qui se traduira par la nomination d'un gouvernement qui dispose des pleins pouvoirs pour exécuter le programme pour lequel il a été élu. L'assainissement de la vie politique dans certains pays de la région passe également par l'élargissement des pouvoirs du Parlement qui doit seul exercer la fonction législative, et qui doit être doté de tous les moyens de contrôle de l'action gouvernementale. Les partis politiques ont également un rôle crucial à jouer dans l'après-printemps arabe mais pour cela, il faut passer par une réforme profonde de ces partis. Ils devront œuvrer côte à côte avec la société civile qui doit être désormais considérée comme acteur complémentaire de la vie politique. L'IMRI a appelé de son vœu à l'ouverture des frontières terrestres entre l'Algérie et le Maroc, et au renforcement de l'intégration maghrébine en revitalisant l'UMA. Cité comme facteur de tension dans les pays arabes, l'accaparement par certains dirigeants arabes de l'économie nationale au bénéfice de leur famille et entourage et l'extension du népotisme et de la corruption, ont également fait l'objet de recommandations d'ordre économique et social. Ainsi, le Forum a appelé à lutter énergiquement contre l'économie de rente et la corruption et à réformer l'Administration en général et la Justice en particulier. Le Forum a recommandé que l'une des solutions à mettre impérativement en action est l'éradication de l'analphabétisme et l'amélioration de la qualité de l'enseignement qui doit répondre prioritairement aux besoins de l'économie. Sur ce point-là, le Maroc a beaucoup de retard à rattraper par rapport à des pays voisins comme la Tunisie ou l'Egypte. La promotion de l'investissement productif et l'innovation, en accordant une place particulière aux PME, figure également parmi les recommandations préconisées sachant aussi que ces efforts doivent se traduire par la création de plus d'emplois, en général et au profit des jeunes, en particulier, et par la réduction de la répartition inégale des richesses. Et par là même, assurer à la population des conditions de vie meilleures en matière de logement, de santé, de retraite, et de couverture sociale qui doit être généralisée. Nouvelle approche pour la Politique de voisinage En tant que premier partenaire de la plupart des pays de la rive Sud de la Méditerranée, l'Union européenne a été la destinataire d'une liste de recommandations émises par l'IMRI dans le cadre du Forum «Le Partenariat euro-méditerranéen à la lumière du printemps arabe». D'ailleurs, elle a été appelée à réviser son partenariat avec le Sud de la Méditerranée. «En effet, l'Union européenne traitait dans le passé avec les dictatures, se concentrait uniquement sur les questions économiques et se préoccupait surtout d'immigration, de sécurité et de lutte contre le terrorisme», soutient le Forum. Ce dernier lui propose une nouvelle vision basée sur un traitement différencié, qui doit encourager davantage les pays du Sud de la Méditerranée qui font le plus d'efforts en matière de démocratie, d'Etat de droit, de respect des droits de l'homme, d'égalité hommes-femmes. Pour ces pays, l'Union européenne doit accroître son aide financière, assurer un meilleur accès au marché européen pour les produits agricoles et industriels, favoriser l'intégration économique au marché intérieur européen, soutiennent les participants. Une grande partie des recommandations du Forum trouve réponse dans la nouvelle stratégie qui vise le renforcement des relations bilatérales et régionales entre l'UE et les partenaires de son voisinage présentée le 25 mai à Bruxelles. Ce nouveau gap dans les relations entre l'UE et ses partenaires, dont le Maroc figure en bonne place, a été précipité par les événements qui ont et qui continuent de secouer le Monde arabe depuis décembre 2010. Il fallait donc analyser la situation actuelle, modifier l'approche de l'UE pour intégrer les mutations profondes que connaît actuellement le Monde arabe. Dotée de fonds supplémentaires, la nouvelle Politique de Voisinage (PEV) vise à favoriser l'enracinement durable de la démocratie et le développement d'une économie solidaire chez les partenaires avec comme base davantage de responsabilité mutuelle. Pour atteindre ses nouveaux objectifs ambitieux, la PEV sera dotée d'un budget supplémentaire de plus d'un 1,242 milliard d'euros de dons en complément aux 5,7 milliards d'euros déjà alloués pour 2011-2013, auxquels s'ajouteront 1 milliard d'euros de prêts additionnels de la Banque européenne d'investissement. Par ailleurs, la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD) verra ses activités étendues à la Méditerranée avec un volume de prêts potentiel de 2,5 milliards d'euros par an. Mais le plus important à retenir est que l'UE est prédisposée à accompagner les pays ambitieux et les soutenir chaque fois un peu plus au fur et à mesure qu'ils avancent vers l'Etat de droit et l'instauration de la démocratie. Dosier réalisé par S. Es-Siari & I. Bouhrara