En marge des Assises de l'industrie, sept conventions ont été signées. Le Pacte pour l'Emergence industrielle peut constituer un accélérateur de la croissance, mais cela n'empêche que des obstacles continuent à se dresser. Le climat des affaires laisse toujours à désirer. Face aux enjeux d'une économie globalisée qui évolue rapidement, comme en témoignent les transformations des secteurs industriels, les Hautes Orientations du Souverain nous incitent à relever les défis et à tirer le meilleur parti des atouts dont jouit notre économie. Le Pacte pour l'Emergence industrielle se veut ainsi un moyen de concrétisation. En effet, face à ces nouveaux challenges, les acteurs publics ou privés sont appelés à œuvrer d'arrache-pied pour créer dans notre pays les richesses et les emplois qui offriront aux citoyens de meilleures opportunités de développement humain. La seconde édition des Assises de l'Industrie, tenue jeudi dernier, se veut une occasion de dresser un bilan d'étape du Pacte national pour l'Emergence industrielle. En guise de rappel, ce Pacte pour l'Emergence mobilise et coordonne les actions de l'Etat et des opérateurs économiques. Il vise à construire un secteur industriel fort et à créer un cercle vertueux de croissance.L'Etat et le secteur privé ont scellé ensemble ce Pacte en formalisant un contrat-programme couvrant la période 2009-2015. En consolidant dans un document unique leurs engagements mutuels, les partenaires espèrent apporter à l'ensemble des investisseurs la visibilité nécessaire sur ce que sera l'industrie marocaine de demain. Cette formule contractuelle est également une garantie de bonne exécution des mesures décidées, en assurant la mobilisation de tous autour d'actions précises, concrètes, concertées et budgétisées. Le contrat-programme vise à définir un cadre de développement comprenant toutes les activités industrielles, y compris celles dites d'offshoring. Sont exclues, par contre, les industries liées aux produits de la mer et à la chimie-parachimie, secteurs traités par ailleurs. R. Chami fait le point En passant en revue les différents secteurs, on remarque que celui de l'offshoring a affiché une dynamique très positive à l'international, avec un développement d'environ 25% par an. D'après A. R. Chami «dans l'espace francophone, principale cible du Maroc, les mouvements d'offshoring sont très importants». Mieux encore, les perspectives de développement du secteur sont favorables au Maroc avec des potentiels reconfirmés autour de 100.000 emplois d'ici à 2015 et un chiffre d'affaires prévisionnel de plus de 20 Mds de DH, soit une création d'environ 70.000 emplois et une croissance de 13 Mds de DH du PIB sur la période 2009-2015. Aussi, le secteur automobile a connu au cours des cinq dernières années un fort développement au Maroc sur les deux fronts équipementier et constructeur. Il présente des opportunités encore plus importantes pour la prochaine décennie. D'après les propos du ministre de l'Industrie, le Maroc a connu la plus grande discontinuité industrielle en Afrique avec l'implantation d'un site d'assemblage majeur de 400.000 véhicules par an à terme. Ce projet d'un milliard d'euros d'investissements devrait créer, à terme, près de 36.000 emplois directs et indirects et contribuer au développement massif et accéléré de l'industrie automobile marocaine. Tenant compte de ces potentiels de développement majeurs, l'Etat marocain s'engage à mettre en place des mesures concrètes permettant au pays de s'ériger en future base industrielle du secteur automobile international. Des efforts ont été également consentis au niveau des métiers mondiaux du Maroc tels que l'Aéronautique et le Spatial. En vue d'attirer les investisseurs du secteur aéronautique et spatial et des industries de pointe, et plus particulièrement les PME qui constituent l'essentiel du vivier industriel, les parties s'accordent sur la nécessité de développer une offre attractive assurant une nouvelle compétitivité à la destination Maroc. En vue d'y parvenir, l'Etat s'engage à mettre en?place?une?offre?Maroc Aéronautique et Spatial. Une telle offre s'articule autour de trois volets : un cadre incitatif et attractif via le statut de zone franche et des aides à l'installation à hauteur de 10% du montant total de l'investissement, un dispositif de ressources humaines qualifiées, un système d'aide aux opérateurs dans leurs efforts de formation à l'embauche… Par ailleurs, l'Etat s'engage à sensibiliser les acteurs du secteur bancaire à mettre en place une offre de financement en adéquation avec les besoins des entreprises cibles. En marge des Assises de l'industrie, sept conventions ont été signées. Des écueils à éviter Ces efforts consentis n'ont pas empêché le président de la Banque mondiale d'exprimer clairement ses préoccupations. R. Zoellich a laissé entendre que le Maroc a encore du pain sur la planche afin d'asseoir sa croissance sur des bases solides. Il demeure cependant sceptique quant aux réalisations enregistrées en milieu rural faisant allusion aux disparités locales qui restent trop criardes. Mais d'après le patron de la Banque mondiale, les plans sectoriels lancés par le Maroc, dont le programme Emergence, peuvent constituer un accélérateur de la croissance tant prônée. Le climat des affaires, et malgré les efforts déployés, constitue le principal écueil de l'investissement au Maroc. La lourdeur bureaucratique avec pour toile de fond une Justice qui laisse à désirer, pèse de tout son poids sur l'investissement. «Porte d'entrée de l'Europe pour les entreprises asiatiques, le Maroc est appelé à faire preuve de plus de réactivité et à saisir les opportunités qui se présentent», c'est ce que l'on peut retenir de l'intervention de D. Barton, président de McKinsey. Le ministre de l'Industrie a pour autant reconnu que le foncier constitue une véritable problématique qui se dresse face à la concrétisation du schéma des plates-formes industrielles intégrées. L'autre écueil et qui n'est pas des moindres : la formation. Ce problème, on le rencontre souvent dans le secteur de l'offshoring. Dossier réalisé par S. E. & I. B.