Une note dinformation émanant du Haut commissariat au Plan, relative à la situation dembauche au Maroc durant le deuxième trimestre vient dêtre publiée. Lecture en chiffres. La note dinformation du Haut commissariat au Plan concerne le deuxième trimestre 2004. La création nette demplois sest établie à 86.000 nouvelles embauches. Ce chiffre est le résultat dun gain de 125.000 emplois en milieu urbain et dune perte de 39.000 emplois en milieu rural. Lévolution favorable de lemploi urbain sexplique principalement, selon la note, « par laccroissement des effectifs employés dans les secteurs de lagriculture, forêt et pêche (+14,3%), de lindustrie (+3,9%) et des services (+2,4%), en particulier les branches du commerce, de la restauration et hôtellerie et de lAdministration générale ». Dans les villes, le secteur privé a été le principal pourvoyeur des nouveaux emplois, avec une contribution de lordre de 87,9%. Autrement dit, lEtat ne se considère plus comme une locomotive principale pour la lutte contre le chômage. Ce dessaisissement de sa vocation essentielle demeure inexplicable de la part des pouvoirs publics dans la mesure où la majeure partie des demandeurs demploi sont issues des instituts et centres de formation publics. La note dinformation du Haut commissariat au Plan ne fournit, de sa part, aucune lueur despoir concernant cet état de fait. Elle se contente de chiffrer les victimes de lexclusion du marché du travail. Ainsi, « il y a lieu de noter peut-on lire que la hausse du chômage durant cette période a été un phénomène masculin. En effet, le taux du chômage est passé, au niveau national, de 10,6% à 11,8% chez les actifs masculins (de 16,8% à 18,1% dans les villes), alors quil a régressé de 12,6% à 10,9% chez les actifs féminins (de 27,0% à 23,7% en milieu urbain) ». Cette différence peut paraître, dun certain point de vue, comme étant illusoire. Autrement dit, les femmes qui demeurent sous-payées par rapport aux hommes, acceptent « tout ce que les partons leur proposent ! ». Du coup, la question du chômage ne semblerait plus comme étant intimement liée aux demandes du marché du travail. Elle traduirait plus la carence dune volonté réelle de la part des employeurs à rester dans les limites légales des salaires quils offrent. Ce qui frappe encore davantage, comme le souligne la note dinformation du Haut commissariat au Plan, cest que « cette progression du chômage a touché essentiellement les jeunes âgés de moins de 35 ans et les actifs ayant un diplôme ». Cest-à-dire que le diplôme est une source de lexclusion du marché du travail, au lieu dêtre un atout déterminant pour une meilleure insertion. Ce constat amer confirme que la question des salaires, et non le diplôme, est un facteur important pour rendre compte de la possibilité de trouver un emploi. Plus le salaire est bas, plus les chances, pour le demandeur, dêtre embauché deviennent réelles. Le résultat, comme le note le Haut commissariat au Plan, est que « Face à linsuffisance du niveau demplois rémunérés créés et son tassement, la population active en chômage sest accrue de 63.000 personnes (+5,1%), passant ainsi de 1.233.000 à 1.296.000 chômeurs entre le deuxième trimestre de 2003 et celui de 2004 ». Il y a lieu de constater que face à linsignifiance de certaines rémunérations qui sont proposées aux jeunes diplômés, la majeure partie de ces derniers « préfère » ne pas accepter certains postes. La durée du chômage, autre point crucial, na pas été relevée par la note dinformation du Haut commissariat au Plan. Le département de A. Lahlimi a en effet hérité dune longue tradition de non-communication quil ne pourra résoudre du jour au lendemain. Cette notion de durée de chômage est importante chez nous dans la mesure où elle ne se compte pas en mois ou en trimestres mais en années. Les attentes des jeunes diplômés qui ont souffert dune longue période du chômage ne se situent plus dans ladéquation profil-emploi. Le résultat est que la demande dinformation sur le marché de lemploi se substitue à celle dune recherche du travail. Dailleurs, la dernière enquête de Manpower avait révélé que « 73% des jeunes diplômés (dont 83% duniversitaires) se déclarent prêts à effectuer une mission dintérim pour un premier emploi, alors que 35% ayant un Bac + 2 refusent encore une mission dintérim pour un premier emploi ». Probablement, les journées longues du chômage leur apprendront quau Maroc les postes sont créés non pour lutter contre le chômage, mais pour aggraver les charges sociales des entreprises afin de payer moins dimpôts !