Mise à niveau, mondialisation, relations avec les partenaires économiques, restructuration Les chantiers sont nombreux et gigantesques pour les opérateurs de lAmith. Leur récente AGO en témoigne. LAmith (Association Marocaine des Industries du Textile et de lHabillement) a tenu son Assemblée générale ordinaire le 15 juillet dernier, la toute première après le récent départ de Salah-Eddine Mezouar, son ancien président, appelé à prendre le portefeuille ministériel du Commerce et de lIndustrie. Les responsables de l'Association ont demblée rappelé, lors de cette AGO, la manière dont sest comporté le secteur du textile national dans un contexte mondial en pleine mutation. Ce contexte s'est caractérisé notamment par la montée en puissance de la Chine, en terme de parts de marché, au détriment dautres producteurs asiatiques (Hong Kong, Corée du Sud, Taïwan ) ainsi que de la majorité des pays méditerranéens à l'exception de la Turquie. Ce sont les producteurs dont la monnaie est étroitement liée au billet vert qui ont ainsi réussi à consolider leur compétitivité. La hausse des prix des matières premières s'est répercutée sur les prix de vente des produits finis. Dans un tel environnement, l'industrie marocaine du textile-habillement a ainsi affiché, en 2003, une légère progression de la production et des emplois ainsi quune stabilisation des exportations et des investissements. Efforts en direction de la Douane et de la CNSS Le secteur demeure également marqué par une forte dépendance des marchés traditionnels que sont la France, lEspagne et la Grande-Bretagne, avec une prédominance de l'offre liée à trois produits : le pantalon, le tee-shirt et le pull-over. Il faut rappeler que le bureau national de l'Amith a, sous la présidence de Salah-Eddine Mezouar, consacré l'exercice écoulé à une masse de travail intense et ininterrompue. Afin de rompre avec la sous-traitance et pour mieux développer le «sourcing» en vue d'être plus compétitif, l'Amith a entamé au cours de cette année un travail intense de structuration et d'initiation de grands chantiers. L'Association a ainsi veillé à améliorer ses relations avec l'ADII (Administration des Douanes et Impôts Indirects) et la CNSS (Caisse Nationale de Sécurité Sociale). Les actions ont consisté en une mobilisation étendue afin de trouver des solutions dans le cadre du nouveau Code du recouvrement des créances publiques. Pour ce qui est de la Douane, l'Amith a veillé à trouver des solutions pour les dossiers en souffrance et sensibiliser les pouvoirs publics pour obtenir une baisse des droits de Douane, l'objectif étant de permettre à ces entreprises de se concentrer sur l'avenir, la réorganisation, la satisfaction des clients et la recherche de nouveaux débouchés. Il faut ajouter à cela l'Accord-Cadre, conclu le 23 août 2002 par l'Amith avec le gouvernement, et prévoyant des mesures pour soutenir la compétitivité des entreprises durant trois années. Toutes ces actions ont permis à l'Association des textiliens de tracer des objectifs stratégiquement prioritaires. Concours déterminant des fonds spécialisés Ainsi, sur le plan social, l'Amith s'est fixé comme horizon de passer d'une situation de perte d'emplois à une dynamique de sauvegarde et de création des postes de travail. Ainsi, daprès Jabril Tazi, responsable du Pôle Communication, «en 2003, les réalisations ont dépassé les engagements de l'Association». Sur le registre économique, le groupement a bien rempli ses engagements. Il a pu notamment élaborer une stratégie pour le repositionnement de l'industrie textile marocaine au cur du processus de changement exigé par le nouvel environnement international et par l'évolution des marchés. LAmith a par ailleurs uvré à promouvoir l'image du secteur à travers une communication ciblée tant au niveau national qu'international. Tazi estime, à cet effet, que les fruits de ces démarches commencent à devenir palpables au niveau des agrégats économiques du secteur. Il s'empresse également de préciser qu'en 2003, les réalisations ont dépassé les engagements en terme d'exportation. Cest le résultat, entre autres, de la redéfinition de la stratégie de promotion et de lamorce de nouvelles démarches plus offensives et plus pro-actives. En matière d'investissements, l'Association a lancé une campagne de promotion des investissements créateurs de valeurs ajoutées et de richesses aux échelles nationale et internationale. Cette campagne a donné des résultats à travers la concrétisation de certains projets importants pour le secteur. Les mesures initiées en vue dencourager les flux des investissements sont significatives de cet effort : prise en charge par le Fonds Hassan II de Développement Economique et Social de 50% du coût du terrain plafonné à 250 DH/ m2 et remboursement de 50% des charges patronales de sécurité sociale sur les salaires jusqu'à hauteur de 2.500 DH. Il reste beaucoup de pain sur la planche ! Dautres mesures ont été initiées avec, pour objectif, la mise à niveau du secteur, comme le montre lexpérience des fonds de restructuration textile tels que le Fortex, par exemple. Toutefois, cette action n'a pas généré tout leffet escompté à cause des réticences bancaires. À fin juin, en effet, une seule entreprise a eu l'agrément nécessaire ! L'Amith a également soulevé le problème du financement qui reste la grosse pierre dachoppement étant donné que les recettes des cotisation, seules, ne permettent pas de faire face aux objectifs de développement visés. Les efforts déployés par l'Association au cours de 2003 présentent un grand intérêt pour lensemble de la profession qui se débat dans les filets de la mondialisation. Mais il faut admettre que le secteur a encore beaucoup de pain sur la planche. Compétitivité oblige, les textiliens nationaux ont intérêt à faire de la co-traitance sils veulent réussir leurs challenges. Ils sont appelés à innover, respecter les délais vis-à-vis des donneurs d'ordre, faire de la qualité leur principal credo et rompre avec la prédominance de la notion «mono-produit, mono-marché». Le vrai développement est à ce prix.