Il abandonne sa carrière professionnelle d'ingénieur pour se consacrer à sa passion de photographe. L'artiste photographe, Brahim Benkirane, nous accueille chez lui pour nous parler de sa passion. - Finances News Hebdo : Vous faites partie des artistes qui participent à la rencontre artistique sous le thème «Nature & Paysage» qui se déroule à l'Espace d'Art Société Générale ; que pensez-vous de cette exposition ? - Brahim Benkirane : J'ai découvert l'Espace d'Art Société Générale lors de l'exposition précédente sous le thème «Corps et figures du corps». Et donc, j'ai été frappé par la diversité de ce qui était exposé, la diversité de disciplines aussi bien celles des peintres, des photographes et des sculpteurs, mais aussi une diversité des sensibilités qui s'expriment ; c'est aussi le cas de cette exposition «Nature & Paysage». À partir de là, on se rend compte que la personne qui a organisé cette exposition, Mohammed Rachidi, Responsable Mécénat Culturel et Directeur Marketing & Communication, a manifestement bénéficié d'un très grand champ de liberté. Puisqu'il va dans des directions diverses et complémentaires en réunissant des exposants de différentes disciplines. Il est également libéré d'une démarche commerciale, contrairement aux galeries d'art qui, bien entendu, doivent vivre par la vente des œuvres exposées. C'est en effet ce qui rend cette exposition unique du fait qu'elle est libérée des courants et des critères commerciaux. - F.N.H. : Votre parcours professionnel est très riche, mais on constate tout de même que vous avez opéré des changements de cap. A quoi sont dus ces changements ? Est-ce que vous ne vous retrouvez pas dans ce que vous faites, ou êtes-vous simplement une personne qui aime le changement ? - B.B. : Ce n'est pas un changement pour le changement, mais je pense que les revirements de mon parcours c'est plus une question de priorité et d'étape. Ce que je fais actuellement, notamment la photographie, est une passion que j'ai en moi depuis très longtemps. Une passion qui s'est développée en 3 phases : une première période où je n'ai pas exploité ces possibilités, puis une deuxième où je les ai exploitées à titre d'amateur et, enfin, la troisième période est celle où j'ai voulu franchir le pas et partager mes photos lors de ma première exposition en 1994 à Paris. Etant une personne qui ne fait pas les choses à moitié, je ne pouvais pas être à la fois impliqué et investi dans mon travail, dans ma famille et m'épanouir pleinement dans ma passion. Sachant que la partie qui souffrait le plus était ma famille, donc je ne pouvais pas laisser la photographie devenir une cause de frustration et de difficultés. Pour y remédier, j'ai inversé ma priorité en arrêtant mon travail de salarié chez Renault, il y a un an et demi, et je me suis lancé en autonome (freelance) en créant ma boîte de coaching avec ma femme, ce qui ma permis de consacrer plus de temps à la photographie. Donc, actuellement, je suis à la fois artiste photographe et coach d'entreprise en management. Pour moi, ce sont deux métiers qui se complètent, et forment ainsi deux pièces du puzzle qui se marient à deux fibres que j'active avec des expressions différentes. - F.N.H. : Durant votre jeunesse, vous étiez un passionné de courses automobiles, une passion que vous avez abandonnée suite à un accident en 1991. Juste après, vous vous êtes mis à la photographie ; est-ce qu'on peut dire que vous vous êtes réfugié dans la photographie pour échapper à votre passion pour l'automobile ? - B.B. : On est un peu la prolongation des rêves de nos parents. Ma passion pour les automobiles m'a été transmise par ma mère, tandis que celle de la photo l'a été par mon père, mais ce sont des rêves que j'ai pu rendre miens. Ce que vous dites est vrai. Chronologiquement, je me suis consacré à la photographie après la fin de la période de compétitions automobiles. Une passion qui prenait tout mon temps et m'isolait du monde extérieur ; en deux mots, je vivais en ermite. Contrairement à la photographie, qui était pour moi le mouvement inverse, où je devais aller vers les autres et là, on peut vraiment parler de revirement de situation. - F.N.H. : Lors d'une interview accordée à Finances News Hebdo en 2008, vous avez dit que vous étiez à la recherche, à travers de votre épanouissement, d'un équilibre entre ce que vous faites et ce que vous êtes ; l'avez-vous trouvé ? - B.B. : En effet, j'ai pu mettre en œuvre ce souhait que j'ai pu exprimer lors de cette interview qui date de 2 ans. Il faut dire que ça n'a pas été chose facile, mais ça en valait largement la peine. - F.N.H. : Est-ce que vous êtes toujours à la conquête de nouveaux horizons en sillonnant les coins les plus éloignés du monde ? - B.B. : Oui, mon dernier voyage date du mois d'avril dans les montagnes du Sud de Marrakech, dans le massif du Toubkal. Ça peut paraître pas loin mais, en réalité, c'est un vrai dépaysement. Un autre mode de vie qui est très loin de notre vie de citadin et ça me réjouit puisque c'est l'univers où je produis le plus en terme de photos. - F.N.H. : Dernièrement, vous avez publié votre premier livre «Seuls». Parlez-nous de cette nouvelle expérience ? - B.B. : Cette expérience a été un rêve pour moi, un rêve que j'ai décidé de réaliser en mettant mes ambitions juste au niveau; autrement dit, j'ai choisi un seul thème «Seuls» qui, pour moi, a marqué beaucoup les esprits. Je fais beaucoup de photos de personnages seuls, et je me suis rendu compte que dans beaucoup de ces images, les personnes dégageaient des expressions et des sentiments très riches et divers autour de la solitude. En quelque sorte, ce livre raconte la solitude des personnes dans toute sa dimension et ses significations. En résumé, ce livre compte beaucoup pour moi, il me permet de matérialiser mon travail et diminue la sensation de vide que je ressens après la fin de chaque exposition. Il me permet également de rayonner, chaque fois un peu plus. w F.N.H. : Est-ce que vous emportez toujours votre appareil avec vous ? w B.B. : Non, je ne suis pas de ceux qui sortent toujours avec leur appareil, c'est plutôt par période. - F.N.H. : Vous gardez toujours votre style d'image en noir et blanc, pourquoi ? - B.B. : Les photos en noir et blanc me permettent d'emporter les gens vers l'imaginaire, ça leur permet de rêver et de compléter l'histoire à leur manière. - F.N.H : Quels sont projets ? - B.B. : J'expose au mois d'avril à Casa Del Arte sur le thème de l'architecture vue à travers mes yeux. C'est une exposition qui reflète, en quelque sorte, la relation entre l'homme et l'architecture. J'ai d'autres projets en vue, mais je préfère ne pas en parler. Propos recueillis par L. B. (stagiare)