Il fut un temps où Brahim Benkirane, le secrétaire exécutif de Renault Maroc, ne savait pas comment se présenter aux gens. Il faut reconnaître quil fait tellement de choses à la fois que cest difficile de tout faire tenir dans un CV. «Maintenant, je me présente comme ingénieur, coach et photographe !». Voilà de quoi dévoiler en partie toutes ses «composantes». «Je suis né à Paris et jai grandi à Casablanca de père ingénieur, physicien, informaticien et de mère anesthésiste». Enfant introverti, très réservé et timide, Brahim Benkirane rêvait de devenir pilote davion ou de voiture. «Jai concrétisé mon rêve de pilotage automobile. Cest une passion qui ma pris de 1976 jusquen 1991. Jai décroché après avoir percuté un arbre. Ça a déclenché une succession dévénements qui mont amené au voyage, puis à la photographie». Sil a décidé de décrocher de la compétition automobile, il na pas pour autant laissé tomber sa passion : la voiture ! «Jaimais lauto et jai décidé dy travailler. Je voulais devenir ingénieur décurie de compétition. Jai frôlé la réussite et allais être engagé en tant que tel à la fin de mes études». Mais, en attendant, il démarre sa carrière professionnelle chez Renault après avoir fait ses études dans une école dingénieurs en industrie et obtenu un DEA de design industriel. «Jai hésité entre le grand groupe Renault et une petite écurie de course, et jai finalement opté pour Renault. Les cinq premières années, je me suis occupé dessais dendurance de voitures». Cétait une période très agréable pour ce fan de la mécanique. Il partageait son temps entre le bureau, les ateliers et la piste pour conduire, ce qui nétait pas pour lui déplaire. Et le week-end, il faisait des rallyes automobiles. Suite à larrêt de la compétition automobile, Brahim Benkirane a été amené à voyager et à souvrir à la curiosité de lautre. A ce moment-là, il avait vraiment décidé de rompre avec sa carrière dingénieur technicien pour aller vers la sociologie et lanthropologie. «Jétais prêt à quitter lentreprise pour reprendre mes études. Mais jy ai trouvé un service danthropologie quest le service recherche et étude clientèle». Et donc, pendant cinq ans, Brahim Benkirane sétait occupé détudes du comportement et de la motivation des clients de lautomobile. Un domaine qui lui a énormément «parlé», et «comme jétais ingénieur, ça me permettait de faire le pont entre le domaine de la psychologie et celui de lingénierie, puisque ce sont deux univers qui ne se parlent pas forcément. Je me suis retrouvé à méclater là-dedans. En parallèle, je me suis mis à la photographie qui était une chose que ma transmise mon père qui était passionné et avait son labo noir et blanc à la maison». Ce revirement de cap avait complètement changé la vision de Brahim Benkirane sur le monde, en passant dune vision assez intrinsèque à une passion qui lemmenait vers les autres et vers le contact, aussi bien lors des séances de prise de vue que lors des expositions. «Cest ainsi que jai commencé à exposer en 1994 à Paris et, depuis, cest quelque chose que jadore». Brahim Benkirane fera de lointains voyages, au Népal, au Kazakhstan, en Chine quil traduisait par la photo. «Ça montrait, à la fois, le côté différent de lautre et le côté humain et commun». Lidée quil propose dans son exposition est que cette diversité apparente dévoile finalement ce côté commun et cette universalité de lhumanité qui existent au-delà des différences. «Ça rejoint un peu ma situation de personne à la croisée de cultures différentes et jai pour rôle et utilité de jeter des passerelles entre ces différentes cultures». Brahim Benkirane se rappelle encore sa première exposition à Paris qui était axée sur le Kazakhstan. Le pays venait de recouvrer son indépendance en décembre 1991. Et lorsque des personnes de lAmbassade à Paris étaient venues visiter lexposition, elles lui dirent quil était le premier à faire une exposition photographique sur ce pays en France avant de lui souhaiter bonne continuation dans cet art qui raccourcit les distances. «Jétais très ému !». À cette époque, limportant pour lui était sa carrière et il était loin de simaginer marié et installé au Maroc. Jusquau jour où il rencontre sa femme qui le fera changer davis. «On a décidé de se marier, et cétait un bon choix, 14 ans après». Le couple sest tout de même donné quelques années pour préparer son retour au Maroc en 2000, avec ses deux enfants. Larrivée au Maroc sest traduite pour Brahim Benkirane par un changement dorientation professionnelle. «Quand je suis revenu à Casablanca, jai accordé la priorité à la réussite de la transition professionnelle et à ma famille». Ce qui la éloigné de cet aspect important pour lui quest la photographie. «Certes, je me suis débattu et jai organisé une exposition en 2003 à la Sqala. Mais après, je me suis laissé prendre dans mes fonctions professionnelles où jai découvert lunivers du terrain et du commerce, alors quà Paris javais des fonctions beaucoup plus dans la stratégie et dans la réflexion». Dans le Royaume, il a poursuivi sa carrière à Renault Maroc puisquil voulait continuer dans cette entreprise quil connaissait bien et qui le connaissait bien aussi. Et au bout de 7 ans, il était complètement embarqué dans ses fonctions commerciales. Mais il y a un an, il a laissé la place dans lorganisation et a pris une fonction qui lui a permis de relever la tête du guidon. « Jai pris le secrétariat exécutif de lentreprise. Une fonction très intéressante puisque je travaille en transversale avec mes collègues du comité de direction. Avec une bonne maîtrise, tout de même, de leur domaine dactivité puisque, entre temps, javais eu à occuper le poste de directeur du service après-vente pendant trois ans et celui de directeur du réseau commercial pendant quatre ans». Durant la même période, il sest formé au coaching, cest-à-dire laccompagnement des responsables dentreprise et de leurs équipes. Cette discipline, non seulement laide dans son rôle managérial au sein de lentreprise, mais rejoint aussi sa vision du monde et des autres qui sexprime par la photographie : « le coaching représente un autre terrain dapprentissage, dexploration et de remise en cause». Et pendant cette même année, cest-à-dire 2007, il a décidé de se remettre à la photographie. «Et ça paye puisque aujourdhui, en 2008, jen suis à ma quatrième exposition». Le thème de lexposition qui démarre ce jeudi est : Petit voyage vers lautre. «Comme pour beaucoup dentre nous, lautre est une énigme. Une énigme qui mintrigue, qui mintéresse et que jai envie de découvrir. Un autre que je trouve beau en témoignant de sa beauté ». Artiste à lâme sensible, il est également un acteur très dynamique. «Je suis membre de deux associations, cest un rôle important dutilité civique. Ainsi, je suis secrétaire général de lAIVAM et de lAMICA». Il faisait aussi partie du comité dorganisation de lAMT 2008, ainsi que de lAuto Expo 2008. Il est également en charge de la mise en place de lObservatoire de lautomobile. De même quil fait partie du comité dorganisation du Salon Auto loisirs 2009. «Jai en charge certains sujets qui vont être structurants pour le paysage automobile marocain de demain avec des enjeux comme la sécurité et lenvironnement. Évidemment, je fais partie dune équipe, et ça me plaît beaucoup de me retrouver à participer à ses efforts puisquà terme, cela aura un impact pour notre qualité de vie à nous tous. La voiture étant un objet assez central dans notre vie». Depuis deux ans, Brahim Benkirane ne lit plus que sur le coaching. Mais cest un passionné de littérature de voyage et de littérature russe. À côté dune vie professionnelle très remplie, Brahim Benkirane accorde beaucoup dimportance à sa vie de famille. Et elle le lui rend bien aussi. «Pour mes 40 ans, ma femme ma offert une guitare électrique. Cétait un fantasme et même si je ne joue pas correctement, je me debrouille et mes enfants semblent apprécier mes prouesses. Pas ma femme !», lance-t-il très enjoué. Dans la vie, sa motivation est de rendre heureux ses proches et, pour y arriver, il faut les gratifier de la qualité de sa présence. « Et pour cela, il faut que je mépanouisse à travers un équilibre que je retrouve entre tout ce que je fais et ce que je suis».