Brahim Benkirane, reporter photographe, a publié un livre de photos artistiques, à compte d'auteur, dans une démarche d'auteur en liberté comme c'est éventuellement le cas pour toute publication à compte d'auteur. Sauf qu'ici la qualité est au rendez-vous. Ce sont des photos en noir et blanc qui évoquent le voyage et la solitude. En toile de fond une histoire d'aventure humaine et de hasard. Les photos concernent une période de 1992 à 2009, une sorte de rétrospective. Elles évoquent des lieux aussi différents que la vallée de la Tassaout au Haut Atlas, le Népal, le Kazakhstan, la Chine. Pour l'auteur « la photo est d'abord un fabuleux moyen de rencontre ». Elle jette un pont invisible entres les êtres que le destin a condamné à une irréductible solitude de par le corps et l'histoire individuels autonomes et une solitude vis-à-vis de soi-même de par les possibles appropriations et réconciliations différées. Les photos montrent souvent des paysages, des lieux notamment dans des villes marocaines (Marrakech, Fès, Meknès, Casablanca) avec des silhouettes humaines solitaires. La solitude est la condition humaine la plus véridique et imparable. Elle peut être « solitude liberté » un état volontaire ou « solitude amertume » soit une condition subie. Les photos racontent le voyage vers une solitude épurée. Par contre elles peuvent et doivent briser la solitude en créant la communication. Le photographe communique lui avec le sujet pris en photo du fait même de cette action et avec le spectateur qui regardera ses photos. Cela crée une communication en ricochets. « Ces solitudes je les ai vécues » écrit l'auteur. « Il faut de l'émotion, il y a un dialogue entre l'humain et le lieu où la photo est prise » Brahim Benkirane a passé sa vie, la moitié au Maroc et l'autre moitié en France. Né dans une famille aisée, dans sa jeunesse il fut pris d'une passion pour les voitures et le sport automobile à tel point qu'il se prend à rêver faire partie d'une écurie de course automobile. Après l'émigration en France il s'est ingénié à trouver un poste à Renault ce qui lui a permis d'avoir une expérience envoûtante à force d'essais de prototypes de voitures. Il participe à des rallyes automobiles amateurs en région parisienne, et c'est là que commencent les soucis avec deux accidents automobiles. Le deuxième fut l'occasion d'un profond traumatisme à cause de fractures. Resté sans mobilité pendant une année il rêvait de Sahara. Il voulait aller au Niger dans le cadre d'un voyage organisé. Le voyage a été annulé à cause de troubles dans la région à visiter. L'agence de voyage lui propose par compensation une autre destination inattendue, le Népal entre l'Inde et le Tibet, un pays où il y a très peu de routes, des montagne escarpées, des vallées complètement enclavées chaque vallée ayant sa propre langue, ses coutumes et une façon différente de s'habiller. Ce contact avec ce monde approfondit la solitude du voyageur mais aussi le rend extraordinairement réceptif comme une éponge. « Ce voyage ça m'a permis de découvrir les autres, je me suis trouvé capable d'ouvrir les yeux, de dialoguer de partager j'avais un grand cahier où j'avais collé des photos. La photo c'était juste un passe-temps» La passion de la photo le prend. En 1992 il se met au noir et blanc. En 1993 autre voyage mais cette fois-ci seul en Asie Centrale. « C'est un peu Gibraltar puissance dix ». Le site de transit des Russes et, bien avant, des Mongoles, des Perses, Alexandre le Grand, les paysages de l'ancienne route de la soie. Il en a résulté une exposition à Paris en 1994. Il a effectué d'autres expositions notamment en 2003 exposition au Maroc « Image d'un Maroc imaginaire » à Casablanca. « Seuls », livre de photographies de Brahim Benkirane