* L'appréciation des risques catastrophiques en Afrique et leur cartographie, y compris celui de la sécheresse, débatues. * Le partenariat public/privé, la coopération internationale et d'autres solutions innovantes sont au cur des discussions. Cest le mardi 14 novembre que la SCR a organisé, en collaboration avec la Banque mondiale et l'Organisation Africaine des Assurances, un séminaire sur l'assurance et la réassurance des risques de catastrophes naturelles en Afrique. Ce rendez-vous est devenu presque incontournable entre pays africains afin de suggérer des solutions adéquates et de limiter du mieux qu'ils peuvent les dégâts humains et matériels liés à ces catastrophes. D'après les orateurs, cette conférence vient à point nommé parce que le continent africain n'est guère à l'abri. Pis encore, les études effectuées montrent que l'Afrique occupe le premier rang des pays exposés aux catastrophes naturelles. Mustapha Bakkoury, sous sa double casquette de Président de la SCR et de la FMSAR, s'est félicité de la tenue de ce séminaire qui se veut un moment fort pour les pays africains d'appréhender les risques difficilement quantifiables. Premier réassureur national, la SCR a initié plusieurs projets, et ce pour une meilleure garantie des risques naturels. Mieux encore, la SCR a mis, en collaboration avec la Direction des Assurances et de Prévoyance Sociale, un véritable dispositif universel basé sur la solidarité au profit des personnes démunies. Sur la période 1901-2005, le continent africain a connu pas moins de 65 tremblements de terre et 481 inondations. Al Hoceïma a connu un terrible séisme en 1960 et l'Algérie a subi deux séismes destructeurs en 1980. D'après Olivier Mahul, de la Banque mondiale, les catastrophes naturelles vont en s'accroissant avec leurs conséquences sur les plans économique et humain. « Cette situation est le résultat du réchauffement de la planète et d'une forte concentration des personnes dans les zones à haut risque », ajoute-t-il. Face à cette situation désastreuse, la Banque mondiale joue un rôle qui n'est pas des moindres. Celui-ci consiste à mobiliser les bailleurs de fonds afin de se procurer les ressources nécessaires et assurer une assistance technique et financière. Olivier Mahul insiste sur le fait que l'Afrique est le continent ayant bénéficié du plus grand nombre de projets, soit environ 140. Affirmant que la gestion post-désastre a des limites, le représentant de la Banque mondiale promeut la limitation des risques avant leur survenance à travers la mise en place de plans d'urgence. En ce qui concerne le financement, il repose sur le développement du marché domestique de l'assurance et sur un partenariat public/privé. Et ce n'est pas Ahmed Zinoun, Administrateur délégué de la SCR et Président du Centre Africain des Risques Catastrophiques (CARC) qui dira le contraire. Il interpelle pouvoirs publics, société civile et acteurs privés sur une problématique qui constitue une préoccupation mondiale. Ahmed Zinoun a par ailleurs mis l'accent sur l'ampleur des pertes liées aux catastrophes naturelles constituant une menace réelle et permanente sur notre continent où l'on a mis en évidence la défaillance de notre infrastructure de base. Le CARC est une entité de l'OAA créée lors de l'Assemblée Générale de l'OAA tenue à Tunis en juin 2004, en partenariat avec la CNUCED et la Banque mondiale. Sa mission consiste à coordonner les activités d'intérêt commun aux membres de l'OAA pour développer l'assurance et la réassurance des risques catastrophiques et promouvoir la prévention et la protection contre ces risques en Afrique. Depuis sa création, le CARC s'est mobilisé en assistant les pouvoirs publics et les compagnies d'assurance et de réassurance africaines dans le développement de produits et de programmes de couverture des risques catastrophiques, en aidant à la promotion des pôles de compétences africains dans les métiers directement liés au développement des risques catastrophiques ( modélisation des risques, tarification, réglementation, technologies d'information ) et en facilitant les partenariats interafricains et les coopérations internationales en offrant un lieu permanent d'échange d'expériences et de coopérations économique et technique. Sécheresse : un risque très fréquent en Afrique La sécheresse pèse de tout son poids sur le monde entier en général et sur l'Afrique en particulier. L'Afrique est le continent le plus affecté par la sécheresse après l'Inde et la Chine. De l'avis des orateurs, la sécheresse s'avère plus coûteuse que les ouragans ; et pour cause : ses répercussions sur le plan économique et humain sont très sévères. Pour un Etat comme les Etats-Unis, la sécheresse coûte 6 à 8 Md$ par an. Devant cette menace quasi récurrente, certains pays, en l'occurrence ceux développés, ont instauré des subventions au profit des agriculteurs afin d'alléger l'impact de la sécheresse. En 1972, l'Inde a institué une police d'assurance pour les récoltes essentiellement celles des céréales et du coton. Dans les pays en développement, y compris le Maroc, l'assurance liée à la sécheresse n'est pas très développée et les répercussions sur le plan économique sont très importantes. Les mesures préventives liées à la sécheresse demeurent insuffisantes face à son amplification et à sa fréquence.