* Les banques islamiques n'ont pas obtenu d'agrément des autorités de tutelle. * Elles doivent avoir un véritable projet industriel. * Les banques marocaines travaillent sur des produits islamiques mais n'ont pas le droit de les commercialiser. Les banques islamiques ont peu de chance d'ouvrir des succursales ou des agences au Maroc. Du moins dans le court et le moyen termes. Les autorités concernées manifestent peu d'intérêt pour ces organismes. Outre des banques étrangères, plusieurs banques islamiques, émanant notamment des pays du Golfe, ne vont pas recevoir leur agrément de BAM et du ministère des Finances. Abdellatif Jouahri est formel : «les agréments ne peuvent être donnés que pour les banques qui ont un véritable projet industriel, et qui vont utiliser les compétences et les expertises locales et faire participer les institutionnels nationaux». Jouahri a voulu insinuer que «les banques islamiques ne peuvent opérer que dans un cadre où les autres banques exercent». C'est-à-dire que les banques islamiques doivent proposer des activités financières conformes à la charia et proposer également des produits financiers non conformes au droit islamique. Ce qui est contraire à leur principe. Le Maroc reste d'ailleurs l'un des rares pays musulmans où il n'existe aucune banque islamique. Les demandes d'agrément ont commencé, il y a vingt ans, mais elles se trouvent bloquées au niveau des autorités de tutelle. Les banques marocaines travaillent sur des produits dits islamiques mais n'ont pas l'autorisation pour les commercialiser. L'ex- Wafabank a tenté l'expérience durant les années 80, mais son projet a été délaissé pour absence d'agrément. A la même époque, des fonds saoudiens et koweïtiens, voulant exercer leur activité selon la même formule au Maroc, ont connu le même sort. Actuellement, le holding émirati Emaar, qui est le principal chef de file du grand projet touristique et immobilier Amwaj pour l'aménagement de la vallée du Bouregreg avec des investissements de plusieurs milliards de dollars, attend toujours l'agrément pour l'ouverture d'une agence de banque islamique au Maroc. L'homme d'affaires et milliardaire saoudien Cheikh Kamel, propriétaire du groupe Dallah Al Barraka, est lui aussi intéressé par la création d'une banque islamique au Maroc. Le Maroc et le Qatar étaient dans des discussions avancées pour un tel projet. Mais la partie marocaine semble désintéressée par une telle option. Mais jusqu'à quand?, s'interroge-t-on dans les milieux financiers. La libéralisation du secteur financier est pour bientôt et les fonds islamiques pourraient accéder avec moins de complication au marché Pourquoi alors des pays dits laïques ont laissé libre cours à l'ouverture de banques islamiques, notamment la Grande-Bretagne et la Suisse et qui ont connu un succès notoire? Le Japon s'apprête à encourager ces établissements à opérer dans le pays pour profiter de la surliquidité générée par les revenus pétroliers des pays du Golfe. Les autorités monétaires marocaines craignent-elles une razzia de ces organismes à l'image de certaines mouvances politiques au point de concurrencer sérieusement les autres établissements financiers ? Selon un banquier de la place, «le taux de bancarisation au Maroc est encore faible, il frôle à peine les 26%. Les produits financiers ou bancaires islamiques pourraient inciter certaines franges de la population marocaine, très conservatrices et très réticentes à l'idée des taux d'intérêt, à opter pour cette formule. Une formule qui ne peut qu'avoir des effets bénéfiques, et ce à plusieurs niveaux, notamment sur l'épargne et sur les recettes fiscales». Pour rappel, BAM et le Groupement professionnel des banques du Maroc (GPBM) ont mené plusieurs réflexions pour mobiliser la catégorie d'épargnants réticente aux taux d'intérêt. Mais encore fallait-il trouver l'environnement adéquat, que ce soit des organismes spécialisés ou des organismes qui existent sur le marché. Dans le milieu des finances et de la Bourse, des fonds halal existent et sont gérés par des sociétés de renom de la place casablancaise à côté des autres fonds ordinaires. Le placement évite absolument les sociétés de financement, les banques et les sociétés de boissons alcoolisées. Le concept des banques islamiques a fait ses preuves dans certains pays. Les activités s'opèrent en parfaite coexistence avec le système ordinaire, celui de l'utilisation des intérêts. C'est le cas notamment de la Malaisie, de l'Indonésie et de Singapour où le système participe activement dans le financement de l'économie pour tous les secteurs confondus. Le système participe également dans une grande échelle à la mobilisation de l'épargne.