L'odyssée africaine des entreprises marocaines semble bien leur réussir. Le pari de l'Afrique, peut-être bien utopique à ses débuts, porte aujourd'hui ses fruits. En tout cas, pour la plupart, les entreprises qui ont tenté l'aventure subsaharienne… ne regrettent rien. Bien au contraire. Du Sénégal au Mali, en passant par la Guinée, le Congo, la Côte d'Ivoire ou encore le Cameroun, plusieurs filiales d'entreprises marocaines affichent une bonne santé financière, pour ne pas dire qu'elles contribuent valablement aux résultats consolidés des différents groupes. En allant brouter dans les prés africains, elles ont donc finalement fait le bon choix. Et à un moment où l'on parle de plus en plus d'intégration régionale, l'on se doute que les pionniers en la matière, ceux qui ont osé ce pari risqué, suscitent envie. Aujourd'hui, les plus en vue sont les gros mastodontes de l'économie nationale, à savoir Maroc Telecom, Attijariwafa bank ou encore BMCE Bank. Les deux dernières citées font néanmoins… plus de bruit. Certainement à cause du secteur au sein duquel elles opèrent. Mais davantage parce que leur développement en Afrique a été aussi fulgurant que spectaculaire. Et pratiquement similaire. Elles sont, en effet, toutes deux présentes dans les mêmes pays, quoique leur stratégie d'implantation reste foncièrement différente. Attijariwafa bank privilégiant d'emblée le contrôle pour asseoir sa stratégie de développement, BMCE Bank s'accommodant d'une prise de participation, avec éventuellement une montée progressive dans le tour de table. Les expériences exemplaires de ces banques marocaines en Afrique ont, toutefois, ceci de particulier qu'elles ont fait tomber un mythe historique, qui trouve ses racines dans la période coloniale : l'hégémonie quasi établie des banques françaises en Afrique. Pour autant, le bon air africain n'attire pas que les grosses pointures. Plusieurs entreprises marocaines, de tailles bien plus petites, ont flairé le filon et ciblé cette nouvelle niche de croissance. Car, quoi qu'on dise, elles ont du savoir-faire et de l'expertise à revendre dans des pays où tout, ou presque, est à faire. IB Maroc ou encore Sothéma sont de celles-là. N'y a-t-il cependant que des expériences réussies en Afrique ? Oh que non ! Les échecs sont bien peu médiatisés. Ils donnent une bien mauvaise image. Et s'ils ne sont pas bien gérés, peuvent flirter avec l'incident diplomatique. En cela, quoique citée en exemple, la coopération entre le Maroc et le Sénégal a connu des périodes pour le moins tendues. Et il a fallu faire preuve de beaucoup d'intelligence et de présence d'esprit pour faire tomber le vent frais qui a circulé, un moment, entre les deux pays. En cause, le retrait de la Comanav du tour de table de société maritime Somat, mais surtout la douloureuse rupture du partenariat entre Royal Air Maroc et Air Sénégal International qui a causé des dommages collatéraux appréciables. Mais bon, on ne peut faire d'omelette sans casser d'œufs. Tout comme le Maroc, l'Afrique subsaharienne a ses réalités auxquelles il faut savoir s'accommoder. Des réalités qui peuvent être parfois fort troublantes. Pour ne pas dire inquiétantes.