* La micro-finance s'adresse aux personnes n'ayant pas accès au système financier classique, donc aux personnes les plus pauvres. * Elle permet de financer généralement de petits investissements pour des foyers ruraux ou de petits commerces. * La plupart des organismes de micro-finance sont à but non lucratif. Lobjet de tout système financier est de mettre en relation les agents à excédents de capitaux avec les agents à besoins en capitaux. Les banques et les marchés financiers remplissent généralement parfaitement ce rôle en permettant d'offrir des financements ou des placements à de nombreuses entreprises ou individus, en particulier dans les pays occidentaux mais aussi, comme l'actualité le démontre tous les jours, en Chine, en Turquie, dans le Golfe ou en Afrique... Comme toute organisation, le marché financier ou le système bancaire a ses coûts de fonctionnement (approche des clients, étude des dossiers et montage, mise en place des fonds, gestion des remboursements, impayés et contentieux). Ainsi, en deçà d'un certain seuil, les frais d'intermédiation deviennent prohibitifs et donc inacceptables. Dès lors, un certain nombre d'agents économiques, les plus pauvres, sont exclus de facto du système financier qui ne s'intéresse pas à eux. Le paradoxe est que leur solvabilité réelle n'est probablement pas moins bonne que celle des autres emprunteurs et qu'ils permettent de construire plus facilement des portefeuilles mieux diversifiés, donc moins risqués pour les investisseurs. Muhammad Yunus, fondateur de la Grameen Bank au Bangladesh et qui a reçu le prix Nobel de la Paix, a concrètement démontré le contraire. Ce constat fait, certains se sont attelés à créer un système financier spécifique pour les délaissés du système financier classique : la micro-finance. À l'origine, il s'agissait bien de la création d'un système financier spécifique et non de l'élargissement du rayon d'action des banques qui, de toute façon, pensaient par ignorance que cette frange de population devait avoir un taux d'impayés très largement supérieur à la moyenne. La micro-finance s'adresse donc aux personnes n'ayant pas accès au système financier classique, donc aux personnes les plus pauvres. Cela recouvre une large part de la population des pays émergents mais également les personnes les moins aisées des pays occidentaux. La logique est la même, mais les montants des prêts ne seront pas identiques. Ainsi, si le montant moyen d'un micro-crédit au Maroc est d'environ 5.000 DH, il est supérieur à 1.000 euros en Europe de l'Est et de l'ordre de 2.500 euros en France. Les micro-crédits permettent de financer généralement de petits investissements pour des foyers ruraux ou des petits commerces. Les prêts sont généralement à court terme (ce qui permet de limiter le risque pour le prêteur), mais peuvent être renouvelés, éventuellement avec des montants supérieurs pour les bons payeurs. Bien évidemment, l'ambition de la micro-finance n'est donc pas de résoudre à elle seule l'ensemble des difficultés des pays émergents. Aussi, les institutions de micro-finance n'ont pas vocation à financer les infrastructures qui sont nécessaires au développement du pays. Le développement de la micro-finance doit donc se faire en complément des autres initiatives pour le développement. Néanmoins, il est indéniable que la micro-finance permet d'améliorer les conditions de vie des plus pauvres et contribue à «amorcer la pompe du développement». La relation entre aide au développement et micro-finance n'est pas évidente et l'identification de la micro-finance à la finance classique ne va pas non plus de soi. En effet, même si les taux de recouvrement sont très élevés (au regard des systèmes financiers classiques), les coûts de fonctionnement des institutions de micro-finance sont sensiblement plus élevés que ceux des banques pour des prêts classiques : le nombre de dossiers à traiter pour un même montant prêté est beaucoup plus important, la distribution des services est plus complexe (populations plus disséminées sur le territoire, ...). Donc, malgré des taux d'intérêt relativement élevés, peu d'institutions de micro-crédits au monde sont profitables (environ 200). Cela tombe bien, la plupart des organismes de micro-crédit sont à but non lucratif (associations, fondations, ...) et ceci explique cela. Les acteurs du micro-crédit sont en effet financés en large partie par des entités n'ayant pas d'exigence de rentabilité financière : les Etats (agences de développement, ...), les organisations internationales (Union européenne, Banque mondiale, BEI, ...) ou encore des organisations non gouvernementales. Les fonds issus de banques classiques, allant sur le marché de la micro-finance, le font généralement en sacrifiant une partie de leur rentabilité compte tenu de la dimension éthique de l'entreprise.