Depuis le début des années 80, on savait bien que l'avenir d'El Jadida était irrémédiablement scellé et que tous les indicateurs la prédestinaient à se positionner économiquement aux premiers rangs à l'échelle Nationale. Les maîtres des lieux qui se sont succédés à la tête de cette ville disposaient donc d'une belle longueur d'avance pour repenser ce qu'on appelait alors la coquette petite Deauville, pour cadrer son avenir dans une dimension beaucoup plus importante, afin qu'elle puisse être à la hauteur des nouveaux défis qui l'attendaient au détour. Aujourd'hui, et après prés de trente années de sursis, on a le sentiment qu'El Jadida vieillit mal et se tord toujours dans les labyrinthes de l'inachevé et du mal vivre. L'actuelle saison estivale, quoiqu'exceptionnelle, est tombée à point nommé pour dénuder les graves lacunes et les impardonnables défections d'une ville qui a fait beaucoup de bruit autour de sa notoriété en tant que destination balnéaire en puissance. Certes, les visiteurs se sont bousculé aux portes de la ville et ont accouru par centaines de milliers, venant des quatre coins du pays pour découvrir cette oasis à merveilles. Certes, la plage d'El Jadida a fait son plein au quotidien, allant jusqu'au débordement vers Sidi Bouzid, Haouzia et autres criques du paradisiaque littoral de la Province. Certes, l'animation a été au menu pour meubler les fraîcheurs de la nuit et sonner les clairons de la fête…mais pourrait-on pour autant avancer que cette saison estivale a été gérée à la hauteur de sa réputation et que le balnéaire pourrait représenter la clé de voûte de l'économie locale ? Loin s'en faut. Le balnéaire a ses propres règles et fait appel à beaucoup plus d'implication de la part des responsables qui sont censés être en mesure d'imaginer une politique de la ville en harmonie avec l'actualité des besoins. Ce serait faire preuve de beaucoup de légèreté, en estimant que le vrai balnéaire se sonde sur la base du nombre de visiteurs et des interminables défilés des véhicules. Aujourd'hui et à l'aune de ces nouveaux temps, le rituel des vacances se confirme en tant que culture à part entière, dont les exigences sont aussi complexes que multiples. Le tourisme de masse qui prend toute son ampleur durant la haute saison, n'est plus celui qu'on connaissait autrefois. Les mentalités et les habitudes ont évolué au rythme de la modernité et des vœux des nouvelles générations. Il faut bien souligner que les rêves ne durent que temps d'un léger sommeil. Et si El Jadida a prolongé assez longtemps son rêve de destination touristique par excellence tout en sommeillant profondément sur des lauriers virtuels, nous estimons qu'aujourd'hui, avant demain, les temps sont à l'urgence du réveil. Des centaines de milliers ont fait le pèlerinage à la capitale de Doukkala…combien d'eux se hasarderont à renouveler l'aventure ?