J'ai longtemps hésité à écrire cet article, moi qui ai toujours considéré la ville d'El Jadida comme un joyau unique, comme l'étoile de la mer, comme la fiancée de l'océan. Elle est trop belle, cette ville, toute simple, facile à vivre, avec une population si accueillante, si chaleureuse. Mais faut-il continuer à se taire, convient-il de fermer plus longtemps nos yeux , quand, aux rives de l'été, nous voulons présenter El Jadida, Capitale des Doukkala, à nos invités et flâner dans ses ruelles où toujours une surprise vous attend : ici, un sourire d'enfant comme un ange du paradis, là, une artiste qui avec sa vieille machine à coudre vous transforme une guenille en un habit tout neuf, là, une bicyclette qui, venant de nulle part, vous contourne sans que vous ayez eu le temps de la voir….et là, et là, et là… !Un plaisir à s'attarder dans ces venelles où l'on apprend vite à dater les maisons au vu de leur porte d'entrée ou leurs fenêtres. Où un verre de thé vous attend toujours, amical ! Sauf si vous vous aventurez dans cette rue, presque en plein centre, place Hansali, face au vieil immeuble Cohen dont les balcons n'en finissent plus de menacer de s'écrouler sur les passants, ( et- cela-sera-la-faute-à-qui ?) et juste derrière le nouvel immeuble ultra moderne dont on met la dernière main aux devantures de superbes magasins. Alors là, vous débouchez sur un véritable cloaque : Une mare putride, où s'accumule depuis des années, des bouteilles, des sacs plastiques, des déchets et des déjections de toutes sortes…Vous avez envie de fuir, de ne pas voir, de ne pas sentir…..De ne pas entendre ces voix qui grondent. Mais comment font les gens pour vivre aux alentours… ? Et tous ces gens de m'appeler pour me faire voir depuis leur fenêtre l'odieux spectacle qu'ils offrent à leurs enfants tous les matins que Dieu fait, en me racontant les mouches qui , après s'être repues des vermines qui y foisonnent , vont de l'œil d'un enfant aux lèvres d'un vieillard. Et les odeurs qui vous saisissent la gorge au point d'en vomir…Et la honte qu'ils ont d'inviter chez eux leurs amis….L'été est là, la chaleur ravivent les odeurs…. Je vois ces gens si désemparés, les larmes aux yeux, qui ne savent comment crier leur colère…mais crier contre qui ?...Je leur ai promis que je crierai avec eux. Et je voudrais que nous crions tous ensemble notre colère, notre indignation, que nous soyons Jdidis ou pas, mais simplement avec quelque chose qui ressemble à un cœur. C'est vrai que depuis des années, le problème est régulièrement porté sur la place publique mais il est toujours resté sans solution. Mais peu nous nous importe qu'il y ait des problèmes fonciers, ou autres querelles juridiques : il y a là une question de salubrité publique, de santé publique. De danger public. ( On m'a dit que des personnes s'y sont noyées). Et pour être cohérent avec notre ambition de faire d'El Jadida la perle de l'Atlantique, il est urgent de supprimer définitivement ce chancre pestilentiel. Cette fange immonde. Est-ce si difficile , en attendant que ces problèmes soient résolus, de combler cette fosse aux rats, en y déversant des camions de terre et de pierre, d'assainir les lieux, et d'en faire par exemple un parking ?….Ca serait rudement utile en ces temps de vacances où la population automobile s'accroit. Ou de planter trois arbres qui fleuriront sans doute avant la fin du litige…et cela ferait un beau petit jardin où nos petits vieux viendraient se raconter leurs souvenirs et les enfants partager leurs jeux… Indignons-nous, amis ! Faisons une pétition et adressons-la, s'il le faut, à Sa Majesté le Roi, si soucieux de la qualité de l'environnement. Et Ses nombreuses visites prouvent Son attachement à cette ville. El Jadida doit pouvoir être vraiment le joyau de l'Atlantique, l'Etoile de la mer, cette ville qui tient au cœur de tous ceux qui y habitent ou y ont habité. Qui passent ou qui vont passer. Indignons-nous tant que cette plaie béante, purulente, infestera le cœur d'El Jadida. Indignons-nous ! C'est un devoir.