La ville d'El Jadida vit une expansion et une urbanisation très accélérées. Ces développements se sont répercutés sur son trafic routier devenu, de plus en plus, dense Dans ce contexte le transport en commun, notamment, urbain peine à répondre aux besoins des citoyens. Cette problématique du transport, de plus en plus préoccupante, soulève, aujourd'hui, l'éternel problème des difficultés de la mobilité urbaine. Un enjeu de taille nécessitant une mise à niveau du secteur. Malheureusement, aucun effort n'est consenti par nos décideurs concernés pour compenser la faible structure du réseau routier et pour gérer les déplacements massifs des usagers du transport en commun. Surtout en la saison d'été où la pression devient plus grande. Secteur prioritaire et vecteur de développement socio-économique, le transport urbain, au niveau d'El Jadida et sa région, est confronté à de sérieux problèmes qui se répercutent sur les usagers. L'Etat de certains bus et taxis laisse, vraiment, beaucoup à désirer. D'anciens petits taxis continuent à circuler. « Normalement les taxis, toutes catégories confondues, sont soumis à un contrôle permanent de propreté et d'hygiène. Le contrôle devrait porter sur l'état du véhicule, le traitement préventif contre les insectes et les parasites et la suppression des odeurs désagréables. La tenue et la discipline des conducteurs devraient aussi être surveillées parce qu'elles valorisent davantage leur fonction auprès de la clientèle », confie un chauffeur de taxi. Et d'ajouter que les infractions de certains taximen nuisent à l'image de ce métier. Et c'est vrai, le secteur des petits taxis est un secteur qui vit dans l'anarchie totale. Les textes réglementant la profession pêchent par leur manque de clarté. Il ne jouit d'aucun souci de la part des responsables pour son organisation et sa réglementation par une mise à niveau des lois en vigueur. Les lois qui le régissent, actuellement, sont dépassés et incomplets. D'ailleurs, la circulaire n°122 du 5 octobre 1999 du ministère de l'Intérieur dénote, nettement, qu'il n'a jamais été l'objet d'une réglementation globale. De surcroît, Il ne bénéficie d'aucun code de travail et d'aucune sécurité sociale alors que le dahir de 1953 interdit le travail sans mutuelle. Soixante ans après, la situation n'a pas changé d'un iota. On la laisse pourrir davantage. Pourtant le secteur est reconnu être une première entreprise vu l'importance de ses investissements, de ses services et de sa capacité d'embauche. La situation actuelle est critique. Les lois qui le régissent sont dépassés et incomplets. Jusqu'à présent, on le laisse pourrir davantage. A voir cette négligence, on se demande qui tire les ficelles de ce dossier ? Pourtant, il se doit d'être un souci majeur en raison de sa relation directe avec le public. Les premiers à en souffrir sont, tout d'abord, ses employés exposés à divers et multiples périls au risque de leur vie par moments. Tels des esclaves, ils sont exploités à fond et sans réserve par leurs employeurs. Les centrales syndicales, auxquelles ils sont affiliés, devraient, normalement, défendre leurs causes. Mais paradoxalement, ces syndicats sont minés par les propriétaires – en fait des chauffeurs locataires d'agréments-. Et au lieu de discuter les vrais problèmes du secteur, ils défendent, seulement, leurs intérêts. Peut-on être, à la fois, juge et partie ? Les chauffeurs, devant cette situation anachronique, ne peuvent contrarier leurs employeurs. D'un autre côté, les chauffeurs des petits taxis sont loin de satisfaire leurs clients. Ces derniers sont, en effet, tout sauf «rois». Le déplacement quotidien des citoyens est devenu un supplice, et le mot n'est point exagéré. Ce qui se passe c'est que les «taximen» profitent de la non-application des textes en vigueur pour dicter leur propre loi. Ce sont eux qui imposent leurs itinéraires et chargent qui ils veulent. Surtout durant la période d'estivage. Plusieurs chauffeurs de taxis n'assurent que les courses qui les arrangent. Ils embarquent, très rarement, deux personnes ensemble. Quand on est trois, ils ne daignent même pas s'arrêter. Beaucoup pratiquent le délit de faciès et évitent les gens âgés ou ayant une tenue campagnarde ou portant des bagages. A quoi servent ces taxis, s'ils font la fin bouche ? Bref, tout le monde se plaint mais en vain. D'autre part, le taximètre a été banni alors qu'un arrêté gubernatorial est toujours d'actualité puisqu'aucun autre ne l'a annulé. Les chauffeurs imposent le prix qu'ils veulent. Si bien que le prix d'une course d'un même trajet diffère d'un chauffeur à un autre. L'usager ne peut que se résigner et se soumettre ou à se battre pour quelques dirhams en moins. S'ajoute à leurs déboires le comportement de beaucoup de chauffeurs voyous qui volent, insultent et ne respectent personne. Les chauffeurs se sont constitués en plusieurs syndicats. Vols, agressions, proxénétisme, vente d'alcool, de stupéfiants et de préservatifs (5 DH la pièce racontent des chauffeurs déconcertés) sont devenus monnaie courante chez certains des chauffeurs malfrats spécialistes dans le travail nocturne. On dit même que quelques-uns ne disposent pas de permis de confiance et ne sont jamais pointés par la police. Ces comportements inadéquats suscitent, évidemment, la colère des bonnes âmes. Cependant, il faut dire qu'ils résultent de plusieurs causes que les responsables, locaux et centraux, se doivent de résoudre pour instaurer un climat de transparence et de confiance entre les différentes propriétés : employeurs, chauffeurs et usagers. S'agissant des bus, les habitués de ce mode de transport déplorent la prestation de la seule société prestataire qui privilégie le gain au détriment du confort et de la sécurité des passagers. Le transport en commun, en effet, va très mal à El Jadida et sa région. Les bus opérationnels existent, certes, mais le parc roulant, d'un autre âge, est dans un état mécanique très douteux avec une carrosserie bonne pour la casse. Les pannes subites des autobus sont presque quotidiennes et les arrêts inopinés sont le lot quotidien de la clientèle. Les étudiants qui font la navette quotidienne vers Azemmour en savent quelque chose. Les dessertes de la ville et de sa périphérie se font avec des fréquences très irrégulières sans respect des horaires de départ, de passage et d'arrivée. Ce dysfonctionnement, contraire aux clauses du cahier des charges liant cette société de transport avec ses différents partenaires, se répercute, bien sûr, sur les élèves, les étudiants, les étudiants et autres usagers qui s'entassent comme des sardines dans ces bus de fortune avec tous les risques que cela comporte. « Le calvaire est quotidien, précise cet étudiant à l'université Chouâïb Doukkali d'El Jadida. Les chauffeurs de bus refusent, souvent, de s'arrêter pour prendre les étudiants même si derniers paient une cotisation mensuelle. On ne peut ne pas mentionner, également, les retards affichés et aussi les absences à nos cours ». De plus, la proximité des services du transport urbain n'est pas assurée dans plusieurs quartiers d'El Jadida. Azama Bus assure le transport urbain à El Jadida ainsi que le transport intercommunal vers Azemmour, Moulay Abdellah et sa station balnéaire Sidi Bouzid de même que vers Ouled Hcine et son souk hebdomadaire Sebt Ouled Bouâziz. Mais à sa guise et comme bon lui semble. Elle change les trajets de ses itinéraires comme elle supprime les lignes estimées non- rentables. Ceci sans n'être nullement inquiétée. La police, de son côté, ferme les yeux sur toutes les infractions dont se distingue les véhicules de cette société privilégiée. On ignore, enfin, comment les services techniques agréent ces tacots. Pour la petite histoire, la société avait établi une convention de transport urbain en 1997 pour une durée de 10 ans avec le Conseil provincial dans le cadre du Grand El Jadida (sur plus d'une trentaine de kilomètres englobant Azemmour au nord et Jorf Lasfar au sud). Un autre contrat avec la municipalité d'El Jadida permet à la société l'exploitation de 6 lignes, dont une seule ligne fonctionne, à l'intérieur du périmètre du chef-lieu des Doukkala, renouvelé jusqu'en 2016. Le Conseil provincial représentant les autres communes n'a pas renouvelé le contrat avec la société depuis 2006. Ladite société continue actuellement et malgré tout de desservir la périphérie d'El Jadida dont Azemmour sans aucun cadre juridique. L'installation d'un dispositif permettant le contrôle des conducteurs de bus et taxis permettra d'améliorer la qualité du transport en commun et même de diminuer les accidents de la circulation. A ce titre, l'article 21 bis du dahir de 1963 prévoit bien la création d'un Comité provincial du transport (CPT) qui doit normalement gérer et coordonner tous les moyens du transport urbain de la ville. Force est de constater, malheureusement, que ce fameux CPT n'existe pas. L'article 2, du même dahir, exige que la réglementation des taxis doive être soumise aux directives des autorités locales, comme c'était le cas avant 1963. Parce que, faut-il le rappeler, ce dahir existait bien avant cette année.