Connaissez-vous MARIA ZAKI ? Que oui ! Disciple d'Abdelkebir KHATIBI, c'est la nouvelle étoile montante des écrivains jdidis. Façonnée, guidée par le maitre depuis le début, formée dans la pure tradition khatibienne, conseillée et mise sur les rails de la création par le Mentor, elle ne cache pas son admiration pour celui qui fut son professeur, celui qu'on peut considérer sans ambages comme le maitre incontesté de la sphère de la pensée au Maroc et ailleurs. Au café face à la mer, autour d'un café crème avec mon ami GABI, la veille de son passage tonitruant au café littéraire d'El Jadida, MARIA ZAKI s'est confiée dans le brouhaha et le bruissement de la mer atlantique : - J'allais à Rabat voir Abdelkebir tous les vendredis à 15 heures. Abdelkebir KHATIBI, idole incontestée des étudiants et des intellectuels marocains d'ici et d'ailleurs, a initié MARIA ZAKI à l'écriture depuis ses premiers poèmes. Dans toutes ses créations littéraires elle est restée en contact permanent avec l'auteur du « scribe et son ombre », jusqu'à son décès à l'hôpital « CHEIKH BEN ZAID » de Rabat le 16 mars 2009. Dans son dernier poème sur KHATIBI, MARIA ZAKI nous livre un émouvant hommage que les mots seuls ne peuvent traduire, tant sa subite disparition fut douloureuse, jugez-en par cet extrait ô combien évocateur : « Dans la nuit soucieuse De notre aimance Inachevable et inachevée Dans la nuit orageuse Plus haute que les marées C'est déjà le rêve ! Mêle-nous à toi Dans les eaux D'un miroir intemporel Entre fulgurance et éclat… » Les écrits de MARIA ZAKI oscillent entre la poésie imagée (5 recueils), « la nouvelle » fantastique (deux recueils), la prose ou le roman (2 romans). Son premier recueil de poésie est une véritable délivrance : « Voici défait le silence », une prise de parole qui en dit long sur le mutisme ambiant qui caractérise la condition des femmes marocaines. Sa dernière création qu'elle a publiée comme on enfante un beau petit garçon, est intitulée « la fable du deuxième sexe ». C'est un roman de grande qualité littéraire, trois longues années, période pendant laquelle elle a tergiversé, hésité, changé de lieu, de personnage et d'histoire. Mais une chose est certaine, le thème de la métamorphose s'étale souverain, se dresse tel le voile protecteur devant le lecteur, conquérant et ravageur. A ce propos, connaissez-vous le célèbre roman de Franz KAFKA « la métamorphose » ? Là vous y êtes ! presque, sauf que tous les personnages sont marocains, on pourrait même dire « jdidis ». Les événements eux, se déroulent à TIT, l'actuelle MOULAY ABDALLAH, un lieu symbole, une cité ensevelie dans les méandres de l'histoire, une coïncidence heureuse, une résurrection même… MARIA ZAKI tente par ce roman l'aventure d'un retour aux sources, veut sentir les odeurs du Bled, cheminer dans ses labyrinthes, rétablir le pacte d'avec le passé séculaire, bousculer la vision traditionnaliste, poser des questions philosophiques, sur ce qu'est être un homme, naitre ou devenir une femme, sans omettre de reprendre le lien avec le grand Maitre KHATIBI. Tarik BOUBIYA