La ville d'El Jadida rend hommage à une grande figure intellectuelle marocaine : Abdelkebir Khatibi. À cette occasion, un colloque international se déroulera à la Faculté des Lettres de la ville les 27 et 28 mars 2008. Retour sur une figure à part de la littérature marocaine. Plus qu'un écrivain, Abdelkebir Khatibi est un véritable polygraphe qui décrypte et décode les divers genres littéraires. Sociologue de formation, il a soutenu à la Sorbonne la première thèse sur le roman maghrébin ( 1969). Romancier, poète, essayiste, dramaturge, philosophe du langage, cet écrivain protéiforme a abordé avec un égal bonheur toutes les voies de la création littéraire. C'est d'ailleurs là l'originalité de Abdelkebir Khatibi : il reste un écrivain partagé entre la volonté d'écrire et le désir anthropologique, d'où sa position originale dans le paysage littéraire national. Ses thèmes de recherche sont variés et témoignent de sa grande curiosité intellectuelle : discours sur la société marocaine, l'imaginaire arabe, le bilinguisme, la relation local-global, rien n'échappait au regard perçant de cet homme modeste. Plus de 25 titres jalonnent son itinéraire d'écrivain, on retiendra son premier roman «La Mémoire tatouée» (1971), «Dédicace à l'année qui vient» (1986), mais aussi un essai sur la poésie de Rainier-Maria Rilke «Vœu de silence» (2000), ou encore un essai sur «L'Art calligraphique marocain» (1994) en collaboration avec Sijelmassi. Cette profusion intellectuelle a pour équivalent une ouverture d'esprit exceptionnelle; lisons la définition que donne Abdelkebir Khatibi du mot «arabe» : «Est arabe pour nous, celui qui se revendique en tant que tel, là où il est, dans son atelier et dans un coin de la terre, quels que soient son origine géographique, religieuse, son ethnie, son pays, son œuvre même ». Belle leçon de tolérance…. Abdou Benyacine