Un colloque international s'est ouvert mardi à l'université Ibn Tofail de kénitra en hommage à l'écrivain Abdelkébir Khatibi, décédé en mars 2009. Le colloque est organisé par le Laboratoire des études pluridisciplinaires de l'université et la coordination des chercheurs en littératures maghrébines et comparées sur le thème "inscription de la trace, Khatibi ou la pensée des interstices". A l'ouverture de cette rencontre, le président de l'Université M. Mohamed Saouri, le doyen de la faculté des lettres et les organisateurs, ont, tour à tour, rendu un hommage appuyé au poète, à l'écrivain, à l'essayiste, au philosophe, au critique d'art et au spécialiste de la littérature maghrébine, qui a légué à "la postérité une oeuvre imposante et surtout une manière d'être en accord avec lui-même". M. Mustapha Bencheikh du Laboratoire pluridisciplinaire qui a côtoyé le défunt, dit de lui : "nous avons appris à ses côtés une règle d'or. La recherche est d'abord une exigence du travail de discipline. Elle ne peut s'accomplir que dans la quête permanente d'une vérité relative présentée avec humilité". Pour M. Bencheikh, le regretté Khatibi est un "intellectuel atypique" qui s'est méfié, toute sa vie durant, des idéologies et qui, sur le fil de rasoir, a tenté de tenir son chemin. La dernière fois qu'une université marocaine a rendu hommage Abdelkébir Khatibi, c'était à l'El Jadida, sa ville natale, en mars 2008 en présence de l'écrivain. Aujourd'hui, c'est l'université Ibn Tofail qui reprend le flambeau mais en son absence, a rappelé, de son côté, Mme Assia Belhabib du Comité d'organisation. Parler d'un écrivain qui a autant "tatoué les mémoires et autant marqué la scène intellectuelle du Maroc et par-delà les frontières marocaines, est une gageure", a-t-elle affirmé. Toute sa vie, a-t-elle ajouté, Abdelkébir Khatibi a écrit sur "la finitude et sur le désir irrépressible de laisser des pistes à explorer jusqu'à l'infini". Khatibi était un rassembleur capable d'interpeller, artiste, intellectuels, chercheurs, lecteurs de tous les horizons, a-t-elle rappelé. Abdelkébir Khatibi est né à El-Jadida en 1938. Il a étudié la sociologie à la Sorbonne et soutenu en 1969 la première thèse sur le roman maghrébin. Il publia son premier roman, "La Mémoire tatouée", en 1971. Il va publier d'autres récits, romans, poèmes, essais sur les sociétés et l'art islamiques. Parmi ses oeuvres "Penser le Maghreb" (SMER,1993), "Un été à Stockholm" (Flammarion, 1990), "L'Art calligraphique arabe" (Chêne, 1976 - réédition en 1980, réimpréssion en 1996) écrit avec feu Dr. Sijelmassi, "Figures de l'étranger dans la littérature française" (Denoël, 1987), "Dédicace à l'année qui vient" (Fata Morgana, 1986), "Amour bilingue" (Fata Morgana, 1983), "Maghreb pluriel" (Denoël, 1983), "De la mille et troisième nuit" (SMER, 1980) et "Le Roman maghrébin " (SMER, 1979). Durant deux jours, les participants au colloque tenteront d'explorer l'oeuvre plurielle et diversifiée du défunt. Ils traiteront notamment de la polyphonie du signe chez Khatibi, de ses rapports avec les intellectuels, la politique, les médias, la psychanalyse et tenteront de jeter la lumière sur l'homme qu'il fut.