Lors de la réunion tenue entre BAM et le GPBM, A. Jouahri a informé les banques de la possibilité de renouveler les directives de la Banque centrale relatives à la suspension de la distribution des dividendes. La raison : les créances en souffrance qui ont augmenté de 9,7 milliards au terme des dix premiers mois de l'année en cours. N'étant pas encore derrière nous, la pandémie continue de faire des ravages aussi bien sur le plan sanitaire qu'économique. La conjoncture est toujours marquée par un manque de visibilité chez les opérateurs économiques. Tous les espoirs sont portés sur le Plan de relance que les opérateurs toutes catégories confondues attendent impatiemment. Un plan qui repose en grande partie sur le secteur bancaire qui représente la part de lion du financement à savoir les 75 Mds de DH soit 62,5% des 120 Mds de DH. Mais la question qui se pose, le secteur bancaire va-t-il être au rendez-vous eu égard aux derniers chiffres annoncés par BAM et qui n'augurent pas un avenir optimiste ? En effet, avec une augmentation des créances en souffrance de 9,7 milliards au terme des dix premiers mois de l'année à 79,7 Mds de DH ainsi que le taux de sinistralité qui a atteint 8,5% contre 7,6% à fin 2019, il y a de quoi s'inquiéter. Interpelé sur cette question, le Wali de Bank Al Maghreb, Abdellatif Jouahri, a précisé que la question a été soulevée lors de la réunion annuelle qu'il a tenue le 9 décembre avec le GPBM en présentiel. Une réunion d'autant plus importante pour dresser un bilan d'accompagnement et celui du rôle que le secteur bancaire est censé jouer durant cette période de crise. Intelaka, Damane relance, Damane oxygène..., autant de mécanismes que le gouvernement a mis en place pour soutenir l'économie en cette période de crise mais également pour stimuler la relance. Des mécanismes que le secteur bancaire s'est engagé à mettre en place durant 2020 afin d'atténuer les conséquences de la crise sanitaire sur l'économie. Mais qu'en est-il de 2021 eu égard au risque élevé de défaut de paiement ? Le Wali de BAM n'a pas caché son inquiétude tenant compte de l'augmentation inquiétante des créances en souffrance. Il a précisé que les banques craignent une fragilisation du système ce qui peut constituer un réel frein. Alors pour répondre à cette préoccupation BAM doit résoudre une équation à 3 variables. Le Wali a précisé que BAM encourage d'une part les banques à restructurer les dettes des entreprises (jusqu'à 3 fois dans certains cas) à condition que les problèmes dont elles souffrent soient d'ordre conjoncturel et non pas structurel. Deuxièmement, le gouverneur a rappelé que sur le plan institutionnel, l'Etat a mis en place, dans le cadre du Fonds Mohammed VI pour l'investissement, le haut du bilan des banques pour pouvoir renforcer leur capacité d'endettement et ainsi financer les entreprises afin qu'elles restructurent leurs dettes. Troisièmement, A Jouahri a précisé qu'il est impératif de garder l'œil sur la solidité des banques. Ce que craint Jouhari c'est que les banques veuillent se protéger davantage pour éviter de se fragiliser. Alors pour que les banques accompagnent la relance de l'économie en 2021 et afin de consolider leur solvabilité et leur capacité d'octroi de crédits, BAM n'hésitera pas à renouveler les directives mises en place par la Banque centrale pour faire face à la crise. Référence faite à la recommandation faite par BAM en mai 2020 relative à la suspension, jusqu'à nouvel ordre, de toute distribution de dividendes au titre de l'exercice 2019. Des directives qui ont été prises en compte par les banques de la place. « La décision sera prise en fonction du bilan de 2020, des résultats, de la situation sanitaire et des perspectives que nous étudierons avec le GPBM », a-t-il précisé. Lire également : FINANCEMENT DE LA RELANCE EN 2021 : LE SPECTRE DES DEFAILLANCES PLANE SUR LES BANQUES Lire également : TRESOR PUBLIC : JOUAHRI INSISTE SUR LA GESTION ACTIVE DE LA DETTE