Très sollicitées en raison de la crise sanitaire et économique, les banques le seront encore plus en 2021 pour financer le plan de relance puisque sur les 120 Mds de DH, 75 Mds de DH seront sous forme de crédit bancaire. Mais auront-elles les reins assez solides ? Crédits garantis par l'Etat ou report des échéances de crédit, les banques marocaines n'ont pas chômé depuis l'avènement de la crise sanitaire et ses retombées inédites sur le plan économique. D'ailleurs l'essentiel des mesures dictées par le CVE impliquait le secteur bancaire. Au bout des dix mois de 2020, on note que les créances en souffrance ont augmenté de 9,7 milliards au terme des dix premiers mois de l'année à 79,7 Mds de DH et le taux de sinistralité a atteint 8,5% contre 7,6% à fin 2019, selon les données communiquées à l'issue du quatrième et dernier conseil de BAM pour l'année 2020. Autre élément à ne pas perdre de vue le déficit de liquidité bancaire qui s'établirait à 65,3 milliards de dirhams à fin 2020, après avoir atteint un niveau record le 6 août 2020 à 112,5 milliards de dirhams. Il progresserait par la suite à 85,2 milliards à fin 2021 et à 112 milliards à fin 2022, selon la même source. Et ce n'est pas fini ! En effet sur les 120 Mds de DH prévus pour la relance, 75 Mds de DH seront sous forme de prêts bancaires aux entreprises. Dans ces conditions, il est tout à fait légitime de s'interroger sur la capacité des banques d'être au rendez-vous en 2021. Interrogé sur la question, Abdellatif Jouahri, le Wali de Bank Al-Maghrib estime que les banques, telles qu'elles étaient mobilisées depuis le début de la crise, le demeureraient, pour accompagner l'économie à lisser les impacts de la crise. « Bien évidemment, ajoute le wali de BAM, on verra ce qu'il faudra financer en priorité, les garanties qui seront assorties à ces crédit auprès de la CCG en plein transformation. Et si des besoins s'expriment en 2021, nous les accompagnerons comme nous l'avons fait en 2020. Mais ce n'est là que la partie la plus simple ! ». En effet, ce qui est problématique aux yeux d'Abdellatif Jouahri est bien la progression des créances en souffrance comme conséquence du moratoire sur les prêts bancaires des ménages et entreprises impactés par la crise sanitaire, les crédits garantis… Les répercussions se sont vites fait sentir dans les résultats du premier semestre 2020 et risquent de s'intensifier d'ici la fin d'année. « Cela a impacté la solvabilité des banques obligées de provisionner, augmenté le coût du risque et baissé au moins de moitié la rentabilité comparativement à 2019 », explique le gouverneur de la Banque centrale. « Mais je crois que nous pourrons mettre en place les mesures d'accompagnement nécessaires », rassure A. Jouahri qui souligne que ces inquiétudes ont été abordées lors de la réunion du 9 décembre avec le GPBM. L'autre frein qui peut se poser est que les banques ne souhaiteraient pas se fragiliser davantage. « A ce niveau j'ai été très clair », poursuit le wali de BAM qui a insisté sur la mobilisation du secteur bancaire à financer à la relance. Dans ce sens, il a rappelé que le secteur s'est conformé aux mesures dictées par le régulateur notamment la non distribution de dividendes. « S'il faut reconduire cette disposition en totalité ou en partie, on le fera ou bien on n'aura pas besoin de reconduire une telle mesure. Cela dépendra de la conjoncture en 2021 et des perspectives telles elles seront discutées avec le GPBM», explique-t-il. Aujourd'hui, la priorité est la consolidation de la solvabilité des banques et leur capacité à octroyer des crédits. En deuxième lieu, en ce qui concerne le conjoncturel s'il y a lieu de faire des plans de restructuration pour donner encore des possibilités d'endettement pour la clientèle, les banques ont carte blanche du régulateur. Bien évidemment sur ce volet de financement de la relance, les banques ne se trouvent pas seules puisque sur le plan institutionnel, le Fonds Mohammed VI pour l'investissement et ses fonds thématiques viennent en renfort non pas uniquement en financement mais en restructuration de l'économie, conclut le Wali.