La pandémie Covid-19 a eu des effets dévastateurs sur l'être humain mais aussi sur les économies. Quasiment aucun secteur n'a été épargné des conséquences de cette crise sans précédent qui n'a toujours pas livré tous ses secrets. Le secteur des assurances ne fait pas l'exception. En effet, si certains secteurs ont été impactés, plus que d'autres, dès l'apparition de cette crise, il n'en est pas certain qu'ils soient épargnés durant le post-covid. C'est pourquoi, les secteurs les moins impactés doivent prendre d'ores et déjà des mesures et s'adapter au contexte actuel. Dans une analyse sur le secteur de l'assurance réalisée par Mohammed Réda Lahmini, Associé du cabinet Grant Thornton, l'accent a été mis sur les enjeux majeurs que le secteur est appelé à relever pour tirer son épingle du jeu. « Malgré l'ampleur des effets de cette crise sans précédent, le secteur de l'assurance au Maroc reste solide et continue de couvrir l'exigence de marge de solvabilité. De même, tous les assureurs sont engagés à prendre les dispositions nécessaires pour garantir la continuité du service à leurs assurés », affirme-t-il. Il explique que contrairement aux idées reçues, le secteur de l'assurance n'a pas été totalement épargné. « La chute des marchés financiers, les difficultés rencontrées par leurs clients et, dans certaines branches, une forte dérive prévisible de la sinistralité sont susceptibles d'avoir un impact majeur sur le bilan des assureurs mais aussi sur leur compte d'exploitation », apprend-on dans ladite analyse. En effet, les chiffres publiés par l'ACAPS à fin mars 2020 font ressortir un impact significatif de la pandémie sur le secteur des assurances. Rappelons que les primes émises ont accusé une baisse de 13% s'établissant à 3,08 Mds de DH contre 3,5 Mds de DH à fin 2019. Par branche, on note que l'Assurance Vie & capitalisation a chuté de 17,3%. L'Assurance Non Vie a dévissé de 9,1% à cause de l'épargne qui à son tour a régressé de 31,8% à fin mars 2020 s'établissant à 957,7 MDH (contre 1.403,9 MDH à fin mars 2019). D'autant plus, comme le précise dans son analyse Mohammed Réda Lahmini, le secteur a contribué directement à cette crise à travers des mesures notamment la contribution au fonds COVID-19 créé par Sa Majesté le Roi Mohammed VI, l'application de rabais sur les primes d'assurance automobile pendant la période de confinement et la prise en charge par les sociétés d'assistance des frais d'inhumation des ressortissants nationaux bloqués à l'étranger même dans le cas où les pandémies sont exclues des contrats. Mais pas seulement, la tendance baissière du secteur enregistrée n'a pas laissé indifférente l'Autorité de Contrôle des Assurances et de Prévention Sociale (ACAPS) ni même la Fédération Marocaine des Sociétés d'Assurances et de Réassurance (FMSAR) qui ont adopté des mesures prudentielles afin de stopper l'hémorragie. Des mesures que Grant Thornton a synthétisées en 4 points : Une mesure phare concernant la distribution des dividendes en fixant le plafond distribuable à 30% du résultat net. La validation de l'ACAPS est requise en cas de dépassement dudit plafond. Cette mesure a pour objectif de préserver les fonds propres des sociétés. Des mesures d'assouplissement en matière de provision pour dépréciation des créances envers les intermédiaires et les assurés. En ce qui concerne les créances sur les intermédiaires, le délai d'application de la circulaire du 2 janvier 2019 a été prolongé afin de soulager les résultats des compagnies d'assurance et de réassurance qui ne seront pas amenées à déprécier davantage lesdites créances au titre de cette année. Pour ce qui est des créances envers les assurés, le lissage des effets de la même circulaire sur les années 2020 et 2021 est décalé à 2021 et 2022. Dans ce sens, et afin d'atténuer l'impact de la chute des valeurs boursières sur le niveau de dépréciation de l'actif des compagnies, l'Autorité de tutelle a opté pour une hausse du seuil de déclenchement de la provision pour dépréciation durable le portant ainsi de 25 à 30%. D'autre part, la période de référence servant au calcul du cours moyen est de six mois au lieu de trois mois. L'Autorité de contrôle a également consenti à l'étalement sur deux exercices de la dotation à constater cette année au titre de la provision pour risque d'exigibilité. Les contrats d'assurance « Santé » couvrent valablement les actes et frais médicaux et pharmaceutiques liés au COVID-19. Par ailleurs, les contrats « Accident du Travail » couvrent le télétravail dès lors qu'il est autorisé par l'employeur à l'exclusion des accidents ménagers. Aujourd'hui le Covid a infecté toutes les économies et tous les secteurs sans exception. Le rôle des sociétés d'assurances et de réassurance va être beaucoup plus important que l'on pense. C'est pourquoi plusieurs mesures ont été prises non seulement à l'échelle nationale mais également internationale afin de permettre au secteur d'honorer ses engagements vis-à-vis de ses assurés. « En France comme au Royaume Uni, la distribution des dividendes a été reportée au moins jusqu'au mois d'octobre de l'année 2020. D'autres mesures visant le prolongement du délai d'encaissement des primes ont été adoptées en Suisse et en Belgique », précise Mohammed Réda Lahmini. Aussi, le délai d'indemnisation a été réduit en Suisse, au Royaume Uni, en Chine et en Inde. Quant à l'Allemagne, elle a opté pour l'approbation des demandes d'application de mesures transitoires pour l'évaluation des provisions techniques ainsi que l'assouplissement des règles prudentielles en vigueur relatives à la dispersion des actifs, notamment en cas de dépassement du quota des actifs immobiliers. Cela dit, les compagnies n'ont d'autre choix que de s'adapter à ce nouveau contexte qui demeure empreint d'incertitudes.