Valeur aujourd'hui, il n'y a pas un bon diagnostic pour approfondir la réflexion sur notre modèle de développement économique à bout de souffle. Avec un taux de croissance faible de à peine 3,5% du PIB en moyenne, une économie essoufflée et des indicateurs socio-économiques dans le rouge, le Maroc a besoin en urgence d'un nouveau modèle de développement. C'est le constat que le Souverain avait soulevé lors de son discours à l'occasion de la rentrée parlementaire 2017, appelant ainsi à la conception d'un nouveau modèle de développement mieux adapté aux évolutions et au contexte. Depuis la recherche d'un nouveau modèle de développement est ainsi devenue une priorité nationale qui s'invite aux débats politique, économique, social et environnemental. C'est dans ce sillage que l'Association Ribat Al Fath pour le Développement Durable a organisé une conférence-débat sous le thème « Le Maroc à la recherche d'un nouveau modèle de développement ». Le choix de cette thématique, comme expliqué par Abdelhadi Bennis, membre de l'Association Ribat Al Fath pour le Développement Durable, est dicté par le temps qui presse pour traiter deux dossiers importants à savoir le nouveau modèle de développement et le développement durable. En effet, face aux inégalités économiques et sociales, au creusement du taux de chômage, à une crise de confiance entre la sphère politique et la population, à l'absence d'une bonne gouvernance..., il est aujourd'hui impératif de répondre aux questions les plus pressantes. Quelle alternative au modèle économique libéral suivi actuellement pour booster davantage la croissance et réduire le chômage ? Quel ajustement peut-on apporter au modèle de développement social pour renforcer le capital immatériel et réduire les différentes formes d'inégalités enregistrées ? Que faire pour lutter contre la dégradation de notre Environnement et la surexploitation de nos ressources naturelles et pour renforcer notre résilience face aux changements climatiques ? Des questions auxquelles Nizar Barraka, président du CESE et Ayache Khellaf, Directeur de la Prévision et de la Prospective (HCP) apportent des réponses plus ou moins différentes. Un modèle de développement, c'est plus une vision globale... En dépit des avancées que le Maroc a enregistrées durant les dernières années, force est de constater qu'un long chemin reste à parcourir sur tous les plans. D'après Nizar Barraka le modèle de développement actuel n'a pas échoué mais il a plutôt montré ses limites et par conséquent il a besoin d'une impulsion pour faire face aux nouveaux défis et répondre ainsi aux besoins de plus en plus pressants. Et d'ajouter qu'un modèle de développement est d'abord des actions, des politiques et des stratégies bien définies sur le plan fiscal, de politique monétaire, de politique d'investissement, de santé, d'éducation... Pour le président du CESE, un modèle de développement c'est plus une vision globale partagée où l'ensemble des forces vives de la Nation doivent y contribuer. A juste titre, il rappelle la problématique de l'interdépendance entre les différents départements ministériels et insiste sur plus de cohérence et de complémentarité entre les stratégies politiques. « L'enjeu aujourd'hui est de mettre l'accent sur le capital humain, institutionnel, sur la cohésion sociale, sur le renforcement du pacte social qui constituent des éléments de base qui permettraient au Maroc de renter dans une nouvelle phase de développement », tient-il à rappeler. Contrairement à Barraka, Ayache Khellaf n'y va pas de main morte puisqu'il défend, bec et ongles, la théorie selon laquelle Maroc ne disposerait même pas un modèle de développement proprement dit. « Nous n'avons jamais eu d'horizons ni d'objectifs mais plutôt des stratégies conjoncturelles dépendantes de la pluviométrie », a-t-il précisé. Le Maroc a besoin d'abord d'établir un bon diagnostic de son modèle actuel. «Le HCP n'a cessé de faire des diagnostics pour évaluer le niveau de développement du pays. Toutefois, jusqu'à aujourd'hui, il n'y a pas un bon diagnostic pour approfondir la réflexion sur notre réalité économique, sur les défis et les contraintes à notre développement pour essayer d'aller plus en avant », annonce-t-il. Cela dit, il ne faut pas refaire les mêmes erreurs. Il ne faut pas non plus tarder dans cette phase de réflexion car le temps presse. Tant que cette nouvelle impulsion n'est pas mise en place, plus le modèle s'essoufflera et plus nous aurons des problèmes sur le plan économique, social, culturel et environnemental. Autrement dit, face aux nouveaux défis, nous avons besoin de nouvelles réponses, d'engager en urgence cette réflexion et d'agir pour pouvoir la mettre en œuvre.