Le secrétaire général de l'Istiqlal était invité, récemment à Paris, à participer auprès d'experts et de représentants d'institutions internationales aux débats autour du thème ''Inégalités et lien social ». Des débats qui rentrent dans le cadre de la 13è Conférence internationale de l'Agence Française de Développement (AFD). Deuxième force d'opposition après le PAM, tenant compte de la représentativité législative, l'Istiqlal veut se distinguer en tant que premier parti à avoir répondu à l'appel du Mohammed VI d'arborer un nouveau modèle de développement pour le pays. C'est désormais chose faite, depuis le 25 novembre dernier. Son chef, Nizar Baraka, a été convié à prendre part à la 13e Conférence internationale de l'Agence Française de Développement (AFD). Représentant les intérêts français au Maroc, le Groupe AFD est actif dans le royaume depuis près d'un quart de siècle (son intervention a débuté en 1992) à travers une filiale dédiée au financement privé, une centre d'études, une université d'entreprise ainsi qu'un « fond pour l'environnement« . Fraîchement remplacé par Ahmed Réda Chami à la tête du Conseil économique, social et environnemental (CESE), Nizar Baraka est pour sa part revenu sur la réflexion Istiqlalienne sur les inégalités et le lien social, telle pensée par son parti. Elle doit reposer selon lui sur trois convictions. Haro sur la mondialisation De prime abord, l'ancien ministre de l'Economie et des finances et chargé des Affaires économiques et générales raisonne en termes de croissance. Il lie son renforcement par la réduction des inégalités en se référant à l'Agenda 2030 de l'ONU pour le développement durable, qui en a fait son 10e objectif majeur. Nizar Baraka développe ensuite son argumentaire sous l'angle de la mondialisation. Elle « a poussé les inégalités à leur paroxysme puisque 1% de la population mondiale détient 50% des richesses et, selon OXFAM, en 2017, 50% de la population mondiale n'a pas bénéficié de la croissance mondiale alors que les 1% les plus riches ont profité de 82% des fruits de la croissance« , déclare-t-il, en énumérant « plusieurs fractures » d'ordre social, territorial, numérique et climatique. Patron d'un parti se réclamant de « centre droit« , Nizar Baraka parle néanmoins de « déviances de la mondialisation et de la financiarisation des économies« , accentuant le creusement des inégalités. « Cette situation a développé chez les citoyens le sentiment d'impuissance des gouvernements à faire face à la crise sociale et à freiner le déclassement social des classes moyennes surtout parallèlement à la dégradation des services publics et à la polarisation du marché du travail » observe-t-il. Une batterie de propositions « Pour faire face à cette aggravation tendancielle des inégalités, il est essentiel de se focaliser sur le renforcement de la cohésion sociétale qui repose sur le triptyque : cohésion sociale- cohésion territoriale et cohésion intergénérationnelle » propose Nizar Baraka. Modus operandi? « Une budgétisation sensible aux inégalités de manière à ne retenir dans les lois de finances que les politiques et investissements publics qui contribuent le plus à la réduction des inégalités sociales et spatiales et garantissent la durabilité », soit un renvoi à la loi de finances rectificative portée par l'Istiqlal, fin mai dernier. Nizar Baraka dit plaider, dans cette perspective, pour « une remise à plat de tout le dispositif des avantages fiscaux et fonciers, des subventions et des allocations budgétaires pour mieux cibler l'action publique en faveur du renforcement de la cohésion sociétale« . L'existence au Maroc de nombreux territoires reculés, ne bénéficiant que très peu du train de développement que connaissent les grandes agglomérations du pays peut être dépassé selon lui. « Il y a lieu de mettre en place des plans de redressement et de favoriser leur intégration à travers la création de corridors économiques et numériques » défend-t-il. S'agit-il d'un bref aperçu du programme économique que compte porter l'Istiqlal lors des prochaines échéances électorales ? Les dispositions actuelles de Nizar Baraka, déchargé de la présidence du CESE sans qu'une autre haute fonction ne lui soit confiée donne des raisons de l'admettre.