Elément stabilisateur de l'économie d'un pays, l'outil monétaire ne peut subir de ruptures brutales. C'est ce qui justifie le pilotage rigoureux de la politique monétaire par le gouverneur, Wali de Bank-Al-Maghrib, Abdellatif Jouahri. Mais est-ce en passe de changer ? Le taux directeur et la réserve monétaire obligatoire sont les deux éléments auxquels tout le monde est attentif à l'issue de chaque Conseil de Bank Al-Maghrib. Inflexible, la Banque centrale maintient ce taux inchangé depuis mars 2016 en dépit de toutes les tentations, bien qu'elle ait pris tout le monde de court lors du précédent conseil en réduisant le taux de la réserve monétaire de moitié, de 4 à 2% en septembre dernier. Le prochain conseil prévu ce mardi 17 décembre, nous réservera-t-il une nouvelle surprise ? A en croire son nouveau flash pré-Conseil de Bank Al-Maghrib, CDG Capital, dans ses prévisions, prévoit une révision à la baisse du taux directeur qui passerait de 2,25 % à 2%. Arguant cette décision, CDG Capital évoque trois éléments que sont l'absence de pressions inflationnistes à l'horizon de prévision (8 trimestres, soit T4-2021), la faible reprise des crédits bancaires, notamment ceux accordés aux entreprises et la volonté des pouvoirs publics, qui s'inscrit dans le cadre des directives royales, visant la facilitation de l'accès au financement, particulièrement pour les TPME et les jeunes diplômés. Le taux de réserve monétaire demeurerait pour sa part inchangé, « suite à une atténuation du déficit de liquidité du système bancaire en T4-2019, laissant ainsi, de la marge pour les facteurs autonomes de liquidités bancaires (FALB), en l'occurrence la circulation fiduciaire, dont le volume augmente en moyenne de 15 Mds de DH par année (au cours des quatre dernières années) et les réserves de change, dont le niveau s'affiche confortable après le prêt contracté par le Trésor public à l'international », précise CDG Capital. Dans son document, CDGK a essayé de déterminer les changements possibles, en respectant le processus analytique de Bank Al-Maghrib. Premièrement, le déficit de liquidité du système bancaire a baissé passant d'une moyenne de -86 Mds de DH enregistré en T3-2019 à environ -73 Mds de DH estimé pour le trimestre suivant. Cette amélioration résulte essentiellement de la baisse de la RMO de 4% à 2%, de la hausse des réserves de change de 233 Mds de DH à fin septembre 2019 à 240 Mds de DH deux mois plus tard, et à la régression de la circulation fiduciaire de 254 Mds de DH enregistré à fin août à 249 Mds de DH à fin novembre, favorisant ainsi, une amélioration de la liquidité bancaire de 5 Mds de DH. Conséquences, Bank Al-Maghrib a baissé ses interventions à travers les avances à 7 jours, passant à une moyenne de 68 Mds de DH en T4-2019 contre 84,3 Mds de DH enregistrée un trimestre auparavant. Deuxièmement, après la tendance baissière entamée en T1-2018, le TMGD a augmenté de 11 Pbs en T3-2019 pour passer à 5,09% contre 4,98 enregistré un trimestre auparavant. Cette tendance résulte d'une part, d'une hausse des taux associés aux crédits accordés aux entreprises de 12 Pbs, avec +9 Pbs pour les grandes entreprises et +12 Pbs pour les TPME et d'autre part d'un accroissement des taux assortissant les crédits aux particuliers de 35 Pbs couvrant une augmentation de 33 Pbs pour les concours à l'habitat contre une quasi-stabilité de ceux destinés à la consommation. Troisièmement, et toujours selon CDG Capital, après une inflation importante enregistrée en 2018 avec un pic de 2,7% enregistré en avril et une moyenne de 1,9% sur l'année, contre 0,7% enregistrée en 2017, l'année 2019 enregistre une forte désinflation avec une moyenne de 0,3% enregistrée au cours des 10 premiers mois. Cette tendance résulte principalement d'une déflation alimentaire de -0,6% en moyenne contre une hausse de l'inflation non alimentaire de 0,8%. Cependant, l'inflation sous-jacente, qui exclut les prix des produits volatiles et administrés, représentant la véritable cible de la politique monétaire, s'est inscrite en légère hausse de 1,1% contre une moyenne de 0,6% sur la même période en 2018, un niveau qui reste largement en dessous du seuil théorique de 2%, conclut le document. VOIR EGALEMENT : [HIWAR] ALEXIS GARATTI : UNE POLITIQUE ECONOMIQUE CONSERVATRICE N'EST PAS SI MAUVAISE