Le deuxième contrat-programme Etat-ONEE est toujours en gestation depuis 2017. Il devra rattraper le retard que le processus de regroupement des deux Offices accuse. Un chantier que les employés de la branche eau ont rejeté depuis le début. Depuis la publication de la loi 40.09 relative à l'Office national de l'électricité et de l'eau potable « ONEE » dans le bulletin officiel en novembre 2011, le chantier de regroupement des activités de l'Office national de l'électricité et celui de l'eau potable est toujours en cours. Le processus de fusion n'avance pas comme prévu dans le cadre du contrat-programme 2014-2017 signé pour un engagement financier global de l'ordre de 22 Mds de DH entre l'Etat et l'ONEE pour venir en aide à l'Office dont la situation financière a été critique. Il figure d'ailleurs parmi les priorités du deuxième contrat-programme Etat-ONEE en cours de préparation depuis 2017, comme précisé par Aziz Rebbah, ministre de l'Energie, des Mines et du développement durable lors de la séance hebdomadaire des questions orales à la Chambre des conseillers tenue le mardi 23 avril. Rappelons que l'objectif de cette réforme adoptée par le gouvernement est d'harmoniser les stratégies nationales dans ces deux secteurs clés afin d'assurer la continuité du service public de l'eau et de l'électricité et leur gestion rationnelle. Toutefois, en marge de la préparation de ce deuxième contrat-programme, la Fédération nationale de l'eau portable (UMT) dénonce, dans un communiqué, cette réforme qu'elle avait contestée dès l'annonce de plan de regroupement des deux Offices. La FNEP avait mis en garde sur les conséquences de cette fusion particulièrement sur la branche eau. Des craintes qui se confirment d'après la Fédération qui relève dans un communiqué les retombées de ce programme sur le droit à l'accès à l'eau ainsi que la stabilité professionnelle des fonctionnaires de la branche eau. Concernant le premier point la FNEP précise que « dès l'entrée en vigueur de la loi 90-40, les premiers rapports gouvernementaux en l'occurrence ceux de la Cour des comptes ont mis en évidence la situation financière catastrophique de l'Office ». Et pourtant, toujours d'après la Fédération, tous les indicateurs attestaient que la branche eau avait une situation financière équilibrée contrairement à celle de l'électricité. Certes la situation financière de l'Office s'est améliorée à la fin du premier contrat-programme passant de -7,5 MMDH en 2013 à – 35 MDH à fin 2017. Toutefois, son endettement demeure alarmant comme précisé en 2018 par Bank Al Maghrib. En effet, l'endettement de l'Office a atteint 58,2 Mds de DH à fin 2017 hors dette sociale, soit un taux d'endettement de 54%. Pour redresser sa situation financière, l'Office a appliqué des augmentations du prix de l'eau et de l'électricité depuis l'entrée en vigueur du contrat-programme soit depuis 2014. Une augmentation que déplore la Fédération puisqu'elle impacte le pouvoir d'achat des Marocains et va à l'encontre d'un droit constitutionnel qui est l'accès l'eau. Qu'en est-il du climat social ? Concernant la situation des salariés de la branche eau, la Fédération précise dans son communiqué que parmi les mesures sur lesquelles s'est engagé l'Office lors de la signature du contrat-programme : amélioration des performances, rationalisation les dépenses de gestion et la délégation via la concurrence des biens immobiliers ainsi que des activités qui ne sont pas directement nécessaires à l'Office. Or, la Fédération accuse le bureau de l'Office de ne pas honorer ses engagements. Elle relève plusieurs dysfonctionnements notamment : * Le transfert d'un ensemble de propriétés, de services, de fonctions du bureau ainsi que l'exploitation d'installations au secteur privé dans le cadre de la manutention, ce qui a nui aux employés et à leur stabilité d'une part et la détérioration de la propriété de l'Office et ses locaux d'autre part ; * Le gel d'un grand nombre de fichiers administratifs, sociaux et utilisateurs ; * L'arrêt du dialogue social avec les représentants des employés ainsi que le non-respect des conventions sociales antécédentes principalement le protocole d'accord signé avant le regroupement des deux Offices. Reste à voir si le deuxième contrat-programme en gestation parviendra-t-il à regrouper enfin les deux pôles et atteindre les objectifs fixés par le projet à savoir harmoniser les stratégies nationales dans ces deux secteurs et, partant, assurer la continuité du service public de l'eau et de l'électricité et leur gestion rationnelle ?