Bonne nouvelle pour les transporteurs routiers. Les ministères du Transport et des Finances ont répondu favorablement à la demande de l'Association professionnelle des sociétés de financement (APSF) qui souhaitait se greffer au programme de renouvellement du parc véhicules. Désormais, les sociétés de crédit-bail deviennent des intermédiaires entre les concessionnaires et le ministère aussi bien pour le renouvellement que pour la casse des véhicules d'un certain âge. Une information qui nous a été confirmée par Noureddine Dib, Directeur par intérim du Transport routier et de la Sécurité routière (DTRSR) au sein du ministère de l'Equipement, du Transport et de la Logistique. Cette disposition vient compléter une batterie de mesures mises en place par la tutelle notamment de faire passer la durée du programme de 3 à 5 ans qui vise à donner plus de visibilité aux professionnels et aussi d'augmenter la prime de 20 à 25% dans la LF 2019 dans le cadre du programme de renouvellement du parc véhicules 2019-2023. Mais pas seulement . Le ministère a également rectifié une disposition dénuée de sens. Et pour cause, les propriétaires de 1 châssis ou 3 châssis pouvaient bénéficier de l'équivalent en prime contrairement à ceux de deux châssis qui en étaient exclus. Noureddine Dib nous a confié que le problème est désormais réglé. Cela dit, cette décision est le fruit des concertations engagées par l'APSF avec la DTRSR autour des possibilités de dynamisation, à travers des financements complémentaires en leasing, du programme de renouvellement du parc automobile arrêté par le ministère des Transports pour la période 2019-2023. « La proposition de la profession de leasing a été explicitée par les opérateurs de leasing lors de la tenue des 2èmes Assises nationales du crédit-bail organisées, le 6 décembre 2018 par l'APSF. Elle avait recueilli l'adhésion de principe de la DTRSR ainsi que des transporteurs individuels ou constitués en TPE qui constituent la cible de ce programme », tient à préciser l'APSF. L'implication des sociétés de leasing dans la boucle permettra sans doute au programme d'atteindre enfin les objectifs fixés. Faut-il rappeler qu'en 10 ans, seuls 3.000 véhicules ont été renouvelés pour un montant de 400 MDH sur une enveloppe de 1 Md de DH. Cette fois-ci le frein n'est pas financier mais plutôt procédural. Les professionnels n'ont cessé de tirer la sonnette d'alarme sur la procédure d'octroi de la prime qui non seulement est contraignante mais aussi très longue. C'est d'ailleurs ce qui explique que depuis l'adoption de cette mesure dans la Loi des Finances 2008, le programme n'a pas connu de succès. Preuve en est : la mesure a été reconduite 4 fois soit dans la LF de 2011, de 2014, de 2018 et celle de 2019 en vain. Avec cette nouveauté, le ministère ouvre également la voie aux transporteurs n'ayant pas les moyens pour financer l'apport initial de pouvoir bénéficier du programme. Prime à la casse : sur 1 Md de DH, seuls 400 MDH déboursés en dix ans Concrètement il s'agit, comme précisé par l'APSA, de la délivrance de l'attestation d'éligibilité délivrée par la DTRSR et du visa du ministère des Finances, de remettre la prime entre les mains de la société de financement et non plus uniquement entre les mains du concessionnaire, voire du transporteur. « Cette prime vient en déduction, dès le départ, de l'effort financier consenti par le transporteur, comme c'était le cas auparavant. A charge, pour la société de financement, si le dossier est « bancable », de régler le fournisseur. La société de financement prend ainsi sur elle d'attendre le versement de la prime », précise l'AFSP. En d'autres termes, le transporteur disposera rapidement de son véhicule au lieu d'attendre longtemps comme auparavant. Contacté par nos soins, Monssif Abied, Administrateur Directeur général de Scania s'est dit satisfait de cette mesure qui va dynamiser ce secteur. « C'est une très bonne nouvelle pour les concessionnaires, les clients ainsi que les sociétés de leasing. Pour ces derniers, c'est une activité supplémentaire qui est relativement garantie étant donné que l'Etat se porte garant. Pour les clients, c'est une source de financement dont ils étaient écartés faute de moyens financiers. Les leaseurs ne s'aventuraient pas sur ce type de financement qui ne présente pas suffisamment de garanties. Quant aux concessionnaires cela leur permettra de remédier à deux problèmes majeurs. Le premier concerne la lenteur du processus de traitement des dossiers qui pouvait atteindre parfois jusqu'à 2 ans. Et le deuxième est relatif à la traçabilité des paiements vu que les versements faits par le ministère ne sont pas identifiés. A la réception de deux paiements sur 10 dossiers en cours de traitement, nous étions incapables d'identifier à quel client et à quel châssis correspondaient-ils », nous a précisé Monssif Abied. Ce dernier avait d'ailleurs précisé lors des Assises nationales du leasing que l'échec du programme n'est pas imputé aux professionnels qui ne veulent pas en profiter de la prime mais plutôt aux moults freins qui entravent le processus. Aujourd'hui, cet encouragement permettra de susciter l'engouement des transporteurs pour renouveler leurs flottes. Cela dit, des pourparlers sont en cours entre l'APSF et les associations des transporteurs pour entrer dans le vif du sujet et donner concrètement corps à cette nouvelle disposition.