Le programme de renouvellement du parc véhicules ne séduit toujours pas les professionnels. En 10 ans, seuls 3.000 véhicules ont été renouvelés pour un montant de 400 MDH sur une enveloppe de 1 Md de DH. Des centaines de milliers de poids lourds sillonnent chaque jour nos routes. Des camions dont l'état laisse souvent à désirer et dont les risques liés à la sécurité routière et à l'environnement ne sont pas à négliger. Le secteur représente 8,7% du nombre de tués sur les routes. Un chiffre pas très alarmant certes mais qu'il faut prendre en considération puisqu'il s'agit de professionnels qui n'ont pas droit à l'erreur comme l'a rappelé Brahim Baamal, Directeur du Transport et de la sécurité routière au ministère de l'Equipement à l'occasion des deuxièmes Assises nationales du leasing. Pour réduire ce taux, sécuriser le transport des professionnels et rajeunir le parc, le ministère de tutelle a mis à la disposition des professionnels une prime à la casse pour renouveler leurs véhicules. A noter que le parc est actuellement constitué de 63% de camions ayant moins de 20 ans, 11% entre 15 et 20 ans et 26% plus de 20 ans. Le programme de renouvellement des véhicules mis en place par le ministère dans la Loi de Finances 2008 et reconduit dans celles de 2011, 2014 et de 2018 n'a pourtant pas eu les effets escomptés. « Nous n'avons renouvelé que 3.000 véhicules pour une prime de 400 MDH soit environ 40% du budget mis à la disposition de ce programme de renouvellement par le ministère qui est de 1 Md de DH. C'est dire que la réussite attendue du programme ne peut être attribuée aux ressources financières », a tenu à préciser Brahim Baamal. En d'autres termes, c'est le manque d'engouement trop criard des professionnels qui est derrière ce faible taux. Une procédure à revoir impérativement Ce qui n'est pas de l'avis des professionnels présents à ces Assises qui ont plutôt attribué ce constat à d'autres facteurs qui rendent le processus d'octroi des primes très compliqué et long. « Nul ne remet en question l'impératif de ce programme qui a pour objectif d'améliorer la qualité du parc roulant, de la sécurité routière et de dynamiser le transport en réglant le problème de financement d'une grande frange des transporteurs. Toutefois, il n'est pas vrai que ce sont les professionnels qui n'ont pas voulu en profiter puisque plusieurs freins entravent le processus», a déclaré Monssif Abied, Administrateur directeur général de Scania. Il a rappelé au passage les nombreuses contraintes auxquelles sont confrontés les professionnels pour ne citer qu'une concurrence déloyale étrangère, un secteur informel qui brade les prix, des clients qui refusent d'indexer le prix du transport au prix du pétrole, des processus draconiens de financement... Quant au volet administratif, Monssif Abied a fait référence à la lenteur du processus de traitement des dossiers de la prime à la casse ainsi qu'au retard de remboursement. Nonobstant, pour améliorer ce faible score et motiver davantage les professionnels à profiter de ce financement, le ministre de l'Equipement et du Transport a donné son accord pour augmenter entre 20 à 25% les primes à la casse dans le PLF 2019. Mais ce n'est pas tout, le ministère prévoit également d'augmenter la durée du programme de 3 à 5 ans dans une optique de donner plus de visibilité aux professionnels. Par ailleurs, Brahim Baamal s'est engagé à se réunir avec les différentes parties pour simplifier et fluidifier la procédure d'octroi des primes à la casse. Quant aux propositions de l'Association professionnelle des sociétés de financement (APSF) qui souhaitent se greffer au programme en devenant un intermédiaire entre les concessionnaires et le ministère, Brahim Baamal a précisé que cette décision revient aux ministères du Transport et celui des Finances. Il a tout de même laissé la porte du dialogue et de la négociation ouverte afin d'atteindre les objectifs escomptés.