L'heure est au bilan en cette fin 2009, année qui s'est avérée difficile pour bien des secteurs. Les poids lourds ne font pas exception à la règle et ont été rattrapés par les effets de la crise mondiale. Après une embellie de 5 ans, au cours de laquelle le secteur a profité de l'expansion de l'économie nationale et des multiples chantiers lancés, les ventes ont accusé en 2009 un repli de l'ordre de 30%. «C'était prévisible, le ralentissement de l'économie fait que, concrètement, il y a moins de marchandise à transporter. Dans ce contexte, la demande en termes de poids lourds baisse forcément». Ce témoignage de Monssif Abied, DG de Scania Maroc et 1er vice-président du Groupement des poids lourds et de la carrosserie (GPLC) résume assez bien la relation névralgique qui existe entre ce secteur et les différents maillons de l'économie marocaine. Cependant, à l'heure où, de par le monde, les politiques publiques s'efforcent de tirer parti de l'après crise, qu'en est-il du Maroc ? Les professionnels du transport se plaignent de l'inadéquation du cadre règlementaire qui régit le secteur. «Nous demandons l'instauration de normes qualité. Il est aberrant qu'un importateur de poids lourds n'ait aucune obligation en termes d'investissement minimal, de services ou de respect de l'environnement» constate Monssif Abied. En effet, il semblerait que la seule norme imposée ait trait à la sécurité, les camions importés étant tous équipés de limitateur de vitesse, d'ABS ainsi que de pneus tubeless. Pour le reste, aucune obligation, sinon comment expliquer que le Maroc continue d'importer des véhicules aux normes environnementales euro 1, alors que leurs homologues européens en sont déjà à la norme euro 6. Local ou importé? Cet exemple concret met en évidence, une fois de plus, le défaut de concertation entre les différentes politiques sectorielles, ce qui constitue un pied de nez à l'engagement officiel du Maroc en matière de respect de l'environnement. La Charte d'Amina Benkhadra semble bien loin à la lumière des pratiques ayant cours chez les transporteurs. Un programme de renouvellement du parc en activité a pourtant bien été lancé, mais celui-ci n'a pas eu le succès escompté auprès des professionnels. Une fois encore, les banques sont pointées du doigt, principalement en raison de la lourdeur des mécanismes de financement et des garanties demandées. Modernisation du secteur Pour moderniser le secteur, des professionnels avaient appelé à la généralisation des chaines de montage de poids lourds au Maroc. L'argument avancé étant que les camions coûteraient moins cher si les pièces importées étaient montées localement. Argument que réfute le 1er vice-président du GPLC : «c'est un faux calcul car, dans cette optique, le prix de vente d'un poids lourd dépend du prix d'achat, du coût de montage ainsi que des droits de douane. Le montage local de pièces importées n'est plus compétitif compte tenu de la baisse des barrières douanières». Scania, l'un des leaders du secteur avec ses 21% de parts de marché, a opté début 2009 pour l'importation directe de ses véhicules, espérant ainsi maintenir, voir améliorer, son chiffre d'affaires estimé à 430 millions de DH à la fin de cette année. Pour maintenir ces performances, les professionnels ne demandent qu'une chose : que l'Etat joue pleinement son rôle en instaurant un cadre règlementaire plus strict.