32 BKGR a maintenu son scénario économique anticipant toujours dans sa composante centrale une hausse limitée de la croissance à 2,9% pour le moment. En revanche, il a été procédé à la mise à jour de sa cartographie des risques en repondérant à la baisse les risque de réapparition de la Covid-19 et de la réalisation cette année d'une mauvaise campagne agricole. Après une conjoncture 2022 marquée par une sécheresse historique au Maroc, les importantes précipitations enregistrées en ce début d'année (+95,6% du 1er septembre 2022 au 13 février 2023 comparativement à la même période de l'année précédente) seraient annonciatrices d'une campagne agricole « normative » éloignant de ce fait le worst case économique. En effet et compte tenu du rôle prépondérant de l'agriculture, le retour de conditions climatiques habituelles devrait fortement participer à l'accélération du potentiel de l'économie marocaine dont le PIB devrait croître de +3,1% en 2023 selon les dernières estimations de la Banque mondiale (vs. +2,9% pour le scénario central de BMCE Capital Global Research et +1,2% en 2022), intégrant : x Une progression de +9% de la valeur ajoutée agricole (vs. -15% en 2022) ; x Et, une décélération de la VA non agricole à +2,5% en 2023 (contre +3,2% l'année précédente), impactée notamment par le recul de la consommation interne dans un contexte inflationniste couplé à la baisse de la demande extérieure adressée au Maroc notamment en raison de la récession de « courte durée » anticipée en Europe. Au volet des échanges extérieurs, le déficit commercial se creuse de +10,6% à -21,8 Mds de DH comparativement à la même période de l'année précédente pour un taux de couverture se fixant à 60% (vs. 61,5 à fin janvier 2022). En effet, la légère progression des exportations de +3,6% à 32,6 Mds de DH, toujours tirées par le dynamisme des Métiers Mondiaux du Maroc n'a pas permis de compenser la hausse plus marquée des importations de +6,3% à 54,4 Mds de DH alourdies par le renchérissement notable de l'ensemble des produits énergétiques (+30% à 10,4 Mds de DH). Ce fléchissement des volumes à l'export a ainsi impacté la dynamique des industries marocaines dont le Taux d'Utilisation des Capacités de production -TUC- s'inscrit en baisse de -2 points en m-o-m à 72% à fin janvier 2023. En revanche, le Maroc peut toujours compter sur le bon comportement des recettes MRE (+46,3% à 9,2 Mds de DH à fin janvier 2023) et des flux nets d'IDE (+3,5x à 2,1 Mds de DH à fin janvier 2023). S'agissant de la politique monétaire, l'Institution de Bretton Woods prévoit de nouvelles hausses du taux directeur si l'inflation ne converge pas à court terme avec les projections de BAM (+3,9% en 2023 et +4,2% en 2024). Ce scénario semble d'ores et déjà se profiler au terme du premier mois de l'année comme en atteste un Indice des Prix à la Consommation en forte hausse de +8,9% . Dans une moindre mesure, l'indice des prix à la production ressort en légère hausse de +4,0% à fin janvier en variation annuelle pouvant, à terme, se transmettre aux prix de ventes. La situation des finances publiques reste néanmoins confortable avec un solde budgétaire excédentaire de +2,5 Mds de DH en ce début d'année (vs. -3,6 Mds de DH à fin janvier 2022), reflétant un niveau de recettes bien supérieur à celui des dépenses. Cette amélioration résulte principalement de la baisse des dépenses ordinaires de -19,6% à 22,3 Mds de DH sous l'effet de la stagnation des dépenses de compensation, ainsi que la hausse de +13,6% des recettes ordinaires à 24,5 Mds de DH, en partie conséquence du bond de +211,6% des recettes non fiscales à 1,4 Md de DH. Ce confort ne transparaît, cependant, pas au regard des fortes levées du Trésor sur les deux premiers mois de l'année, mobilisant 74,3 Mds de DH dont 40,4 Mds de DH sur le seul mois de janvier. Au registre des bonnes nouvelles et après une longue période d'attente, le Maroc est enfin sorti du processus de surveillance renforcée, connu sous « liste grise », du Groupe d'Action Financière International -GAFI-. Cette décision, venant couronner l'ensemble des efforts menés par le Royaume, devrait lui permettre d'améliorer sa position dans le classement Doing Business de la BM et lui faciliter l'accès aux financements extérieurs à des conditions davantage favorables. Dans ce sillage et en dépit de la hausse historique des taux, le Maroc a réussi pour la première fois depuis 2020 à concrétiser sa sortie sur les Marchés internationaux via le lancement d'un Eurobond d'un montant 2,5 Mds de $ équiréparties sur 2 lignes de 5 ans et de 10 ans de maturité. Le Maroc s'est également porté candidat à la souscription à une Ligne de Crédit Modulable -LCM auprès du FMI pour un montant de 5 Mds de $. Dans ce contexte, la Bourse de Casablanca s'est enfin engagée dans un trend haussier après un début d'année chaotique, profitant vraisemblablement du regain de confiance des investisseurs suite aux fortes précipitations enregistrées en février et, dans une moindre mesure, de l'annonce de la sortie du Maroc de la liste grise du GAFI. Ainsi, le MASI et le MASI 20 ont augmenté de +6,15% et +5,97% respectivement au cours du mois de février 2023, redressant leurs performances à +1,75% et +2,03% respectivement depuis le début de l'année. A la lumière de ces éléments et dans l'attente de la confirmation de la bonne année agricole qui se profile notamment avec les pluies de fin mars et début avril, BMCE Capital Global Research a maintenu son scénario économique anticipant toujours dans sa composante centrale une hausse limitée à +2,9% pour le moment. En revanche, BKGR a procédé à la mise à jour de sa cartographie des risques en repondérant à la baisse les risque de réapparition de la COVID-19 et de la réalisation cette année d'une mauvaise campagne agricole.