Le dernier point sur la sécurité alimentaire de la Banque mondiale relève que l'inflation des prix alimentaires intérieurs reste élevée à travers le monde. Les données disponibles entre mai et septembre 2022 font état d'une forte inflation dans la quasi-totalité des pays à revenu faible et intermédiaire : 88,9 % des économies à faible revenu, 91,1 % des économies à revenu intermédiaire de la tranche inférieure et 96 % des économies à revenu intermédiaire supérieur ont enregistré des taux d'inflation supérieurs à 5 %, un grand nombre d'entre elles affichant même une inflation à deux chiffres. La part des pays à revenu élevé touchés par la montée de l'inflation dans l'alimentation atteint désormais 85,7 %. L'indice des prix des produits agricoles a augmenté d'un point de pourcentage par rapport au niveau observé il y a deux semaines. Les cours du blé, du maïs et du riz en octobre 2022 sont supérieurs de 18 %, 27 % et 10 %, respectivement, à ceux d'octobre 2021. Par rapport aux prix enregistrés en janvier 2021, les cours du blé et du maïs affichent une hausse de 38 % et 4 % respectivement, et ceux du riz une baisse de 21 %. La guerre en Ukraine modifie la physionomie des échanges, de la production et de la consommation des produits de base, ce qui devrait maintenir les prix à des niveaux élevés jusqu'à la fin de l'année 2024, aggravant ainsi l'insécurité et l'inflation alimentaires. La flambée des prix alimentaires est à l'origine d'une crise mondiale qui entraîne plusieurs millions de personnes supplémentaires dans l'extrême pauvreté et aggrave la faim et la malnutrition. Un nouveau rapport de la Banque mondiale met en lumière le revers majeur infligé par la pandémie de COVID-19 à la réduction de la pauvreté dans le monde. En outre, les hausses de prix de l'alimentation et de l'énergie causées par les chocs climatiques et les conflits ont mis un coup d'arrêt à la reprise. Selon une étude récente du FMI), il faudra mobiliser entre 5 et 7 milliards de dollars de dépenses supplémentaires pour aider les ménages vulnérables des 48 pays les plus durement touchés par la hausse des prix des importations de denrées et d'engrais. Et 50 milliards de dollars seront nécessaires pour mettre fin à l'insécurité alimentaire aiguë au cours des 12 prochains mois. Le nombre de personnes en situation d'insécurité alimentaire aiguë et qui auront besoin d'une aide urgente pourrait grimper à 222 millions dans 53 pays et territoires, selon un rapport FAO-PAM. On assiste depuis le début de la guerre en Ukraine à une vague de mesures sur les exportations et les importations de denrées. La crise alimentaire mondiale a été en partie aggravée par l'intensification des restrictions commerciales mises en place par les pays dans le but d'accroître l'offre intérieure et de faire baisser les prix. À la date du 10 octobre 2022, 21 pays avaient imposé 26 interdictions d'exportation sur certains produits agricoles et huit pays avaient adopté 12 mesures limitant les exportations. Après un bref répit au cours de l'été 2022, les prix des engrais sont repartis à la hausse. En plus de l'augmentation des prix de l'énergie, les mesures de restriction des exportations ont contribué à limiter l'offre mondiale de fertilisants.