Le spectre de la pénurie alimentaire s'installe et provoque des émeutes en Afrique, des protestations de consommateurs en Europe et des réactions de paniques dans les pays importateurs. Dans un monde de plus en riche, les stocks de précaution de riz et de blé deviennent une réalité. Récemment, le président des Philippines a lancé un appel sans précédent au Vietnam, lui demandant de tenir ses promesses de livraison de riz. Le spectre de pénuries alimentaires étend son ombre sur toute la planète et provoque des émeutes en Afrique, des protestations consommateurs en Europe et déclenche des réactions de panique dans les pays importateurs. Dans un monde de plus en plus riche, les stocks de précaution de riz et de blé deviennent une réalité. Récemment, la présidente des Philippines a lancé un appel sans précédent au premier ministre Vietnamien, lui demandant de tenir ses promesses de livraison de riz. Cet appel très inhabituel lancé personnellement par Gloria Arroyo à Nguyen Tan Dung afin qu'il garantisse ces livraisons a mis en relief la dépendance des Philippines à l'égard des importations alimentaires, et du riz en particulier. « Il s'agit d'un signal d'alarme », constate Robert Zeigler, qui dirige l'International Rice Research Institute. « Nous avons une crise naissante de l'approvisionnement en riz. » Une moitié de la planète dépend du riz, mais les stocks sont à leur plus bas niveau jamais observé depuis le milieu des années 1970 au moment où le Bangladesh subissait une terrible famine. La production de riz diminuera cette année au-dessous du niveau de la consommation mondiale qui est de 430 millions de tonnes. Les manifestations et les émeutes qui ont eu lieu en Afrique de l'Ouest à la fin de l'année dernière signalent l'existence de problèmes encore plus graves, avertit le Programme Alimentaire Mondial de l'ONU. Les réseaux de veille mondiale et les systèmes d'alerte rapide de la Food and Agricultural Organisation (FAO) ont observé les émeutes au Mexique, au Maroc, en Ouzbékistan, au Yémen, en Guinée, Mauritanie et au Sénégal. Des manifestations ont également eu lieu à Jakarta, la capitale indonésienne, contre les augmentations de prix décidées par le gouvernement. La pression démographique et l'augmentation des revenus sont principalement à l'origine de la recrudescence de cette situation d'insécurité alimentaire. La consommation de viande et de produits laitiers augmente en Asie, ce qui accroît les besoins de l'industrie de l'alimentation animale. Le prix du lait en poudre est passé de 2000 à 4800 dollars la tonne l'an dernier, car la hausse de la consommation des produits laitiers en Asie a coïncidé avec une pénurie dans le monde occidental. La sécheresse en Australie a aggravé le problème de même que les politiques gouvernementales en Europe et en Amérique en faveur du développement de l'utilisation des biocarburants. Une préoccupation croissante au sujet du riz a amené le Gouvernement indien à restreindre les exportations de certaines variétés. Cette mesure a déclenché une flambée des prix mondiaux, qui ont augmenté de 50% en un an, selon la FAO. La pénurie de riz se fait même ressentir en Grande-Bretagne où le prix du basmati, la variété la plus vendue, augmente rapidement. Le marché du blé subit des tensions encore plus fortes, avec des prix qui ont bondi de 115% en un an. Une succession de sécheresses en Australie a poussé à la hausse une céréale dont la production est déjà insuffisante. Les stocks sont à leur niveau le plus bas depuis 40 ans et les exportations sont soumises à restriction de Beijing à Buenos Aires. L'Ukraine a mis fin en juin à ses exportations de céréales et la Russie a imposé une taxe de 40% sur ses exportations de blé en janvier. L'Argentine a retardé la reprise de ses exportations de blé jusqu'au mois d'avril afin de protéger l'approvisionnement intérieur, et la Chine, qui était exportatrice nette de maïs, de riz et de blé l'an dernier, a imposé des quotas d'exportation sur les céréales dans le but de freiner l'inflation galopante des prix des denrées alimentaires. La hausse de son indice des prix en décembre a été attribuée entièrement à la hausse des produits alimentaires, notamment la viande de porc, qui a augmenté de 48%. Les agriculteurs du monde entier sont préoccupés par les coûts de l'alimentation. En Europe, les éleveurs de porcs et de volailles menacent de réduire leur production, à moins qu'ils n'obtiennent des prix plus élevés.