Ecrit par Imane Bouhrara | Un an après le plébiscite populaire au regard des résultats du scrutin du 8 septembre 2021, l'heure du bilan a sonné pour le chef du gouvernement Aziz Akhannouch. Un premier exercice qui n'a pas été de tout repos. L'Université d'été de la jeunesse du RNI a été l'occasion pour lui de défendre le bilan de réalisations dans un contexte mondial et national des plus inconfortables. Détails. La première sortie du Chef du gouvernement depuis bien longtemps est intervenue le 9 septembre 2022 à l'occasion de la 4e édition de l'Université d'Etat de la jeunesse RNIste, organisée les 9 et 10 septembre 2022 à Agadir. Une date qui marque exactement une année de travail du gouvernement avec à sa tête Aziz Akhannouch. L'occasion pour le chef du gouvernement de dresser le bilan des réalisations et d'adresser des messages à ses détracteurs. Particulièrement qu'il vient répondre avec les réalisations sur le terrain surtout après la dernière décennie marquée par un retard de développement et des chantiers de réforme qui tardaient à voir le jour, selon les propos du patron du RNI. Devant plus de 4.500 participants à cette Université d'été et des partisans du RNI en liesse, Aziz Akhannouch a commencé par expliquer cette longue absence de communication par l'importance de venir avec des réalisations concrètes. Arguant un travail sans relâche pour faire face aux implications de la pandémie et les conséquences de la guerre en Ukraine, le chef du gouvernement a déroulé une longue liste des réalisations de cette première année de mandat. Une année test qui n'a pas été de tout repos. Il a d'abord énuméré toutes les actions qui visaient à limiter les impacts de ces événements majeurs. Il s'agit de 10 Mds de DH pour limiter les effets de la faible pluviométrie sur le secteur agricole et le monde rural, 16 Mds de DH supplémentaires au budget de la caisse de compensation (sur 32 Mds de DH , 17 Mds ont été consacrés à la subvention du gaz, 7 Mds pour le blé tendre, 3 Mds pour le sucre), 26 Mds de DH de subvention du prix de l'électricité, 2,75 Mds de DH pour soutenir les transporteurs et 2 Mds de DH au secteur du tourisme. Dans le même sillage de soutien du pouvoir d'achat, le chef du gouvernement rappelle le déblocage de 8 Mds de DH d'arriérés des promotions des fonctionnaires après 2 ans de gel, 13 Mds de DH d'arriérés TVA aux entreprises, conclusion d'un accord social qui s'est concrétisé par la hausse du SMIG et du SMAG... Forcing sur les chantiers prioritaires Le travail du gouvernement a été ainsi acculé à rattraper le retard dans la mise en place du cadre réglementaire nécessaire pour l'enclenchement du chantier de la généralisation de la protection sociale, notamment pour permettre à tous les Marocains de bénéficier de l'AMO d'ici fin 2022 et en intégrer quelque 11 millions de travailleurs non-salariés à la protection sociale. Sans oublier l'intégration des ramedistes dans le régime AMO avant la fin d'année. Le chantier va s'accélérer pour garantir la distribution des allocations familiales au profit de 7 millions d'enfants et 3 millions de familles. Le chef du Gouvernement a souligné qu'il n'était pas contre l'aide directe mais sa distribution aveuglément ou à des fins personnelles ou électorales. Pour lui, le RSU permettra une meilleure efficience grâce à un meilleur ciblage. D'autres mesures doivent encore être mises en œuvre dans la seconde phase relative à l'indemnisation perte d'emploi et les pensions de retraite. Le chef du gouvernement s'est dit satisfait du rythme de mise en œuvre de ce chantier et de l'adhésion de toutes les parties prenantes pour contribuer à sa réussite dans les délais impartis. Il a par ailleurs conscience que la réussite de ce chantier est conditionnée par l'accès à un soin de qualité. Dans ce sens, il s'est félicité que le projet de loi sur la fonction publique de santé est arrivé dans les circuits de validation en un temps record ainsi que les textes d'application reformant l'écosystème de santé. Aziz Akhannouch s'est targué des mesures concernant la revalorisation des ressources humaines du secteur de la santé, notamment la revalorisation de la rémunération des médecins qui entre en vigueur à partir de janvier 2023. Développement des infrastructures de soins, formation des médecins et personnel de santé... le chef du gouvernement a pris le temps de citer point par point les actions menées et celles à venir durant ce mandat. L'autre chantier dont la réforme repose sur les épaules du gouvernement est celui de l'enseignement, notamment la formation des formateurs avec le lancement de la licence de l'éducation pour assurer des ressources humaines de qualité. A ce sujet, le chef du gouvernement a exprimé son soulagement du consensus autour de la feuille de route mise en œuvre cette rentrée 2022-2023. Pour ce qui est de l'objectif d'un million d'emplois à créer durant ce mandat, Aziz Akhannouch s'est montré optimiste et s'est dit confiant grâce aux mesures mises en œuvre notamment Awrach qui va atteindre 100.000 bénéficiaires pour la première année ou encore le programme Forsa avec près de 18.000 projets sélectionnés. Tout en insistant sur l'effort de soutenir les plans sectoriels, le chef du gouvernement n'a pas caché sa fierté d'aboutir à une loi-cadre portant charte de l'investissement après 12 ans de va et vient et quelque 65 versions du projet de loi. Une charte dont trois décrets d'application sont prêts et dont il est attendu la création de 700.000 emplois d'ici la fin du mandat mais également inverser la tendance de l'investissement à horizon 2035 faisant passer la part de l'investissement public de 65% à 35% à la faveur de l'investissement privé. Parmi les réalisations qui semblent particulièrement tenir à cœur au chef du gouvernement, la mise en œuvre du caractère officiel de la langue amazighe. Akhannouch, souffre-douleur des Marocains ? Bien évidemment l'occasion était trop rare pour se limiter au bilan comptable de cette année, puisque Aziz Akhannouch a profité de l'occasion pour passer des messages à ses détracteurs mais à l'opinion publique sur des thématiques centrales dont la question de l'intégrité territoriale et ses derniers développement. Certes ce qui se passe dans la vie de tous les jours n'est pas de l'œuvre uniquement du gouvernement, sans pour autant l'affranchir de sa part de responsabilité, mais le chef du gouvernement a été particulièrement la cible de campagne féroce sur les réseaux sociaux. En grande partie en raison du dossier des hydrocarbures exacerbé par la hausse des prix à la pompe et ce malgré qu'il ait annoncé s'être désengagé de la holding Akwa. Qu'à cela ne tienne, A. Akhannouch préférant l'action à la communication, a confirmé ne pas s'attarder sur les attaques personnelles qui l'ont ciblé, dont il connaît le background et qui au final visent les institutions du pays. Il préfère à cela ne pas perdre de vue les objectifs du mandat ni verser dans le populisme puisqu'en substance pour lui le pendant à la légitimité des urnes se sont les résultats sur le terrain. Au terme de son allocution, le Chef du gouvernement a assuré que le moral de la majorité est au beau fixe pour attaquer le reste du mandat.