Dans un contexte contraignant aussi bien sur le plan national qu'international, l'élaboration du PLF 2019 n'a pas été une mince affaire. D'autant plus qu'il s'agit d'un projet à forte connotation sociale. C'est un Mohamed Benchaâboun droit dans ses bottes qui a présidé le mardi 23 octobre la conférence relative à la présentation du Projet de Loi de Finances 2019. De prime abord, l'argentier du royaume a tenu à rappeler le contexte dans lequel a été élaboré ledit projet. Sur le plan international, force est de constater une persistance de la hausse des cours du pétrole et du gaz, une révision à la baisse de la croissance de l'économie mondiale de 3,9% à 3,7% au titre des années 2018 et 2019 et une montée des tensions commerciales, notamment entre les Etats-Unis et la Chine. Des éléments qui qui ne sont pas exemptes d'incidences sur le plan national. La conjoncture nationale a été marquée par un renchérissement des cours du gaz butane et du pétrole qui ont entraîné une hausse de la charge de compensation qui s'est située à 17,65 Mds de DH, soit un écart de 4,7 Mds de DH par rapport aux prévisions initiales de la LF 2018. Aussi, il est prévu une hausse des recettes de l'IS de 2,9 Mds de DH à 48,23 Mds de DH contre 51,17 Mds de DH prévus initialement. Ajoutons à cela l'augmentation des remboursements de la TVA à 9,3 contre 6,3 Mds de DH en 2018. 3 Mds de DH seront ainsi versés en 2019 et la globalité sera étalée sur une dizaine d'années. Il ressort ainsi de la conjugaison de tous ces éléments un creusement du déficit budgétaire de 2018 à 3,8% du PIB contre 3% prévu par la LF 2018. Toutes ces contraintes incitent à ne pas perdre de vue la maîtrise du déficit budgétaire. C'est dire que la conception du PLF 2019 n'a pas été une mine affaire et s'est faite un peu dans la douleur. Où trouver les financements additionnels ? L'actuel argentier du Royaume était astreint à jouer aux équilibristes dans la mesure où un effort exceptionnel doit être fait sur le volet social et ce conformément aux orientations royales. Dans ce cadre, la masse salariale va être rehaussée de 3,3 Mds de DH, soit 112,15 Mds de DH contre 108,8 Mds de DH en 2018. Cette masse salariale représente 70% des recettes fiscales si on y ajoute les cotisations de l'Etat en tant qu'employeur, au titre de l'AMO de de la retraite, ainsi que les salaires du personnel des EEP pris en charge via les transferts du budget général. L'enseignement et la santé vont absorber à eux seuls, un budget de 6,9 Mds de DH. Les crédits à l'investissement seront augmentés de 5 Mds de DH à 73,24 Mds de DH au titre du PLF 2019. Autres dépenses importantes sont celles liées aux réformes. Le budget alloué à la régionalisation avancée affichera une hausse de 1,4 Mds de DH, celui relatif à la mise en œuvre de la réforme des CRI sera de 300 MDH et celui de la retraite 1 Md de DH. « Toutes ces contraintes vont se traduire par une hausse du besoin de financement du Trésor de 27 Mds de DH et la question qui se pose : c'est comment les financer ? », rappelle Benchaâboun. D'une part par le biais des recettes fiscales, soit 15 Mds de DH répartis entre la TIC (1,8 Mds de DH), l'amélioration de la gouvernance des entreprises publiques (2 Mds de DH), les privatisations (5 Mds de DH). D'autre part, à travers la mise en place d'un nouveau mécanisme basé sur le partenariat entre l'Etat et les opérateurs institutionnels, pour le financement des projets d'investissement relatifs aux secteurs sociaux, d'infrastructure, d'agriculture... soit un montant de 12 Mds de DH. Ce qui fait un total de 27 Mds de DH. Ce qui va se solder in fine par un déficit budgétaire de 3,7% du PIB. Lire également : DEFICIT BUDGETAIRE : PLUTÔT 3,8% QUE 3% DU PIB EN 2018