Le surendettement, un risque qui guette l'Afrique subsaharienne. Le FMI alerte sur le niveau d'endettement public des pays africains. A l'occasion d'une conférence tenue le 13 et 14 septembre à Washington, la directrice générale, Christine Lagarde du FMI n'y est pas allée du dos de la cuillère : « Si l'on veut maintenir et améliorer le niveau de vie et le bien-être de 59 économies où vivent 20% de la population mondiale, le Fonds préconise de maintenir un niveau acceptable d'emprunts et en particulier dans les pays à faible revenu (environ 1000 dollars de revenu national brut par tête), catégorie dans laquelle les pays africains comptent pour plus de la moitié ». Il s'agit par ailleurs d'une hausse du niveau moyen d'endettement des pays les plus pauvres du monde de 33%de leur PIB en 2013 à 47% aujourd'hui. Pour la Directrice du FMI, ce n'est pas le niveau d'endettement qui inquiète mais surtout la situation économique de ces pays et leur capacité à payer et à rembourser sa dette. Ajoutons à cela, la remontée des taux d'intérêt enclenchée par la Banque centrale américaine qui n'augure rien de bon. D'après C. Lagarde, la situation s'est traduite par le recours pure et simple aux prêteurs privés (banques, entreprises minières) ou des pays (Chine, Arabie Saoudite). Ces derniers pratiquent des taux plus élevés que les bailleurs multilatéraux et des durées de remboursement plus courtes qui aggravent davantage la situation économique de ces pays. Pour remédier un tant soit peu à la situation, les Etats emprunteurs doivent faire preuve de plus de transparence. A noter qu'un pas sur dix ne publie pas le montant de la dette de ses entreprises publiques. La confiance est un point essentiel pour que emprunteurs et prêteurs puissent mieux collaborer. La Directrice du FMI n'est pas à son premier signal d'alerte. Il y a quelques mois, l'accent a été mis sur les Etats africains qui ont émis pour 7,5 milliards de dollars d'obligations souveraines, soit 10 fois plus que l'année précédente. 11 milliards de $ d'obligations souveraines ont été émis ou devraient être émis seulement pour le premier semestre de 2018. Assurément, l'accroissement de la dette des pays de l'Afrique subsaharienne est intimement lié aux grands projets d'infrastructure et de développement social qui naissent sur le continent. Mais il est tout de même important d'opérer un changement progressif des moyens de financement par les pays africains. L'institution de Bretton Woods encourage les Etats africains à s'appuyer davantage sur les sources de financement durables et à mettre l'accent sur la mobilisation des recettes intérieures. Aussi, est-il important de signaler que la hausse fulgurante de la dette publique n'est pas propre à l'Afrique. Même les pays riches sont trop endettés, mais on ne tient pas à leur égard le même langage !