Huawei, Covec, ZTE, China Exim Bank, Bank Of China... elles sont une trentaine d'entreprises chinoises à miser sur le Maroc. par Adama Sylla Jusque-là, le Maroc ne compte qu'une trentaine d'entreprises chinoises. La majorité opère dans les secteurs des télécommunications et du BTP dont elles ont intégré le marché à travers la construction des autoroutes de Rabat et de Khouribga et la LGV. Le pont à haubans de l'autoroute de contournement de Rabat a été réalisé par le groupement d'entreprises chinoises China Overseas Engineering Corporation (Covec) et Major Bridge Engeneering Compagny (Mbec) pour un contrat de 700 millions de DH. La Covec est également l'une des sept entreprises à participer à la construction de la ligne à grande vitesse entre Tanger et Kénitra ; elle réalise aussi le système de communication de cette LGV. L'autoroute entre Casablanca et Khouribga, a également été construite, en son tronçon Berrechid-Ben Ahmed, par une autre entreprise chinoise : la China International Water and Electric Corporation (CWE). Les Chinois ont par ailleurs réalisé d'importants investissements dans de grands projets d'infrastructures, comme celui de la future centrale à charbon de Jerada (Nord-Est, 300 MW), dont le financement de 360 millions de dollars est en partie assuré par China Exim Bank, qui a ouvert l'année dernière à Rabat son deuxième bureau sur le continent pour servir 26 pays d'Afrique du Nord, d'Afrique centrale et d'Afrique de l'Ouest et, en particulier, les entreprises chinoises qui y sont présentes. Bank of China, la plus ancienne institution financière chinoise, lui a emboité le pas en ouvrant en mars dernier son bureau de représentation au Maroc à vocation africaine, qui opèrera sous le statut Casablanca Finance City. Le bureau de Bank of China à Casablanca portera une triple mission. Il vise en premier lieu à accompagner et à soutenir la stratégie de développement des entreprises chinoises en Afrique francophone. D'autre part, il offrira aux entreprises marocaines et africaines souhaitant intensifier leurs relations commerciales avec la Chine son réseau sur place, son savoir-faire et sa parfaite connaissance du marché chinois. Enfin, d'un point de vue stratégique, cette nouvelle entité participera au financement des échanges commerciaux Afrique-Chine. Les télécoms après le BTP Dans les télécoms, l'équipementier Huawei, implanté dans le pays depuis 2006, commercialise ses smartphones aux particuliers, mais travaille également sur de gros marchés avec les opérateurs télécom sur les infrastructures qu'ils ont en charge. Il a ouvert il y a quelques mois un deuxième bureau à Casablanca. Zhongxing Telecommunications Equipment, plus connu sous le nom de ZTE, est également présent sur le marché national. A noter que ces deux groupes chinois de référence, ont déjà fait des petits. En effet, Oppo s'est à son tour positionné dans la distribution de portables en lançant l'année dernière sa filiale marocaine à Casablanca où le groupe informatique Lenovo a également une représentation régionale. Si dans le secteur automobile, les opérateurs chinois se sont rapprochés de deux groupes marocains, notamment Riad Holding Motors (assemblage de camions chinois de marques BAW, Sinotruk et des bus Zhong Tong Bus) et Auto Hall (projet avec le constructeur automobile chinois Dongfeng, du groupe ZNA, pour l'assemblage et la distribution au Maroc et en Afrique de l'Ouest), ils vont vraisemblablement franchir une autre étape comme c'est le cas de Dongfeng qui va également accompagner l'implantation de PSA à travers la nouvelle plate-forme CMP (« Common Modular Platform »), qui sera déployée dans la future usine du constructeur, à Kénitra. Il faut dire que des changements structurels s'opèrent actuellement en Chine. Il y a un recentrage stratégique sur la consommation domestique, à l'origine d'une hausse continue des salaires depuis 2010. La carte des délocalisations Une partie de la production industrielle chinoise sera relocalisée à l'intérieur même du pays et, forcément, chez ses voisins, mais aussi dans des pays plus lointains, en particulier en Afrique. À cet égard, le Maroc est en pole position pour accueillir des investissements industriels chinois. Le potentiel d'emplois chinois délocalisables pourrait atteindre 85 millions, selon les estimations de la Banque mondiale, et, d'après son ancien économiste en chef, Justin Lin, près de 10 % de ces emplois pourraient revenir à l'Afrique. Et là ; le Maroc peut en capter une part non négligeable. Toujours est-il que ces emplois ne se délocaliseront pas du jour au lendemain et nécessiteront, de la part des Etats qui souhaitent en bénéficier, la mise en place de mesures adéquates. Et le Royaume s'y est mis avec ses différents plans sectoriels (industrie, agriculture, automobile, énergie verte...).